Marc-André Fortin, à la une, également (Source: GPF-Faune)

Leur métier a fait grandement la manchette au cours des derniers mois. Souvent mal présentés, ils ont été fortement critiqués lors du dévoilement du plan de gestion du coyote mis au point par la Ville de Montréal. Pourtant, les gestionnaires de la faune travaillent souvent dans l’ombre pour assurer une bonne cohabitation entre la faune et la population du Québec, et dans ce cas-ci, montréalaise.

D’entrée de jeu, Marie-Ève Castonguay, vice-présidente de GPF-Faune souhaite remettre les choses en ordre : ils ne sont pas des trappeurs, mais des gestionnaires de la faune.
« Il ne s’agit pas simplement d’éliminer, précise-t-elle. Il s’agit de gérer des espèces indésirables. »
Une différence qui est importante pour la bonne compréhension de leur travail. GPF-Faune s’assure de diminuer les nuisances des animaux sauvages sans avoir besoin de les déloger ou les éliminer.
« C’est ce qui a fait que la compagnie s’est démarquée avec le temps », souligne Marc-André Fortin, président et fondateur de GPF-Faune.

Il y a près de 30 ans maintenant que M. Fortin s’est lancé dans cette profession. Biologiste de formation, il développe au fil des ans une expertise en gestion des animaux sauvages en milieu urbain. Il travaillait pour la SPCA alors qu’il était étudiant.

Il était alors responsable de la gestion des animaux autres que chiens et chats, soit des écureuils, des ratons laveurs ou des renards, afin de trouver des solutions pour les gens qui s’en plaignaient.Après quelque temps, il quitte le poste pour poursuivre une carrière comme enseignant en biologie et en écologie.  Malgré son départ, la demande est toujours là, et d’anciens clients lui font savoir qu’ils aimeraient retenir ses services. Il commence alors à offrir ses services, seul, à temps partiel. Jusqu’en 2001, les nuits sont courtes et les fins de semaine libres se font rares, dit-il.

Après plusieurs années très occupées, M. Fortin quitte son emploi d’enseignant pour assumer à plein temps ses nouvelles fonctions. Et pour parfaire ses connaissances, il suit plusieurs formations aux États-Unis et en Europe.

Gestion originale

Ces différentes formations le mettent en contact avec une approche peu typique pour régler le problème de ses clients: des oiseaux et des chiens. Ce sont des prédateurs naturels et leur présence rend le milieu hostile, ce qui éloigne les animaux dérangeants.
Le groupe utilise plus d’une vingtaine de buses et de faucons pour effaroucher les animaux nuisibles qui ont tendance à s’habituer aux instruments habituellement utilisés comme les canons à bruit.
De plus, il faut faire preuve d’assiduité et de constance puisque certains animaux sont très opportunistes. L’oiseau est accompagné et revient fréquemment sur les lieux pour s’assurer du bon effarouchement d’animaux indésirables.

Clientèle et milieux divers

Depuis cinq ans, la gamme de services qu’ils offrent et les clientèles qu’ils desservent se sont grandement étendues pour répondre à la demande constante. Pour Marie-Ève Castonguay, cela s’explique en partie par l’urbanisation. En plus d’empiéter sur les territoires de certains animaux, l’agrandissement des villes vient aussi avec les mauvaises habitudes de certains résidants.
Elle précise qu’une des erreurs fréquemment commises par la population vient de l’habitude de nourrir les animaux sauvages. Cette pratique attire les animaux qui reviennent sachant qu’ils pourront se sustenter sans problème.
Lorsqu’un client les appelle, l’entreprise commence par analyser ses besoins et ses objectifs, mais aussi ceux du milieu dans lequel il évolue et ils font aussi l’analyse de l’animal nuisible auquel ils font face. Des éléments qui influent sur l’approche qu’ils préconiseront.
Comme gestionnaire de la faune, leur champ de travail est très vaste. Ils travaillent dans plusieurs types de milieux et  leur clientèle s’étend des institutions gouvernementales aux fonderies en passant par l’industrie aéroportuaire.
Que ce soit pour des pigeons qui se logent dans une fonderie, des coyotes qui se promènent dans les rues d’Ahuntsic-Cartierville ou des goélands à bec cerclé qui prennent racine sur des sites d’enfouissement.
« Il ne s’agit pas simplement d’éliminer. Il s’agit de gérer des espèces indésirables. »
Ils sont aussi appelés pour remplir différents mandats, depuis l’étude des comportements animaliers, en passant par la formation d’employés, jusqu’à la sensibilisation de la population. Ils offrent notamment une formation au personnel attitré à la gestion de la faune en milieu aéroportuaire.

Gestion du coyote

En automne, la Ville de Montréal leur a confié le dossier de la gestion du coyote. Lors de l’annonce de la Ville de Montréal de son plan sur les coyotes, les critiques ont fusé contre la volonté d’euthanasier l’animal. Toutefois, les gestionnaires de la faune soutiennent qu’il s’agit d’une mauvaise compréhension de la situation.
« Ce qui nous a intéressés […] c’est que ce n’était pas de les attraper pour les tuer », rappelle Marc-André Fortin.
Il souligne l’apport important de ce genre de cas pour l’avancée dans l’étude du coyote, lequel est encore peu scruté à Montréal. Il met notamment de l’avant toute la notion de marquage et d’observation par caméra que contient le contrat en question. C’est toute l’avancée scientifique qui les a amenés à s’intéresser à ce dossier.
« Le coyote était là bien avant que la ville se développe, donc c’est à nous de trouver des solutions pour cohabiter», avance le gestionnaire de la faune.



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