On connaît tous dans notre quartier une personne qui ramasse les canettes et les bouteilles pour encaisser la consigne et se faire un peu – beaucoup – d’argent. Le Journal des voisins (JDV) a rencontré Michel Bussière, pour discuter des nouveautés en matière de contenants consignés.
Dès le 1er novembre, la Phase 1 de la modernisation de la consigne comprendra plus de contenants consignés. De plus, le montant de la consigne passera de 0,05 $ à 0,10 $ sur la majorité des contenants de boisson.
Michel Bussière occupe le métier de «valoriste» (valoriser, donner une valeur à une ressource). Il récupère les canettes et bouteilles vides dans les bacs de recyclage ou sur les galeries de voisins qui préparent à son attention des sacs remplis de contenants consignés. Après les avoir soigneusement rincés, il les rapporte dans les commerces du quartier pour se faire rembourser la consigne.
Beaucoup d’avantages
Ce qu’il appelle «faire sa run de bouteilles» rend service à bien des gens… et à la planète. Michel décharge ses voisins de la tâche de retourner les contenants qui, plus souvent qu’autrement, s’accumuleraient chez eux. Il se fait alors un revenu d’appoint en récoltant la consigne payée par d’autres. Quelques centaines de dollars par mois, glisse-t-il dans la conversation, sans vouloir entrer dans les détails.
Ses tournées le font marcher plusieurs heures par semaine, ce qui est excellent pour sa santé: étant diabétique, son taux de sucre est contrôlé quand il fait de l’exercice.
«En plus, c’est bon pour l’environnement, parce que les contenants que je rapporte à l’épicerie vont être recyclés au lieu de finir aux vidanges», affirme-t-il.
Michel a raison: «Les contenants récupérés par le biais du système de consigne sont recyclés à 100 %», indique le communiqué de l’Association québécoise de récupération de contenants de boissons (AQRCB). L’aluminium, en particulier, est une matière recyclable à l’infini. On en fait de nouvelles canettes, bien sûr, mais aussi des vélos, des pièces d’autos, des bâtons de baseball, des meubles de jardin…
Le plastique est recyclé en vêtements (laine polaire), en casques de vélo, en matériaux de construction, en tente de camping… Tandis que le verre est transformé en matériaux isolants (fibre de verre), en asphalte, en pots, en carreaux de céramique… Autres avantages de la consigne ici.
Élargissement de la consigne
En 1984, le Québec s’est doté d’un système de consigne pour encourager les consommateurs à rapporter leurs bouteilles et canettes vides en magasin au lieu de les jeter à la poubelle. On leur fait payer 0,05 $ par contenant (pour la majorité), puis on leur rembourse ce montant au retour des contenants.
La consigne de base n’ayant pas augmenté depuis près de 30 ans, pour bien des gens, le détour à l’épicerie pour récupérer une poignée de «5 cennes» n’en vaut pas la chandelle. Ainsi, le taux de récupération au Québec stagne à 73 %. Cela signifie que 27 % des contenants ne sont pas récupérés ni recyclés.
La modification du Règlement visant l’élaboration, la mise en œuvre et le soutien financier d’un système de consigne de certains contenants, adoptée le 30 août dernier, vise à augmenter le taux de récupération à au moins 90 %, au terme des deux phases de la modernisation de la consigne.
Phase 1
Dans un premier temps, le 1er novembre 2023, «la consigne sera élargie à toutes les boissons vendues dans des contenants d’aluminium de 100 ml à 2 L*. Le volume annuel de contenants de boisson visés par la consigne augmentera ainsi de plus de 300 millions d’unités», indique l’AQRCB, nouvellement responsable du programme Consignaction. En effet, RECYC-QUÉBEC a choisi l’AQRCB comme organisme de gestion désigné (OGD) pour le système de consigne.
*En plus des contenants déjà en vigueur, voici quelques exemples des nouveaux contenants de boisson «prête à boire» visés: thé vert glacé, eau gazéifiée ou aromatisée, jus de fruits ou de légumes, etc.
«Je pense que je vais faire plus d’argent, même si les grosses canettes passent de 20 à 10 cennes, parce que j’en ai beaucoup moins que les canettes à 5 cennes qui vont monter à 10 cennes, estime Michel Bussière. Mais il faut que je me dépêche de les retourner pendant qu’elles valent encore 20 cennes. J’ai entendu dire qu’on a une extension jusqu’au 15 novembre.»
