La conseillère dans Bordeaux-Cartierville, Effie Giannou, se représente pour un deuxième mandat parce qu’elle entend continuer à promouvoir les dossiers qu’elle a poussés lors de son premier mandat.
Celle qui se présente sous la bannière d’Ensemble Montréal est la dernière, dans l’arrondissement, à avoir annoncé ses intentions pour la prochaine élection municipale, qui aura lieu le 7 novembre prochain. Pourquoi avoir attendu si longtemps?
« Je voulais l’annoncer depuis plusieurs semaines et je cherchais le bon moment, révèle-t-elle dans une entrevue au Journaldesvoisins.com. Mais il n’y a pas de timing parfait. Je devais notamment analyser les aspects familiaux avant de continuer en politique. »
Mme Giannou explique qu’être en politique alors qu’elle a de jeunes enfants est un vrai défi.
« C’est très demandant, dit-elle. Je dois être présente pour ma famille et mes électeurs. Mais je vois que mes enfants sont fiers de ce que j’accomplis. Ils m’encouragent. Ils ont même hâte de m’aider dans la campagne! C’est important d’avoir leur appui et celui de mon mari, car l’équilibre travail/famille, en politique, c’est particulièrement compliqué. »
La conseillère glisse que beaucoup de monde dans Bordeaux-Cartierville connaît ses enfants, car elle les emmène souvent avec elle dans des annonces officielles ou des événements.
Elle a finalement annoncé ses intentions le 18 juin.
« Plusieurs candidats d’Ensemble Montréal ont fait de même ce jour-là, dit-elle. J’en ai profité. J’adore l’équipe d’Ensemble Montréal et le fait que Denis Coderre se représente a pesé sur ma décision. »
Ses priorités
Effie Giannou cite spontanément le projet de Centre culturel de Bordeaux-Cartierville :
« Il faut que ça avance, dit-elle. C’est un projet structurant. Ça m’a permis de réaliser, par contre, que dans la prise de décisions au sein de l’arrondissement, on n’implique pas suffisamment les gens issus des communautés culturelles. Dans ce dossier, ils ont été mobilisés. Ils se sont impliqués dans l’idéation et dans les consultations publiques. Ce projet est rassembleur. »
Elle entend continuer à s’impliquer au sein de l’organisme Déploie tes ailes, qui encourage les jeunes filles à s’impliquer dans la société.
Sur un autre plan, elle mentionne la sécurisation de la circulation autour des écoles.
« On a fait beaucoup de travail, mais il faut continuer », dit-elle.
Elle ajoute qu’elle vit une grande déception autour du trottoir et de la piste cyclable sur Gouin Ouest, dans le secteur de Saraguay, attendu depuis des décennies. Elle considère inacceptables les très longs délais de réalisation.
« D’autre part, certains parcs locaux ont besoin d’amour, ajoute-t-elle. Notamment Marcellin-Wilson, Sainte-Odile et Avila-Vidal. »
Dans l’opposition
Certains élus sont frustrés d’être dans l’opposition. Pas Effie Giannou :
« J’ai aimé mon expérience, dit-elle. Je suis très heureuse de ce que j’ai pu accomplir. Certes, c’est plus difficile de pousser des dossiers, comme la réfection de certaines rues, comme James-Morrice ou Woods. Ou de faire valoir des incongruités, comme le fait que certains secteurs de Saraguay ne sont pas encore desservis par les égouts! Ils sont délaissés depuis 30 ans. »
Son approche, comme politicienne, en est une de terrain, confie-t-elle.
« Je prends beaucoup de photos pour étoffer les dossiers, je parle aux gens, dit-elle. Ma priorité, c’est d’être près de la population. Ce fut notamment le cas avec les inondations ou lors des marches exploratoires autour des écoles. »
Cette proximité fait parfois toute la différence, avec des mesures simples, mais qui améliorent la qualité de vie, comme l’ajout d’un simple panneau d’arrêt, angle Dudemaine et Filion.
« Beaucoup de dossiers ne sont pas réglés, comme celui d’une traverse sécuritaire boul. de Salaberry, à la hauteur de la rue Marsan, dit-elle. Ça fait quatre ans que j’en entends parler. »
Au sujet de la RUI Cartierville, un territoire ciblé pour sa revitalisation et où habite une forte proportion de citoyens vulnérables, notamment issus de l’immigration, Effie Giannou considère qu’il y a de la place pour la construction de logements sociaux dans le secteur.
Elle espère encore que le prolongement de la ligne orange du métro jusqu’à la future gare Bois-Franc du REM se fasse dans les meilleurs délais, malgré les craintes d’embourgeoisement suscitées par ce projet.
« On a besoin d’un service de transport en commun, métro et autobus, plus efficace dans ce quartier », affirme-t-elle.
Entrepreneure et élue
Effie Giannou préside Groupe EGS Inc., une firme de relations publiques qu’elle a cofondée en 2015. Cette société a notamment Reitmans, Dentsu, GSoft, C2 Montréal, Birks et Aldo comme clients. Sur sa page internet, on voit plusieurs photos de Mme Giannou prises lors d’événements divers, dont une avec Justin Trudeau.
Le Registre des entreprises du Québec indique que Groupe EGS est basé avenue du Parc, dans le Mile-End, et que la seule actionnaire est Mme Giannou.
Questionnée à savoir si elle peut mener sa carrière d’entrepreneure de front avec son poste d’élue, Mme Giannou a refusé de répondre et mis abruptement fin à l’entrevue.
Le code d’éthique des élus de la Ville de Montréal n’interdit pas qu’un élu soit propriétaire ou dirigeant d’une entreprise. L’article 7 précise toutefois qu’un élu doit déposer au conseil de la Ville de Montréal une déclaration écrite décrivant ses intérêts personnels et familiaux, si cette firme est susceptible d’avoir des contrats avec la Ville.
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Si Madame Giannou entend parler du dossier de la traverse sécuritaire De Salaberry / Marsan depuis seulement quatre ans, c’est qu’elle était peut-être sourde lorsque la mouture précédente de son parti était au pouvoir de 2013 à 2017.
Ce dossier existe depuis l’époque où l’administration de Noushig Eloyan a fait un gâchis du réaménagement de l’intersection de la 15 et de la rue De Salaberry. C’est à ce moment qu’on a éliminé le trottoir du côté nord et qu’on a créé du même coup un danger pour les piétons et les automobilistes en optant pour un panneau « Cédez » plutôt qu’un panneau « Arrêt » à la sortie de l’autoroute pour se diriger vers l’ouest. À preuve, le candidat de l’UCIM dans Bordeaux-Cartierville en 2005 avait le point suivant dans son programme électoral:
Repenser les infrastructures du secteur de la rue De Salaberry et de l’autoroute 15 afin d’accroître la sécurité des piétons, des cyclistes et des automobilistes.
J’ai moi-même eu des conversations avec les autorités de la Ville, du SPVM et du Ministère des Transports au début des années 2000 sur ce sujet. Donc, ce dossier traîne depuis belle lurette, y compris les années où Effie Giannou et son parti version 2013 étaient au pouvoir et auraient pu faire avancer les choses.