Alors que certains résidants de l’arrondissement, et particulièrement du Sault-au-Récollet, se perdent en conjectures sur les raisons pour lesquelles l’arrondissement, la Ville-Centre, et le Gouvernement du Québec n’ont pas eu une approche proactive auprès de la Communauté des Soeurs de Miséricorde précédant la vente de leur terrain du 12375 du Fort-Lorette, lequel a été vendu récemment à un promoteur immobilier, les élus du territoire ont eu droit à une visite guidée du site des fouilles vendredi 12 mai.
C’est une citoyenne du Sault-au-Récollet, Monique Deslauriers, connue pour son travail inlassable dans le but ultime de faire reconnaître le Sault-au-Récollet au patrimoine mondial de l’Unesco qui a alerté journaldesvoisins.com et à qui on doit d’ailleurs la prise de vue.
Visite organisée
Jointe par journaldesvoisins.com et pressée de questions, la conseillère Lorraine Pagé a confirmé que tellement de choses s’étaient dites depuis que la vente du terrain du 12375, rue du Fort-Lorette avait été rendue publique, qu’elle avait organisé cette visite de concert avec le chef de cabinet du maire Gagnier, Robert Dolbec, en ayant plusieurs objectifs en tête.
«Je voulais que les élus aient des renseignements de première main, et en plus que l’on puisse s’assurer du sérieux des méthodes de travail utilisées sur le terrain par la firme Arkéos.»
Avec la permission du nouveau propriétaire, le promoteur immobilier Antonio Rizzo, qui a été très coopératif selon la conseillère Pagé même s’il ne voulait pas que la visite devienne un événement public, c’est l’archéologue responsable des fouilles chez Arkéos qui a fait faire le tour du proprio aux élus du territoire et à quelques fonctionnaires les accompagnant. Le nouveau propriétaire du terrain et son architecte étaient également présents lors de la visite.
Au nombre des personnes présentes, on peut apercevoir sur la photo plus haut, le maire de l’arrondissement, Pierre Gagnier, la conseillère d’Ahuntsic, Émilie Thuillier, la conseillère du Sault-au-Récollet, Lorraine Pagé, la députée de la circonscription de Crémazie, Marie Montpetit, et l’attachée politique de la députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly (dont journaldesvoisins.com attend toujours une réponse à la demande d’entrevue qui lui a été transmise il y a plus de deux semaines, à ce sujet).
Divers membres du personnel de l’arrondissement, du service de l’aménagement et de la direction du développement du territoire, et de membres du personnel du service du patrimoine de la Ville-Centre, et autres personnels politiques étaient présents.
En outre, la conseillère associée à la culture, au patrimoine et au design de la Ville de Montréal, Chantal Rossi, également conseillère de la ville du district Marie-Clarac dans l’arrondissement de Montréal-Nord, était aussi de la visite.
«Des choses d’intérêt»
Selon Lorraine Pagé, les visiteurs auront appris de la responsable du chantier que les fouilles ont permis de trouver «des choses d’intérêt». Mais impossible d’en savoir plus, car Mme Pagé ne pouvait donner plus de détails.
Soulignant qu’Arkéos n’était pas née de la dernière pluie, ayant été responsable de fouilles au Vieux Fort de Sorel et au parc archéologique de Longueuil, Mme Pagé a soutenu que les secteurs des fouilles ont été délimités par la cartographie ancienne où étaient susceptibles de se trouver des vestiges et des artéfacts. Elle a expliqué que la recherche s’est faite en creusant des tranchées, par strates.
Rapport préliminaire non-disponible aux citoyens
Journaldesvoisins.com a déjà révélé que le contrat de fouilles donné à Arkéos, au coût de 53 000 $, n’était pas défrayé par le promoteur, mais bien par les contribuables.
Compte tenu qu’il s’agit d’argent public, Journaldesvoisins.com a demandé à Mme Pagé si les citoyens d’Ahuntsic-Cartierville n’avaient pas le droit de savoir rapidement de quoi il retourne.
La conseillère du Sault-au-Récollet a soutenu qu’il fallait laisser les scientifiques faire leur travail.
