La petite rue Dulongpré, dans Cartierville, compte plusieurs immeubles d’habitation et présentement, des dizaines de locataires sont inquiets en raison d’une lettre reçue il y a quelques semaines.
La lettre, envoyée par les propriétaires de l’immeuble dont nous ne mentionnerons pas l’adresse civique pour des raisons de confidentialité, mentionne que des travaux obligeront les locataires à quitter leur logement d’ici juin prochain.
Anne Levac, du Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC), explique que ce phénomène n’est pas unique dans l’arrondissement :
« C’est un propriétaire qui possède plusieurs logements dans Cartierville, et il a décidé que les locataires devaient quitter dans le but de tout rénover et demander un loyer beaucoup plus cher ensuite. »
Selon Mme Levac, les locataires de l’immeuble de la rue Dulongpré paient actuellement de 400 $ à 600 $ par mois. Après les travaux, le loyer mensuel passera probablement de 1200 $ à 1400 $, rendant la situation intenable pour les nombreuses personnes et familles résidant actuellement sur la rue Dulongpré.
Rappelons que les « rénovictions », c’est-à-dire l’éviction forcée de locataires pour cause de travaux, sont un phénomène illégal au Québec à moins d’agrandir l’appartement ou de changer sa vocation.
Un secteur en demande
La gentrification touche graduellement différents secteurs d’Ahuntsic-Cartierville pour diverses raisons. Anne Levac prévoit que les loyers augmenteront dans le secteur de la rue Dulongpré en raison de la proximité de la future station Bois-Franc, du Réseau Express Métropolitain (REM).
« Les propriétaires veulent retaper les immeubles pour attirer des locataires qui ont davantage de revenus, dit-elle. Les investisseurs immobiliers voient beaucoup de potentiel dans ce secteur. »
Le plus grand YMCA de Montréal, situé tout près de la rue Dulongpré, est aussi un argument de vente qui permet aux propriétaires d’augmenter les prix.
Pour les nombreuses familles en danger de perdre leur logement d’ici l’été, il sera donc ardu de trouver un autre endroit où habiter dans Cartierville.
Des démarches complexes
Selon Mme Levac, au moins 90 locataires sont affectés par les « rénovictions » dans Cartierville. Cependant, bien que cette façon de faire ne soit pas légale et que les locataires soient dans leur droit de contester leur éviction, les procédures peuvent se révéler difficiles.
« C’est encore moins évident pour les locataires qui sont moins à l’aise avec la langue française », souligne l’intervenante du CLAC.
Contactée par le JDV, la mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, a mentionné qu’elle n’était pas au courant du dossier étant donné que celui-ci est piloté par le CLAC. Il ne semble pas que l’arrondissement planifie une intervention puisque les rénovictions relèvent davantage du code civil.
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