
En 1996, Ghayda Hassan, alors âgée de 22 ans, intègre l’Université de Montréal pour faire son doctorat en psychologie. Près de 30 ans plus tard, cette résidente de notre quartier signe cette année le Livre d’or de l’arrondissement en reconnaissance de ses réalisations professionnelles et de ses engagements communautaires.
Marquée à jamais par le contexte de la tragédie libanaise dans laquelle elle a grandi sous les ailes d’une famille bienveillante, Ghayda se souvient : « La première chose qui me vient à l’esprit est le rôle central qu’accordaient mes parents à l’éducation, notamment pour assurer l’indépendance vitale d’une fille. Mon père me disait toujours : “Tu ne dois surtout pas épouser un homme parce que tu as besoin de lui financièrement ! ” »
Ghayda Hassan considère que l’hommage que lui a rendu l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier, est surtout un hommage à ses parents. Elle s’attarde sur l’importance de leurs enseignements, entre autres pour passer à travers les difficultés auxquelles elle ne s’attendait pas pour réussir son intégration et mener à bien son cheminement universitaire. « Il ne fallait surtout pas que je me laisse abattre par l’adversité, les bâtons dans les roues et les discriminations qui relèvent d’un esprit quelque peu colonialiste. C’était vraiment un choc difficile à supporter », relate-t-elle.
Sa force de caractère et la malléabilité due à son jeune âge ont été ses grands atouts pour tirer profit des possibilités d’épanouissement professionnel et social que permet le cadre universitaire. Sa résilience et sa persévérance ont fini par payer.
Enjeux interculturels et polarisations sociales
Maintenant, ses propres expériences de vie ajoutent une profondeur sociale certaine aux cours qu’elle donne en psychologie à l’UQAM et à ses ateliers communautaires avec les adolescentes et femmes immigrantes. Cela se traduit aussi dans ses recherches et ses interventions communautaires autour des enjeux interculturels et des liens complexes entre les marqueurs identitaires, la santé mentale et les polarisations sociales qui peuvent nourrir la violence.
« Mais, encore faut-il que les résultats des recherches universitaires sur ces sujets très sensibles se traduisent dans le domaine de l’intervention et inspirent des actions politiques », indique la professeure.
En 2017, Ghayda Hassan, mue par cette conscience, fonde le Réseau des praticiens canadiens en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Objectif : créer des espaces où les universitaires et intervenants en psychologie clinique interculturelle puissent travailler ensemble et mettre en commun leurs ressources. La chercheuse veut ainsi sortir du travail en silo et développer le partage de bonnes pratiques.
« Ensemble, praticiens et chercheurs, dit Ghayda, on peut constituer une force pour faire remonter nos connaissances et les résultats de nos recherches et de nos pratiques vers les politiques et les décideurs. Sinon, à quoi bon faire un rapport de plusieurs dizaines de pages sur tel ou tel phénomène social d’une grande importance pour le devenir du tissu social ! »
Chez Concertation-Femme, Ghayda Hassan s’implique auprès des femmes immigrantes et victimes de violences familiales, sociales ou géopolitiques. Son expertise est sollicitée principalement pour la formation de professionnels communautaires en intervention culturellement sensible auprès des immigrants et des réfugiés vulnérables.
Son principal intérêt réside dans le développement des capacités des jeunes femmes immigrantes et réfugiées victimes de la violence sous toutes ses formes. Ghayda Hassan s’estime heureuse de pouvoir contribuer à développer la résilience chez des adolescentes pour les amener à se prendre en main et à entretenir leur bonne santé mentale. « Il y va de la bonne santé de la société tout entière. »
Cet article a été publié dans la version papier du JDV d’avril.
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