Le bruit dans les villes, où vit désormais la majorité de la population mondiale, n’a cessé d’augmenter au fil du temps.
Une étude de février 2001 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que « les problèmes autrefois provoqués par le bruit sont sans commune mesure avec ceux dont souffre la société moderne : le vrombissement des avions, le vacarme des camions lourdement chargés, le martèlement et le sifflement des usines (…), le bruit ambiant provoqué par les systèmes de ventilation, les machines de bureau, les appareils domestiques, les activités des restaurants, les concerts en plein air, les chiens qui aboient… »
Une nomenclature à laquelle on pourrait ajouter, notamment, le bruit du trafic ferroviaire et celui des voitures, dont le nombre ne cesse de s’accroître. Cette étude conclut que le bruit est une menace grave pour la santé des citoyens, car il peut affecter leur capacité auditive, la qualité de leur sommeil et leur concentration au travail, tout en provoquant une hausse de leur stress, de leur hypertension et de leurs risques subséquents de maladies cardio-vasculaires.
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Bien que plusieurs autres recherches, dont celles de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), aient corroboré les conclusions de l’OMS, les gouvernements des pays occidentaux sont demeurés indifférents à la problématique du bruit dans les villes, sauf en ce qui concerne les nuisances sonores générées par les aéroports. Et encore! Seule l’Europe a véritablement réagi contre ce problème.
Plus sévère à Bruxelles
La plupart des états de l’Union européenne (UE), en effet, ont adopté les restrictions du Royaume-Uni concernant les vols de nuit des avions aux aéroports de Heathrow, Gatwick et Stansted, qui interdisent le décollage ou l’atterrissage de ces derniers entre 23 heures et 6 heures, sauf en cas d’urgence.
Le contrôle du bruit des avions est particulièrement sévère à Bruxelles. Le constat des infractions est réalisé de manière continue aux différentes stations de mesures survolées par les avions. Un formulaire de plainte est à la disposition des citoyens et ces dernières sont enregistrées et analysées par le ministère de l’Environnement de la région Bruxelles-Capitale.
À la suite d’une loi de 2007 de la Commission européenne, la Belgique et le Luxembourg, notamment, ont établi des cartes de bruit stratégiques qui permettront de faire en sorte que les projets de construction résidentielle ne soient pas soumis aux nuisances sonores des aéroports.
Cela dit, la réglementation de l’UE d’avril 2014 contre le bruit des aéronefs a suscité énormément de controverses, car elle s’applique uniquement aux avions les plus bruyants, qui satisfont tout juste aux normes minimales de bruit de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
Lettre morte en Amérique
Rien n’est donc parfait en Europe, mais cela vaut mieux qu’en Amérique du Nord, où les protestations des citoyens des villes contre le bruit des avions demeurent lettre morte.
En témoignent les revendications tout à fait réalistes des Pollués de Montréal-Trudeau (application d’un couvre-feu de 23 heures à 7 heures; rehaussement du niveau d’altitude des avions; modification des couloirs aériens au-dessus des quartiers résidentiels; installation de mesures permanentes du bruit dans les quartiers résidentiels (et pas seulement riverains à l’aéroport), qui n’ont jamais été prises en compte par Aéroports de Montréal (ADM), la Ville de Montréal et le gouvernement fédéral. Tout récemment, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a tout au plus demandé à Air Canada de faire en sorte que ses avions soient moins bruyants. Reste à voir les suites que connaîtra cette timide ouverture.
Aux États-Unis, aucune mesure sérieuse n’a été adoptée en vue de réduire le bruit des avions.
En 2003, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a entrepris une étude dénommée Silent Aircraft Initiative, visant à découvrir des façons de diminuer le bruit des avions de manière substantielle, avec l’appui de Rolls-Royce, Boeing, Marshall Aerospace et le gouvernement du Royaume-Uni. Une partie de cette étude visait à modifier la technique d’atterrissage des avions et l’autre à concevoir des avions moins bruyants.
Après 14 ans, nous attendons cependant toujours les retombées de cette recherche.
Cette chronique a été publiée la première fois dans notre magazine papier de septembre 2016 et mise à jour en janvier 2018.
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