Jeux de Montréal. (Photo: Anne Marie Parent, JDV)
Enfants à un stand de maquillage (Photo: archives jdv)

Le projet des maternelles 4 ans ne sera pas une partie de plaisir pour les camps de jour mis sur pied par les municipalités, dont Montréal et les arrondissements, l’été. L’Union des Municipalités du Québec (UMQ) prévoit des coûts annuels additionnels de 26 M$ pour l’ensemble des villes québécoises durant la période estivale avec l’ajout de ces jeunes.

Selon Daniel Côté, vice-président de l’Union des Municipalités du Québec (UMQ) et maire de Gaspé, la charge imposée aux camps de jours municipaux et l’absence de service de garde aux enfants en maternelle 4 ans durant l’été constituent les angles morts du projet de loi.

« Si les jeunes sont en CPE ou en garderies, ils continuent d’aller en CPE ou en garderie l’été. Mais si on les envoie à l’école, où vont-ils l’été ? Ils vont dans les camps de jour municipaux », souligne-t-il.

D’après un rapport de l’UMQ, cela amène plusieurs changements coûteux pour les camps de jour. Outre les infrastructures qui devront être ajustées pour les touts-petits, il faudrait également plus de main-d’œuvre et plus de formation.

« Il y a beaucoup d’éléments entrant en ligne de compte, mais qui ont été complètement oubliés par les parlementaires », indique ce dernier.

Selon l’UMQ, les frais d’inscription en camp de jour permettent de couvrir uniquement 50 % du budget de fonctionnement. Le reste serait payé en partie par la taxe foncière.

« Le gouvernement ne donne aucune aide financière aux camps de jours, déplore M. Côté. Il y a un petit programme d’aide financière de 15 000 $ disponible une seule fois pour des projets spécifiques. Il n’y a aucun soutien au fonctionnement. »

Un comité de réflexion regroupant des représentants de l’UMQ, du ministère de l’Éducation, du ministère de la Famille et d’autres associations communautaires et municipales, a été mis en place ce mois de juin 2019 afin de trouver des solutions au problème.

Ahuntsic-Cartierville en attente de réponses

Par courriel, l’arrondissement indique qu’il est encore trop tôt pour décider quelles actions seront prises par les élus. D’après Michèle Blais, chargée de communications dans Ahuntsic-Cartierville, des mesures existent déjà pour aider certains camps accueillant des enfants de 3 à 5 ans.

« Actuellement, l’arrondissement offre un soutien à des organismes d’Ahuntsic-Cartierville pour sept camps de jour sur huit sites. Grâce à la Politique de l’enfant de la ville de Montréal, trois de ces camps accueillent présentement des enfants de 3 à 5 ans, écrit-elle. »

L’arrondissement collaborerait également de façon indirecte aux travaux du groupe de travail en fournissant certaines informations par courriel aux représentants du comité.

« Il est clair que les municipalités souhaitent trouver des solutions, mais pour y arriver il faudra qu’elles disposent de ressources pour faire face à ces enjeux, conclut Mme Blais. L’arrondissement et les autres municipalités du Québec attendent donc les conclusions des travaux avant d’aller de l’avant. 

Solutions diverses?

Plusieurs organismes en petite enfance nous ont confié de pas être en mesure d’évaluer les impacts du projet des maternelles 4 ans, ni s’ils comptent offrir un service en période estivale prochainement.

Toutefois, bien qu’elle admette qu’elle a très peu d’informations encore quant aux conséquences futures du projet de loi 5 ,  Manon Ladouceur, directrice du Bureau coordonnateur de la garde en milieu familial d’Ahuntsic (BC Ahuntsic), dit que dans la situation actuelle, les CPE ont un taux d’occupation à respecter, et donc ils ont intérêt à optimiser leurs places même l’été. C’est légal d’inscrire des enfants en CPE ou en garde en milieu familial l’été, dans des places à contribution réduite subventionnées s’il a moins de 5 ans.

«Actuellement, dans notre réglementation  le parent d’un enfant de 4 ans a le choix de le laisser dans une place subventionnée. Donc, pendant l’été le parent pourrait revenir et dire ”je voudrais être sur une place subventionnée” même si l’enfant est allé à l’école. On a pas eu d’avis de modification qui dit qu’on ne pourrait pas prendre un enfant qui est  à la maternelle 4 ans sur une place subventionnée. »

De son côté, l’Union des Familles d’Ahuntsic (UFA) n’est pas opposée à accueillir les enfants des maternelles 4 ans en garderies, mais dit ne pas être prête encore.

« Nous, on ne prendra pas les devants, on va attendre de voir ce que font les écoles, tranche Yolande Marceau, directrice de l’organisme. Si finalement les écoles décident de ne pas ouvrir l’été, on va être presque obligés de devoir mettre sur pied des groupes de plus jeunes pour que les parents n’aient pas de problèmes, car ils travaillent durant l’été. »

Jadis, l’UFA possédait un service de garde estival pour les 0 à 5 ans la semaine, mais n’offre plus ce service aujourd’hui.

« Nous n’en avons plus parce que les inscriptions ont diminué et nous n’avions plus d’enfants. Les enfants qui vont à la maternelle [4 ans] auront un problème, précise-t-elle. Selon moi, ça m’étonnerait que les garderies les prennent seulement pour deux mois.»

Également membre du comité de parents de l’École Saint-André Apôtre, Yolande Marceau dit ne pas avoir abordé le dossier à son école.

«Je ne sais pas comment ça va se régler, le gouvernement a peut-être oublié cette solution-là, à moins que les écoles elles-mêmes décident de mettre [sur pied] un service de garderie pendant l’été», s’inquiète-t-elle.

Pour sa part, Daniel Côté estime que la facture devrait revenir au provincial, et non au réseau municipal et aux organismes communautaires.

«Souvent, ce sont des organismes à but non lucratif qui gèrent les terrains de jeux et les camps de jour, mais ils sont financés par le milieu municipal, affirme-t-il. Ce n’est pas énorme 26 M$ pour le gouvernement, mais une charge de 10 000 $ ça peut faire toute la différence pour une municipalité.»



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