Située dans le District central, au sud-ouest d’Ahuntsic, la Centrale agricole représente une expérience unique et révolutionnaire en agriculture urbaine et en économie circulaire.
La Centrale agricole, une coopérative agricole fondée en février 2019, regroupe une vingtaine d’entreprises agroalimentaires partageant sa mission et sa vision de production agricole urbaine au sein d’un même bâtiment, tout en mettant en commun ressources et savoir-faire. La coop a obtenu un permis de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville sous la forme de projet pilote. Elle entend se démarquer parmi la relève de l’agriculture urbaine, en centralisant ses activités à l’intérieur d’un bâtiment de 60 000 pieds carrés, complètement isolé du point de vue énergétique, sans qu’un déchet ne sorte à l’extérieur.
« Notre but est de favoriser les entreprises qui veulent participer à l’économie circulaire et la production de produits qui n’émettant aucun gaz à effet de serre, tout en réutilisant les déchets de leur production, affirmait Kevin Drouin-Léger, directeur des opérations de la Centrale agricole. Nous habitons un bâtiment où plusieurs entreprises travaillent à proximité pour faciliter le partage des ressources et l’entraide. »
TriCycle, une étonnante culture d’insectes
Une des entreprises logeant à la Centrale agricole, TriCycle, est un modèle de l’économie circulaire. Son principal objectif est de réduire le gaspillage alimentaire tout en luttant contre les changements climatiques. Entre autres, elle se démarque par sa production d’insectes en milieu fermé, qui favorise les conditions nécessaires à leur accouplement et leur alimentation.
« On doit les laisser dans le noir parce qu’ils se développent plus facilement dans l’obscurité, explique Noémie Hotte, étudiante en maîtrise de l’environnement et travailleuse chez TriCycle. Nous voulons nous assurer de créer les conditions nécessaires à la fertilisation des œufs et la maturation des coquerelles. »
La consommation d’insectes, ou entomophagie, s’est popularisée dans de nombreuses régions d’Afrique et d’Asie. Elle commence à peine à se manifester chez nous. Depuis le tournant du 21e siècle, elle est considérée comme un bon moyen de lutter contre le réchauffement climatique et la surconsommation de viande. Pour Mme Hotte, même si certaines personnes ne sont pas encore prêtes à déguster des insectes, elle juge ce virage nécessaire, pour que les citoyens puissent contribuer plus facilement à l’économie circulaire.
De plus, TriCycle entend réutiliser le plus possible les composants de l’insecte, y compris les excréments, pour en faire du compost. C’est pour cette raison que l’entreprise a conçu une salle où tous les déchets sont transformés en engrais. Le produit qui en est issu s’apparente à de la terre, qui est réutilisée pour la croissance des plantes.
Enfin, depuis le 16 juin 2022, TriCycle est finaliste au Défi de réduction du gaspillage alimentaire, un concours pancanadien, ce qui s’est traduit par une subvention de 400 000 $. Dans le cadre de ce concours, une somme de 1,5 M$ sera allouée au finaliste, dont le nom sera révélé à l’été 2023.
Le laboratoire à micropousses
Parmi les 16 entreprises au sein de la coopérative de la Centrale agricole, un projet, lancé en 2014, a mené au développement de micropousses en milieu fermé et dans des conditions tempérées. Il s’agit de AU/LAB, un laboratoire d’agriculture urbaine, un OSBL québécois créé par un groupe d’universitaires.
AU/LAB se spécialise dans la culture de végétaux dans une serre intérieure, soit un milieu où sont contrôlées humidité, chaleur et lumière. L’organisme a des points communs avec l’entreprise Succurbaine, une organisation fondée par deux frères, Rodolphe et Victor Bruneault, qui se passionnent pour les plantes ornementales. AU/LAB, en revanche, se spécialise dans les fruits et légumes.
« On va tenter de faire une sélection des aliments, affirme M. Drouin-Léger. On doit encore progresser sur ce plan, mais il ne s’agit pas de manipulation génétique. Nous voulons simplement exposer les végétaux à des conditions particulières pour qu’ils puissent développer la capacité que l’on recherche. »
L’immeuble abrite également la société Opercule, une pisciculture urbaine destinée à la production de protéines durables. Le producteur, dont les locaux sont situés au sous-sol, abrite plus de 35 000 poissons dans une dizaine de bassins, dont le fonctionnement est entièrement automatisé. Le système fait circuler 6 000 litres d’eau filtrée et assainie à la minute, pour un taux de récupération de plus de 99 %.
D’autres projets sont menés par la Centrale agricole, comme une champignonnière, qui est encore à l’étape de démarrage. Elle réutilise le marc de café du torréfacteur installé dans l’immeuble et a établi un partenariat avec la Cidrerie urbaine d’Ahuntsic-Cartierville.
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