Henri-Charles Beaudot, bénévole et Éloïse Le Bihan bénévole et chargée de projet chez Ahuntsic-Cartierville en transition chez Espace des possibles. Photo : JDV / M-H Paradis

Il y a quelques semaines, Solon annonçait la fin de ses activités. Cette cessation progressive des activités se fera au terme de 2025, moment où Espace des possibles sera autonome et devra couvrir ses frais. Qu’adviendra-t-il des différents projets parrainés par Solon au fil des 10 années d’activités et plus précisément du tiers lieu qu’est Espace des possibles ?

Daphné du Templier, responsable Développement et partenariats pour les tiers-lieux, nous dit que c’est une décision éclairée prise après 10 années de projets, 3000 personnes participantes et plus de 300 projets. « On arrive à la conclusion que ces projets de transformation socioécologique ne sont pas assez soutenus de façon structurante. Nous sommes en permanence à la recherche de subventions. On doit toujours prouver que des projets qui ont pourtant démontré leur efficacité, leur potentiel doivent être remaniés pour obtenir de l’argent, car on ne peut présenter 2 fois le même. Au lieu de prolonger quelque chose qui marche, on nous demande de présenter un nouveau projet. Souvent, ils n’ont pas de revenus autonomes et ne peuvent se poursuivre sans financement public. »

Elle affirme aussi que la décision est un mélange de 10 ans d’expertise et de devoir toujours faire face à cette course aux enveloppes.

Les tiers lieux

Les tiers lieux comme Espace des possibles vont pouvoir continuer à vivre à travers le réseau des tiers lieux montréalais fondés il y a 1 an. « On travaille encore à le structurer dans l’esprit d’avoir une communauté de pratique pour tous ces espaces. »

Ces espaces sont ouverts et accessibles et ne sont ni la maison ni le travail. Ce sont des lieux démocratiques où on peut développer des usages qui ressemblent aux besoins réels de la population comme le Centre social l’Ashoppe dans Hochelaga.

« Nous désirons soutenir à travers le réseau ces endroits pour les aider à trouver du financement, à mutualiser les ressources, à partager les informations, à s’entraider et aider ceux qui voudraient en créer, car il y a encore beaucoup de places pour des endroits de ce type. »

Espace des possibles

EDP a le soutien de Solon pour le loyer et les frais de base jusqu’à la fin de 2025. Les bénévoles qui soutiennent la mission et y travaillent sont en mode transition avec les citoyens depuis l’automne dernier. Selon Éloïse Le Bihan, bénévole et chargée de projet chez Ahuntsic-Cartierville en transition, confirme que EDP est en processus d’autonomisation depuis 1 ½ an. Un comité de gouvernance a été mis sur pied pour assurer la restructuration des tâches entre les citoyens bénévoles et mettre en commun les forces de chacun.

« Nous avons plus de projets que l’an passé et nous invitons les groupes à occuper l’espace, soutient Henri-Charles, bénévole à EDP. Nous nous occupons aussi des communications et des réseaux sociaux. »

EDP a mis sur pied une grille tarifaire pour la location du local selon certaines conditions respectant sa mission et ses valeurs.

Les différents groupes partenaires comme Ahuncycle, Vélos d’hiver, l’Association commerciale et citoyenne Youville, Station Youville, le Collectif de convergence citoyenne d’Ahuntsic-Cartierville, le collectif d’achats, le groupe citoyens de l’atelier de couture continuent à offrir des services gratuits, mais demandent maintenant une contribution volontaire.

Comme le souligne Éloïse, EDP veut rester accessible pour les populations qui n’ont pas forcément les moyens d’accéder à un endroit ou à des activités gratuites. Il faut trouver un juste milieu entre la rentabilité, la mission et les valeurs.

L’avenir passe peut-être par l’achat d’un immeuble éventuellement, mais pour le moment on compte sur un achalandage plus grand, plus d’activités telles l’impro et le bricolage mis à l’horaire récemment ou le cercle de paroles de femmes qui le sera bientôt.

« Pour la survie, il nous faut autonomiser les processus à l’interne et tracer le chemin vers l’autogestion d’un OBNL, affirme Henri-Charles. EDP est un lieu qui s’adapte aux couleurs qu’on injecte selon les activités. Tout le monde peut proposer des activités, participer, ou simplement venir faire un tour, prendre un café. C’est un lieu qui ne doit pas être intimidant.

L’expertise de Solon

Solon a décidé de transférer les apprentissages et de les léguer par la voie d’outils qui seront accessibles à tous en ligne sur le WIKI des possibles et sur leur site web.

Des informations sur le comment ces projets ont été construits et comment on peut les reproduire se retrouveront à ces endroits faciles d’accès. C’est le mode d’emploi du projet : qui était ciblé ? Qui devez-vous aller voir pour le financement ? Et plus.

  « Ce qu’on veut c’est que les gens puissent faire des projets et les fassent vivre dans leur quartier, » conclut Daphné.



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