Berge de la rivière des Prairies. Photo : François Robert-Durand, JDV

En juin dernier, la Fondation Rivières a publié une analyse portant sur des endroits à Montréal où la qualité de l’eau était assez bonne pour se baigner sur les berges. Au total, 51 lieux ont été répertoriés, dont deux situés dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Il s’agit plus précisément de la péninsule du parc-nature du Bois-de-Liesse et d’un terrain situé derrière le Collège Sainte-Marcelline.

L’étude a été réalisée à l’aide de données recueillies depuis près de 20 ans par le Réseau de suivi des milieux aquatiques (RSMA).

« On essaie de casser le mythe que l’eau n’est pas baignable à Montréal; ce n’est pas vrai », explique André Bélanger, directeur général de la Fondation.

L’étude a recensé tous les endroits à Montréal où la qualité de l’eau est excellente à 90 % du temps lorsqu’il fait sec. Ce bémol est important, puisque la pluie cause des déversements d’eaux usées qui nuisent à la qualité de l’eau.

Sans nécessairement demander l’aménagement de 51 plages, la Fondation souhaite conscientiser la population et la Ville sur la possibilité de nager ou de pratiquer des activités aquatiques sur le bord du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Prairies.

« Il est important pour la Ville de comprendre que même si elle ne peut pas être responsable des agissements de tous les Montréalais, elle peut tout de même s’arranger pour que là où les gens vont se baigner, ce soit minimalement aménagé pour que ça ne nuise pas aux berges », ajoute M. Bélanger, proposant par exemple l’implantation de quais.

Le problème des raccordements inversés

En observant la carte des sites répertoriés, une chose frappe : il y a beaucoup moins de lieux baignables dans le nord et l’est de l’île.

Selon M. Bélanger, quelques raisons expliqueraient cela. D’abord, deux villes, Montréal et Laval, versent leurs eaux usées dans la rivière des Prairies en temps de pluie.

De plus, le fait que la qualité de l’eau en temps sec à Ahuntsic-Cartierville ne respecte pas les normes établies pourrait être expliqué par les raccordements inversés non corrigés dans les réseaux séparatifs de l’arrondissement de Pierrefonds. Ce phénomène se produit lorsqu’une défectuosité fait en sorte que les égouts sanitaires se déversent dans les égouts pluviaux et finissent ainsi dans la rivière.

Puisque le débit d’eau est moins grand dans la rivières des Prairies que dans le fleuve, elle circule moins vite et l’évacuation des bactéries est plus lente. Tout de même, l’eau est baignable à temps sec près de 95 % des journées derrière le Collège Sainte-Marcelline et environ 98 % du temps au parc-nature du Bois-de-Liesse, qui traverse trois arrondissements et une ville, de Pierrefonds à Ahuntsic-Cartierville.

Même s’ils ne sont pas répertoriés sur la carte, plusieurs autres endroits dans l’arrondissement y sont aussi propices. Ils ne répondent tout simplement pas au standard de 90 % qui a été établi.

« Si on avait fixé la norme à 85 %, il y en aurait encore plus », affirme M. Bélanger.

L’histoire se répétera-t-elle?

À la fin du 19e et au début du 20e siècle, la baignade était très répandue dans la rivière à Cartierville. Selon l’historien Stéphane Tessier, « il y avait des plages dans les secteurs moins peuplés, à Saraguay, par exemple ».

Les lieux étaient fréquentés par des locaux, mais aussi par des plaisanciers du centre de la ville qui avaient des chalets dans le secteur et y passaient leurs étés. Cette pratique aurait toutefois pris fin dans les années 1940 et 1950, alors que l’endroit devenait de plus en plus peuplé.

Effie Giannou, conseillère du district de Bordeaux-Cartierville, s’est dite ouverte à l’idée d’aménagements pour faciliter l’accès à l’eau :

« Si la qualité de l’eau et le débit sont propices, ce serait intéressant. Surtout avec les parcs-nature, ce serait magnifique. »

Stéphane Tessier propose le Manoir MacDougall, une immense maison appartenant à la Ville, mais désormais inutilisée, comme lieu où des aménagements pourraient être faits.



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