Entrée de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal. (Photo: Philippe Rachiele, archives JDV)

Alors que beaucoup d’attention a été accordée à l’hécatombe dans les ressources pour aînés survenue au printemps 2020, le JDV a cherché à comprendre comment et pourquoi des gens ont pu contracter la COVID-19 à l’hôpital et, dans certains cas, en mourir. Premier d’une série de trois textes.

Depuis le début de la pandémie, plus de 230 personnes ont attrapé la COVID-19 pendant un séjour à l’hôpital et 36 sont décédées des suites de complications liées à une infection nosocomiale à la COVID-19.

Le JDV a obtenu, via une demande d’accès à l’information, les données sur les infections acquises à l’hôpital (appelées infections nosocomiales) et sur les complications de ces infections ayant mené au décès de patients hospitalisés dans les trois centres hospitaliers du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal entre le 13 mars 2020 et le 27 avril 2021.

Durant cette période, on a rapporté près de 147 cas d’infections nosocomiales à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal (HSCM), 36 à l’hôpital Fleury et 48 à l’hôpital Jean-Talon. Le taux de décès liés aux complications d’une infection nosocomiale à la COVID-19 s’élève à 20 % à HSCM, 11 % à Fleury et 4 % à Jean-Talon.

Le CIUSSS n’a pas souhaité accorder d’entrevue sur le sujet, mais a tenu à fournir certaines informations complémentaires pour contextualiser ces données.

Première vague meurtrière

« Sur ces 36 décès, c’est 83% qui sont survenus lors de la première vague, alors que nous connaissions beaucoup moins la maladie et son mode de transmission », fait valoir le bureau des relations avec les médias et des affaires publiques du CIUSSS dans un courriel.

Les intervenants avec qui le JDV a pu s’entretenir confirment que la première vague a été la plus difficile à gérer dans les centres hospitaliers, en particulier à Sacré-Cœur.

« On avançait un peu dans le noir », convient Kathleen Bertrand, présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Nord-de-l’Île-de-Montréal (SPSNIM) qui rappelle qu’on en savait relativement peu sur les modes de transmission du nouveau coronavirus dans les premiers mois de la pandémie.

Si le manque de connaissances a pu jouer un rôle, l’organisation des soins y est aussi pour quelque chose.

« Au début de la pandémie, il y avait beaucoup de chambres surpeuplées », note la présidente du SPSNIM.

Elle donne l’exemple d’une petite chambre en hémato-oncologie partagée entre trois patients.

« C’est à peine si on arrivait à circuler entre les lits. La distanciation sociale de deux mètres était impossible », souligne-t-elle.

La difficulté à respecter les mesures de distanciation physique de base n’ont pas aidé à contenir les éclosions durant la première vague au printemps 2020.

« Ça a eu un impact important sur les infections nosocomiales, puis sur la transmission autant chez les patients que chez les professionnelles en soins », affirme sans hésiter Kathleen Bertrand.

Un taux d’infection très élevé chez le personnel pendant les premiers mois

En date du 11 mai 2020, à peine trois mois après le début de la pandémie, plus de 530 professionnelles en soins avaient été infectées, selon les données du syndicat.

Treize mois plus tard, au 1er juin 2021, 923 membres du SPSNIM avaient contracté la COVID-19. C’est donc dire que plus de la moitié des cas d’infection des professionnelles en soins sont survenus dans les 100 premiers jours de la pandémie.

Selon une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publiée en novembre 2020, le taux de séroprévalence du personnel de la santé à HSCM était de 32 %. Près du tiers des employés de Sacré-Cœur testés dans le cadre de cette analyse avaient été contaminés à la COVID-19, soit de loin le taux de séroprévalence le plus élevé dans les dix hôpitaux à l’étude.

Théâtre de plusieurs éclosions dès le début de la pandémie, HSCM affichait par ailleurs le taux de séroprévalence le plus élevé à l’unité COVID et aux soins intensifs, soit respectivement 56,2 % et 27,3 %.

« Il ne faut pas oublier que ce centre hospitalier a été le deuxième centre désigné pour revoir les cas de COVID dans la région de Montréal, et que nous avons dû composer avec des enjeux liés à la vétusté des installations, comme des espaces étroits, les chambres multiples et les toilettes partagées », fait valoir le CIUSSS.

Lire la suite demain : Transmission de la COVID-19 à l’hôpital : un manque de préparation en cause?

Si vous avez des proches qui ont contracté la COVID-19 dans l’un des trois hôpitaux du Nord-de-l’Île et que vous souhaitez partager leur histoire, contactez notre journaliste : simon@journaldesvoisins.com.



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