Nicolas Boudon, français chambre des communes
Nicolas Bourdon en vidéoconférence devant les députés du comité des langues officielles, à Ottawa. (Photo: capture d’écran, JDV)

Traité «de plein de marde» par le député fédéral Francis Drouin, Nicolas Bourdon témoignait avec le chercheur Frédéric Lacroix, le 6 mai, devant le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes. Nicolas Bourdon a répondu aux questions du Journal des voisins (JDV) à la suite de cet incident.

Pour M. Bourdon, l’insulte recouvre une situation bien plus grave qu’une improbable atteinte à son égo.

«Cela me dit qu’il n’y aura pas grand-chose qui sera fait de la part du fédéral pour le français. C’est ça, malheureusement la vérité. À moins qu’ils se réveillent véritablement», regrette-t-il.

En vidéoconférence devant le comité, M. Bourdon et M. Lacroix témoignaient au sujet du financement des institutions postsecondaires anglophones au Québec et francophones ailleurs au Canada.

M. Bourdon habite à Cartierville. Il est professeur de littérature française au collège Bois-de-Boulogne. Il est également membre du regroupement Pour le cégep français et c’est en cette qualité qu’il était invité à s’exprimer devant les députés fédéraux du comité des langues officielles.

M. Bourdon soutient que les francophones et allophones qui poursuivent des études postsecondaires en anglais au Québec ont de fortes chances d’avoir une vie professionnelle et sociale en anglais. C’est ce propos qui a irrité le député libéral Francis Drouin, élu de Glengarry—Prescott—Russell, dans le nord-est de l’Ontario.

Pour lui, le danger guette le français au Québec alors que les institutions de formations supérieures anglophones recrutent de plus en plus d’étudiants et que le gouvernement fédéral leur en donne les moyens.

«Nous étions là-bas pour dire au gouvernement fédéral, arrêtez d’envoyer de l’argent à McGill et à Dawson, les institutions québécoises anglophones sont déjà très bien nanties.»

Situation minoritaire?

«Malheureusement, on n’en a pas assez parlé parce que l’insulte a pris tellement de place et les commentateurs ont insisté pour demander qu’il [Francis Drouin] s’excuse», souligne M. Bourdon.

Il rejette le parallèle fait entre les minorités francophones hors Québec et ce qui est appelé selon lui une minorité anglophone au Québec.

«Le fédéral, en fonction de sa loi sur les langues officielles, dit que la communauté anglophone au Québec est minoritaire. Nous ne partageons pas cette vision-là.»

Cette situation justifie aux yeux d’Ottawa les subventions accordées aux institutions anglophones au Québec.

Autant pour M. Bourdon que pour M. Lacroix, les anglophones sont majoritaires partout au Canada.

«Si le Québec était indépendant, bien entendu, la communauté anglophone du Québec deviendrait une communauté minoritaire, mais ce n’est pas le cas», relève le professeur de littérature.

C’est en conformité avec cette vision-là que le gouvernement fédéral envoie de l’argent aux francophones hors Québec.

«Je pense qu’il devrait même y en avoir plus pour soutenir des universités comme l’Université Laurentienne [en Ontario], qui a subi des coupures massives. Il devrait y avoir plus d’argent dans les institutions francophones hors Québec, mais aussi au Québec. Alors que l’action du fédéral au Québec, c’est surtout de défendre l’anglais.»

M. Bourdon s’appuie en cela sur une étude commandée par le député bloquiste Mario Beaulieu qui affirme qu’en vertu du programme des langues officielles, 95 % des sommes que dépense le gouvernement fédéral au Québec sont destinées à promouvoir l’anglais.

Cégep en français pour tous

Au-delà, Nicolas Bourdon, souhaite l’application de la loi 101 aux cégeps. Comme lui, les membres du regroupement Pour le cégep français pensent qu’il faudrait instaurer la même obligation de l’enseignement primaire et secondaire en français au niveau des cégeps.

Cette démarche bute, néanmoins, sur une difficulté de taille. Elle compromettrait l’idée même de liberté individuelle et de choix.

«Malheureusement, c’est très fort cette idéologie-là, le libre-choix de l’étudiant. Mais nous opposons à cela aussi celui citoyens. C’est de l’argent qui sort de nos poches qu’on voit cela aller à Dawson, à John Abbott, etc. On ne veut plus faire ça. Nous aussi, nous avons une liberté en tant que citoyens et payeurs de taxes et d’impôts. Il faut financer les cégeps anglophones pour la communauté anglophone uniquement, mais pas pour angliciser les allophones et les francophones», soutient M. Bourdon.



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