«Les décisions que nous allons prendre doivent être documentées. quand on engage des sommes d’argent importantes, il faut donner aux experts le temps qu’il faut pour faire leur travail.»
Elle a ajouté:
«Rien ne va se mettre en branle, tant que nous n’aurons pas des réponses claires. C’est comme ça qu’on gère bien les fonds publics!»
Le laps de temps requis par la firme et le MCCQ pour que les résidants puissent prendre connaissance du rapport final des fouilles peut nécessiter plus d’un an, et ne sera disponible que sur demande, par la loi d’accès à l’information, ce qui prendra encore plus de temps (60 jours après qu’il soit rendu disponible, au minimum).
Quant à lui, le rapport préliminaire sera disponible, possiblement vers la fin de l’année 2017, et porté à la connaissance des autorités, Ville-centre, arrondissement, et ministère de la Culture et des Communications du Québec.
Soulignant qu’aucune décision ne sera prise avant qu’un rapport préliminaire ne soit émis. Ce sera ce document qui fera foi de tout, selon Mme Pagé. Toutefois, selon les explications de la conseillère du Sault-au-Récollet, ce rapport préliminaire ne serait pas rendu public.
Dans la ligne du temps, si journaldesvoisins.com a bien compris, des décisions quant aux travaux qui seraient entrepris sur le terrain patrimonial de Fort-Lorette pourraient donc être prises après que le rapport préliminaire ait été présenté aux autorités, mais avant que les citoyens ne puissent prendre connaissance de ce document.
Travaux après les fouilles
Avant la remise du rapport préliminaire, l’équipe de chercheurs travaillera en «laboratoire» ou dans des bureaux destinés à des fins de recherche pour faire le nettoyage d’éventuels vestiges ou artefacts, inscrire la datation de ce qui a été trouvé, et les documenter historiquement.
L’analyse du matériel trouvé ne se fait pas sur place, lors des fouilles, a insisté Mme Pagé, ajoutant qu’il faut que les experts maximisent leur temps sur place:
Dans un premier temps, a dit la conseillère du Sault-au-Récollet, un rapport d’étape va être déposé à la Ville de Montréal, d’ici un mois à six semaines, après la fin des fouilles.
«C’est sûr qu’on ne prendra pas de décision dans un sens ou dans l’autre tant qu’on aura pas de renseignements bien étayés.»
Les fouilles se sont terminées vendredi dernier, ayant été un peu plus longues que prévu, compte tenu de la pluie des dernières semaines, notamment. ⌈Mise à jour – 2017-05-18, 22 h 22 ⌋ Bien que les fouilles soient «officiellement terminées», des observateurs nous ont signalé avoir vu une pelle mécanique («pépine») en opération à l’extrémité nord du terrain (près de la rivière) hier matin, mercredi 17 mai. En outre, ces mêmes observateurs ont assisté à la livraison par camion plate-forme, toujours mercredi 17 mai, d’une immense pièce d’équipement servant à «piquer» une surface. Est-ce à dire que les fouilles ont repris, ou se sont poursuivies après les premières recherches qui ont permis de découvrir des «choses d’intérêt» ?
Rachat possible-Ville, Québec ?
Selon la citoyenne Monique Deslauriers, également responsable de la page Facebook Sault-au-Récollet/Patrimoine mondial de l’UNESCO, qui aurait eu la possibilité d’échanger avec le promoteur Rizzo à la fin de sa visite sur le site vendredi, ce dernier n’exclut pas la possibilité de revendre le terrain de Fort-Lorette.
Journaldesvoisins.com n’a pas réussi à joindre le promoteur Rizzo.
À ce sujet, pour Lorraine Pagé, le rachat éventuel du terrain n’est pas exclu de toutes les options qui s’offrent aux élus et aux divers paliers gouvernementaux. La conseillère du Sault-au-Récollet, elle-même professeure d’histoire nationale dans une vie antérieure, résidante du Sault depuis 43 ans, et intéressée au premier chef par ce dossier a-t-elle soutenu, a conclu:
«Il n’y a pas de décision qui a été prise à l’effet que ça ne serait pas une décision à regarder.»
Restez informé
en vous abonnant à notre infolettre
Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.
Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.
Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.