La fermeture de la boutique Gourmet Privilège sur la rue Fleury, survenue le 2 octobre dernier, suscite des interrogations de la part des Ahuntsicois. Le chocolatier installé dans l’arrondissement depuis plusieurs années a sa clientèle fidèle. Le JDV revient sur cette fermeture soudaine.
Gourmet Privilège existe depuis 30 ans. L’enseigne disposait jusqu’à présent de quatre boutiques et de deux lieux de fabrication de chocolat et de pâtisseries à Montréal. Ives-Hugo Lanoie a acheté Gourmet Privilège en décembre 2023. Soixante-cinq employés y ont travaillé, dont sept nouveaux depuis son acquisition. Pour les cinq employés français qui détiennent des permis de travail fermés, cet arrêt constitue une double peine. Ils ne peuvent travailler au Canada pour un autre employeur. Certains sont retournés en France.
Dans le but de découvrir les causes de ces fermetures, le JDV a parlé à six des ex-employés de Gourmet Privilège, le 13 décembre dernier. Tous ont fait part de leurs difficultés financières et du stress causé par le climat de travail dans l’entreprise et le non-paiement des salaires. Par suite d’appels faits à différents partenaires et fournisseurs de l’entreprise et à un courriel envoyé au propriétaire, ce dernier a finalement accordé une entrevue au Journal des voisins.
Promesses non tenues et climat stressant
Les employés rencontrés ont témoigné de plusieurs facteurs et événements qui ont mené à la fermeture des boutiques et fabriques. Avant de devenir propriétaire, M. Lanoie a eu l’occasion, pendant deux ans, d’observer l’entreprise et de constater l’état de l’équipement et de se familiariser avec le fonctionnement de l’entreprise.
Dès le mois de janvier 2024, les fournisseurs ont commencé à se plaindre de factures non payées. Au fil du temps, ils ont peu à peu refusé de livrer la marchandise. Ayant à cœur de maintenir une bonne relation avec les fournisseurs et devant les promesses de paiement non tenues du propriétaire, les employés se sont trouvés en situation de stress si l’on en croit leurs témoignages. La difficulté de produire des produits de qualité avec un manque de matières premières aurait ajouté au stress vécu.
Les salaires
Dès le mois de mars 2024, les retards dans le paiement des salaires ont commencé. Après des plaintes, des employés finissent par être payés avec des jours ou des semaines de retard. Les promesses de paiement du propriétaire ne sont pas toujours tenues et la faute est attribuée au système de paie ou à la banque. Des chèques émis ne sont pas honorés et la dernière paie date du mois d’août 2024.
Les mises à pied
Le 2 octobre dernier, dans un communiqué interne M. Lanoie indique aux employés de la boutique de la rue Fleury qu’ils sont mis à pied, à partir de ce jour. Il les convoque à une réunion d’information qui se déroulera le 7 octobre. Pendant cette rencontre, M. Lanoie promet que la situation des paiements sera réglée. Ce qui n’est toujours pas le cas. Les autres employés des autres entités de l’entreprise subiront le même sort quelques jours plus tard.
Depuis, des plaintes à la CNESST ont été déposées par des employés et quelques-uns ont reçu un avis indiquant que leur demande était suspendue afin de laisser au propriétaire la possibilité de régler le dossier. Ce qui n’est toujours pas fait à ce jour.
Selon les employés, ils n’ont toujours pas accès à l’assurance-emploi, car «les documents de cessation d’emploi ont été remplis avec comme information que les sommes dues ont été versées».
La confiance
L’embauche de sept nouvelles personnes malgré les difficultés ainsi que les promesses de nouveaux défis ou de nouveaux postes pour les anciens employés semblent avoir miné la confiance envers l’employeur. Un climat de méfiance s’est installé et les employés disent avoir subi des problèmes d’anxiété et de santé menant pour certains à un arrêt de travail prescrit par leur médecin.
Les réponses de M. Lanoie
«L’entreprise n’est pas en faillite, explique M. Lanoie. Il s’agit d’un arrêt temporaire des activités en vue d’une réorganisation complète. Je vis des difficultés, je ne suis pas le seul. Ce fut une année de gros investissements; il y avait beaucoup d’améliorations à faire, une modernisation des boutiques. Celle de la rue Fleury, entre autres, n’avait pas été rénovée depuis 30 ans.» Selon lui, la période d’observation lui a permis de constater des manquements. Ce qui a été fait entre cette période et l’achat en tant que tel aurait eu des effets sur les activités quotidiennes de l’entreprise.
M. Lanoie affirme que tout le monde va être payé et qu’il est à la recherche de financement supplémentaire pour ce faire.
«Nous sommes dans un processus de réorganisation [totale] et je désire que l’entreprise continue à évoluer. Gourmet Privilège restera une chocolaterie, mais évoluera en offrant une expérience plus complète avec des produits sucrés et salés et des plats préparés pour que la clientèle n’ait qu’un seul arrêt à faire. »
Lorsqu’on demande à M. Lanoie si les anciens employés pourront postuler, car le métier de chocolatier et de pâtissiers demande une expertise. Il répond que oui, mais ne veut pas réembaucher le personnel qui était proche de l’ancienne administration.
M. Lanoie prévoit une réouverture au cours des premiers mois de l’année si et seulement si les «opérations sont bien stabilisées».
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