Karine Légeron, écrivaine en résidence à la bibliothèque Ahuntsic (Crédit-photo: Rodolphe Lasnes).

«Tout peut-être poétique et inspirant. Il suffit de prendre le temps de regarder attentivement. »

Karine Légeron introduit ainsi son projet de création artistique collective, intitulé À la (re)découverte géopoétique d’Ahuntsic, qu’elle propose pour sa résidence d’écriture à la bibliothèque du quartier Ahuntsic.

D’une durée de six mois (de mai à septembre), cette résidence se déroule en collaboration avec le personnel de la bibliothèque, avec au menu plusieurs activités qui visent à inciter les personnes intéressées à sortir de chez eux pour aller la (re)decouverte de  leur quartier et à s’inspirer de ses lieux pour  créer et partager leurs créations sur le blog dédié à cette expérience inédite.

« Je vous invite à flâner dans les rues et ruelles d’Ahuntsic, à explorer les parcs, les rives de la rivière des prairies, à poser le doigt sur un secteur du quartier au hasard et aller vous y perdre. Prenez votre temps, regarder avec attention, sentez les odeurs qui remplissent les ruelles à l’heure du souper, toucher l’écorce des arbres, écouter les oiseaux , les bruits de la ville….Vous verrez comment un lieu qu’on a l’impression de connaître sur le bout des doigts peut nous surprendre quand on prend le temps de l’observer attentivement. Et puis simplement partager votre expérience sur le blogue. »

En ces termes très poétiques, Karine Légeron invite les gens du quartier à participer activement à cette première expérience géopoétique. Elle précise :

« Il peut s’agir d’un texte racontant l’histoire d’un petit commerce oublié, d’une belle photo d’un vol d’oies, d’un croquis d’une magnifique murale découverte au hasard d’une balade ou encore d’un poème inspiré par une soirée au parc ou aussi d’une video du soleil se levant sur un coin de rue encore endormi….».

Et l’écrivaine d’ajouter :

« Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise création. Toutes vos contributions méritent d’être publiées. Elles sont le résultat d’un regard et c’est justement ce regard collectif sur Ahuntsic qu’offrira le blogue de création collective. »

Karine espère que le résultat final donnera lieu à un portrait d’ensemble du quartier fait par ses habitants. Pour ce faire, l’écrivaine est  disponible pour offrir aux personnes intéressées un accompagnement général de leurs projets littéraires, des conseils d’écriture et de lecture personnalisés, ou encore des informations sur le métier d’écrivain.

En raison du contexte sanitaire, ces discussions individuelles peuvent avoir lieu sur la plate-forme Zoom ou par téléphone. Aussi, les personnes qui souhaitent prendre la plume pourront  s’inscrire à l’un des quatre ateliers d’écriture offerts. D’une durée de cinq semaines, ces ateliers sont l’occasion de faire des exercices d’écriture et d’échanger des commentaires avec les autres personnes participantes à propos des textes produits.

Vive envie de reprendre contact avec le réel…poétiquement !

 En entrevue avec le JDV, Karine se réjouit de la belle interaction avec les participants lors des premières séances du premier atelier tenu en mai.

« On sent un intérêt certain pour la géopoétique particulièrement en ce moment, dit-elle. Les gens ont envie de reprendre contact avec le monde réel. Et c’est justement la philosophie de la géopoétique. Il s’agit simplement de sortir, d’aller flâner et cesser de se contenter juste du virtuel.  Ce qui induit une profonde réflexion sur nos rapports à notre environnement de vie quotidienne. »

Selon elle,  la géopoétique propose de réapprendre à voir ce qui nous entoure, même les choses les plus anodines.

« À une époque où nos relations au monde sont de plus en plus virtuelles, elle nous invite à reprendre contact physiquement avec les lieux où nous vivons. »

Rappelons que le coup d’envoi de la programmation a été donné le 5 mai,  en visioconférence, lors d’une table ronde, à laquelle le public a été invité, avec la participation de Karine Légeron et  les écrivain(e)s Rachel Bouvet, André Carpentier et Roxanne Lajoie. Les discussions entre les participants visaient à vulgariser la notion de géopoétique et les façons dont elle permet de mieux vivre son quartier.

« La géopolitique est un mouvement plus large que la littérature», précise Karine Légeron.

Elle rappelle comment ce courant de pensée a été développé au cours des années 70-80 par le poète et penseur Kenneth White pour nous inviter à repenser la façon dont nous faisons l’expérience de l’espace et à placer cette expérience au cœur de notre vie.

« La géopoétique est essentiellement une invitation à réinventer le monde et à repenser la manière dont on interagit avec les éléments de la nature et du monde environnant. Et ce, en partant du principe que la nature n’est pas au service de l’humain mais que l’humain fait partie intégrante de la nature. »

Une flâneuse que tout inspire !

Depuis 2001, Karine Légeron a fait de Montréal le point de chute de ses voyages au long cours et se consacre aujourd’hui essentiellement à la littérature. Autrice et enseignante, elle est très engagée dans le milieu littéraire québécois, notamment auprès de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) et du Salon du livre de Montréal. Elle fait également partie du comité éditorial de plusieurs revues littéraires. Après Cassures, un recueil de nouvelles paru en 2015 et Nos vies de plume, un roman paru en 2019, elle publiera son prochain livre au printemps 2022.

À signaler que ces résidences d’écriture en bibliothèque ont été mises sur pied grâce à un partenariat entre le Conseil des arts de Montréal (CAM) et l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), en collaboration avec les Bibliothèques de Montréal. L’objectif de ces résidences est de familiariser le public avec le travail d’écriture ainsi que de permettre à un écrivain ou une écrivaine de réaliser un projet artistique de concert avec la communauté de la bibliothèque participante tout en poursuivant son propre travail de création.

Pour cette année, avec Karine Légeron, une autre écrivaine a reçu cette distinction. Il s’agit de  Aimée Verret qui effectue une résidence d’écriture à la bibliothèque de Rivière-des-Prairies (arrondissement Rivière-des-Prairies—Pointe-aux-Trembles). Les lauréates reçoivent chacune une bourse de 15 000 $, soit 10 000 $ du Conseil des arts de Montréal (CAM) et 5 000 $ de la bibliothèque-hôte.

 

 



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