Emilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Photo : Amine Esseghir / JDV

L’accès aux infrastructures sportives scolaires les soirs et les fins de semaine était en péril pour des milliers de Montréalais. Les centres de services scolaires ne voulaient plus financer cet usage, encadré par une entente signée en 2018. Les élus municipaux ont négocié de pied ferme pour préserver ces services.

 Depuis le 13 décembre 2024, l’entente « Réflexe Montréal » était remise en question. Les compensations financières versées aux centres de services scolaires pour la mise à disposition de leurs infrastructures sportives à des fins récréatives municipales étaient supprimées.

Les négociations ont permis de préserver l’entente cette année, et la Ville s’est engagée à payer près de 8 millions $ pour les années 2026 et 2027. L’entente Réflexe Montréal facilite le partage, par exemple, des gymnases avec la Ville, donc les arrondissements. L’accord permet de financer, entre autres, les heures de travail des concierges et gardiens des installations au-delà des heures de classe.

Et la convention n’est pas à sens unique. Elle permet aussi un échange de services entre les centres de services scolaires et les municipalités pour certaines installations sportives, comme des piscines ou des terrains de sport, mais aussi pour des locaux comme des bibliothèques ou des maisons de la culture.

La situation avait suscité la colère des élus montréalais. Emilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, avait clairement exprimé sa déception en plein conseil d’arrondissement en février. « L’entente Réflexe Montréal a été signée quand le gouvernement provincial, il y a quelques années, a changé la loi par rapport aux nouvelles écoles. Le gouvernement a clairement écrit dans la loi que les municipalités devaient donner des terrains pour construire de nouvelles écoles », rappelle Mme Thuillier en entrevue avec le Journal des voisins (JDV). Elle cite le cas du terrain Louvain Est où un quartier sera construit et où une surface est réservée pour une nouvelle école.

L’entente compense d’une certaine manière cette mise à disposition par les municipalités d’espaces pour l’éducation. Le principe étant que ce sont les mêmes jeunes qui, le jour sont à l’école, et le soir et la fin de semaine, participent à des activités. « À Montréal, on estime que cela nous coûtera à peu près 200 millions $ dans les prochaines années. Un terrain au centre-ville, ça coûte des millions de dollars », souligne la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville.

Pour les loisirs

Ce sont surtout les activités amateures, les loisirs et, dans la foulée, les camps de jour qui étaient en danger. « Pour les loisirs, ce sont des coûts vraiment peu élevés pour l’ensemble de la population. Ce sont des enfants qui en profitent. Comme ce sont des loisirs municipaux, ils doivent être accessibles à tous », observe l’élue. L’effet repoussoir du prix, par retrait de soutien financier, risquait de réduire la participation.

Le ministère de l’Éducation assurait que cette décision ne signifiait pas la fin du partage des infrastructures, mais convenait que chaque organisme scolaire devait respecter les restrictions budgétaires et pouvait choisir de poursuivre l’entente avec ou sans compensation financière.

« Rappelons que le Ministère n’a mis fin à aucune entente et n’empêche pas les organismes scolaires de partager leurs infrastructures », a indiqué le service des communications du ministère de l’Éducation dans un courriel adressé au JDV. Pour l’année scolaire 2023-2024, le Ministère aurait déboursé 5,4 millions $ pour satisfaire à cette entente. « La grande majorité des organismes scolaires au Québec ont des ententes avec les municipalités de leur territoire sans que le gouvernement les compense monétairement. On appelle les villes et les municipalités à discuter avec leurs CSS afin d’arriver à une entente, comme ça se fait ailleurs », mentionne le courriel du Ministère.

Même si la décision avait un effet rétroactif à partir de septembre 2024, la mairesse assure que ce qui est en usage est maintenu jusqu’au 31 mars. Les camps de jours des vacances d’été sont garantis.

Sinon, les négociations vont bon train pour maintenir les services. « Je pense que tout le monde autour de la table souhaite vraiment trouver un terrain d’entente », croit Mme Thuillier.

Le modèle de la piscine Sophie-Barat

 L’entente « Réflexe Montréal » s’est inspirée d’un accord indépendant et plus ancien sur la piscine Sophie-Barat. Cette infrastructure est construite sur un terrain de l’ancienne commission scolaire sur la base d’un bail emphytéotique.

L’entente permet aux élèves de l’école Sophie-Barat d’utiliser la piscine durant les heures de cours, puis à la population en dehors de ces heures. Les gymnases de Sophie-Barat sont également utilisés par les élèves durant leurs études, puis l’arrondissement, donc la population, peut les utiliser en soirée et durant les fins de semaine.

Cet article a été publié dans la version papier du JDV d’avril 2025.



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