En effet, l’AQRCB a prévu un délai de grâce de 2 semaines après le 1er novembre. Cela laissera le temps aux gens de consommer leurs bières achetées avant le 31 octobre avec une consigne de 0,20 $.
Accumuler ou non d’ici le 1er novembre?
Par ailleurs, qu’en est-il des contenants dont la consigne de 0,05 $ passera à 0,10 $? Plusieurs consommateurs avaient l’intention de les accumuler pour obtenir un remboursement du double du montant de la consigne à partir du 1er novembre. L’AQRCB a émis une mise au point à ce sujet: «Toute pratique qui consiste à récupérer en aval un montant qui n’a pas été déboursé en amont contrevient à l’esprit du système de consigne qui est fondé sur une participation citoyenne éthique et responsable.»
RECYC-QUÉBEC renchérit: «Le remboursement d’un montant de consigne plus élevé que celui qui a été payé constitue une « fraude » au système de consigne.» Il est aussi inutile de retourner des contenants qui n’étaient pas consignés avant le 1er novembre en pensant recevoir un remboursement de 0,10 $. Il faut attendre que la mention «Consignée» y soit apposée.
Phase 2
Le 1er mars 2025, la consigne sera élargie à tous les contenants de boisson prête à boire de 100 ml à 2 L en aluminium, en verre (ex.: bouteilles de vin), en plastique (ex.: bouteilles d’eau) ou de type multicouche (ex.: cartons de lait), en plus de tous les contenants de boisson déjà consignés.
Projets pilotes
L’AQRCB a commandé neuf projets pilotes pour évaluer de nouvelles méthodes et installations de récupération des contenants consignés. Le Maxi Papineau-Crémazie en faisait partie. À la limite d’Ahuntsic-Cartierville, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, cette épicerie a été choisie parce qu’elle récupère une grande quantité de contenants de boisson (plus de 3 millions par année).
Sa vaste superficie a permis d’aménager un lieu spécifique pour les machines récupératrices automatisées («gobeuses») et d’observer si les étapes se déroulaient bien. Il semble que 80 % des clients en étaient satisfaits, malgré quelques irritants: «Le niveau de service offert dans le cadre de ce projet pilote est inégal, les équipements sont peu nettoyés et fréquemment en panne. Et comme les utilisateurs rapportent souvent de grandes quantités de contenants de boisson, le temps d’attente peut être considérable», souligne le Rapport final des projets pilotes, suggérant des améliorations à mettre en place.
Lieux de retour
- Tous les commerces d’une superficie de vente de plus de 375 mètres carrés («les grandes surfaces») sont tenus de reprendre les contenants de boisson consignés au 1er novembre 2023, soit directement, soit par le biais d’une entente de regroupement avec d’autres détaillants.
- Les commerces d’une superficie de vente de 375 mètres carrés ou moins (comme les dépanneurs) ne sont pas obligés de reprendre les contenants consignés, surtout s’ils n’ont pas l’espace pour entreposer toutes ces bouteilles et canettes.
Si ces petits commerces ne peuvent récupérer les bouteilles et canettes, ils sont dans l’obligation d’afficher sur leur porte l’adresse du commerce le plus proche (distance qui se fait à pied: à 1 km au maximum en zone urbaine). Ils peuvent toutefois choisir de participer et s’inscrire à la liste des lieux de retour des contenants consignés, dont la cartographie sera publiée dès le 1er novembre sur le site du programme Consignaction.
On y trouve aussi beaucoup d’information, par exemple la «Liste des contenants consignés» et «le parcours de votre contenant consigné» (avec 4 vidéos expliquant Que deviennent la canette/la bouteille de bière/la bouteille de verre/la bouteille de plastique que vous rapportez?).
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J’aimerais bien contacter monsieur Bussières pour voir si ma maison est sur sa route.
Bonjour M. Bonetto, merci pour votre intérêt! Je vais vous répondre par courriel et vous suggérerai aussi des organismes qui ramassent des contenants consignés pour se faire un petit revenu, si jamais ceux-ci sont plus près de chez vous. Merci de votre générosité!