Une étiquette qui communique des informations en direct à votre cellulaire, alimentée grâce à une batterie mince et flexible imprimée à l’encre, capable de réaliser des relevés de température, qui vous avise en cas d’incident, ou encore un imprimé antimicrobien… Il ne s’agit pas de science-fiction, mais d’une innovation technologique développée par l’Institut des communications graphiques et de l’imprimabilité (ICI).
Ce centre de transfert de technologies unique en son genre au Québec est installé juste à côté du Collège Ahuntsic, avec lequel il entretient un partenariat. Exceptionnellement, l’ICI a ouvert ses coulisses au Journal des voisins, question de plonger dans le monde peu connu de l’étiquette intelligente.
Créé en 1996 pour répondre aux besoins des acteurs du secteur de l’impression, l’Institut des communications graphiques et de l’imprimabilité a plusieurs missions: consultation, formation par des séminaires publics, formation sur mesure, tests en laboratoire, veille technologique, transfert de technologie et, surtout, la recherche et développement. En d’autres termes, l’innovation.
Face à la crise causée par l’avènement du numérique, l’ICI a dû se renouveler. Il devient alors le premier et toujours l’unique centre spécialisé en imprimés intelligents au Québec. Un pari gagnant puisque les revenus de l’organisme à but non lucratif n’ont jamais été aussi élevés.
Contrôler la chaîne du froid
Il y a quelques années, un gros client demande à l’ICI de créer une étiquette intelligente capable de lui assurer que la chaîne du froid, pour des produits qu’il commercialise à l’international, ne soit pas rompue. Objectif: limiter les pertes.
Ce défi technologique n’a pas fait peur aux neuf chercheurs de l’ICI, qui travaillent sur le projet depuis trois ans. Lors de notre passage, les photos étaient interdites: aucune fuite n’est permise au risque de perdre des années de travail à la fine pointe.
«On a tendance à toujours repousser les limites des choses», assure Mirko Torres, chargé de projet et chercheur à l’ICI depuis bientôt deux ans.
Bientôt sur le marché
«Nous sommes en phase d’industrialisation d’une étiquette intelligente qui prend une mesure de la température toutes les 15 minutes», explique M. Torres. Mais alors, comment cela a-t-il été rendu possible?
Dans un premier temps, les chercheurs ont développé une batterie imprimée. «On utilise une encre à base de pigments fonctionnels qui sont, la plupart du temps, des nanoparticules d’argent, de noir de carbone et de polymères conducteurs», détaille-t-il. Grâce à ces particules, l’étiquette peut fonctionner de façon autonome pendant deux à trois mois.
Le second défi a été de remplacer la carte électronique classique par de l’imprimé. Pour cela une antenne NFC est imprimée en nanoparticules d’argent. C’est elle qui permet de recueillir les données récoltées par une minuscule puce reliée à la batterie et à l’antenne. Le tout en direct sur un cellulaire ou un ordinateur.
« Nous avons effectué des tests sur des colis envoyés à l’international en y insérant l’ancien dispositif, qui coûte une cinquantaine de dollars, et notre étiquette intelligente à 1 $. Lorsque l’on compare les deux graphiques de données, on se rend compte qu’ils se superposent parfaitement», souligne Mirko Torres.
Prochaine étape: la phase d’industrialisation. «L’objectif est maintenant d’améliorer la production de ces étiquettes pour voir combien on est capables d’en imprimer et dans quel intervalle de temps», explique le chercheur. Spécialisé en chimie de l’environnement, Mirko Torres travaille également à rendre plus écologiques ces étiquettes jetables, dont les 86 composants sont imprimés sur du plastique.
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