La hausse des prix des loyers dans les quartiers de Montréal a surpris il y a trois ans par son ampleur. Ahuntsic-Cartierville n’a pas échappé à cette tendance, qui ne date pourtant pas d’hier.
«Les prix de l’habitation ont commencé leur ascension approximativement au début des années 2000, après une période de recul dans les prix de l’immobilier, qui avaient suivi une récession dans les années 1990. Quand s’est amorcée la reprise économique, les prix n’ont pas cessé de monter», relève Louis Gaudreau, professeur à l’École de travail social de l’UQAM, interrogé par le Journal des voisins.
Cette tendance haussière trouve son explication dans le mode de financement des nouvelles constructions et de l’achat de propriétés. «Depuis le début des années 2000, on a mis en place un certain nombre de mesures qui ont permis d’attirer des sommes historiques à investir dans le marché de l’habitation à travers le marché hypothécaire», explique-t-il.
Les banques étaient favorables au financement provenant des marchés financiers grâce à ce qui a été appelé le marché secondaire des hypothèques. «En marge du financement hypothécaire, il y a d’autres entreprises qui ont réussi à mobiliser des capitaux pour les investir dans le marché l’immobilier, notamment des fonds d’investissement», souligne-t-il.
Les banques étant protégées par le programme d’assurance prêt de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) du gouvernement fédéral, elles se sont permises de financer des achats de plus en plus chers, favorisant ainsi la surenchère.
«L’activité en elle-même, rendre le crédit accessible pour pouvoir acheter ou pour pouvoir rénover, n’est pas nécessairement une mauvaise chose en soi. C’est juste que ces programmes-là étaient conçus pour ne pas s’inquiéter des limites des prix des propriétés. Donc, en investissant dans l’immobilier, on a créé une pression sur la demande pour du logement et cela a fait augmenter les prix», précise M. Gaudreau au Journal des voisins.
«Les banques n’hésitaient pas à valider ces augmentations en acceptant de prêter à des acheteurs qui allaient payer plus cher, sous prétexte que c’était sans risque, les prêts étant assurés par le gouvernement. On faisait confiance au fait que les valeurs allaient augmenter, puis cette confiance était validée par le fait que les banques étaient capables de revendre leurs prêts», continue-t-il.
Ce serait donc ce cycle de hausses infinies, dans un contexte de faibles taux d’intérêt depuis 20 ans, qui a rendu les investissements immobiliers tellement chers que la seule manière de les rentabiliser était de vendre et de louer encore plus cher.
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