La culture élit domicile à Ahuntsic-Cartierville

Cet article est tiré du numéro d’hiver du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré à la culture à Ahunstic-Cartierville.

Disposant d’un patrimoine architectural, historique, foisonnant au Sault-au-Récollet, de nombreux studios d’artistes à Chabanel, de nouveaux édifices voués à la culture, tels que les Ateliers Belleville, le centre culturel et communautaire de Cartierville (4C) et bientôt le Centre d’art Battat (CAB), un espace dédié à l’art contemporain, l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville devient un joueur de choix sur la scène culturelle montréalaise. Suivez le guide!

La vitalité d’un endroit dépend beaucoup du dynamisme culturel ambiant. Certes, la gloire de personnalités qui y vivent ou y ont vécu, telles que Robert Charlebois ou Dany Laferrière, rejaillit sur Ahuntsic-Cartierville.

Mais saviez-vous que l’arrondissement agit comme un aimant sur les artistes avec sa dizaine de galeries d’art, ses studios d’artistes, ses murales — quatre créées, cette année —, sa vingtaine de salles de cinéma essentiellement regroupées au MÉGA-PLEX Odéon du Marché central et au Ciné-Club du Collège Ahuntsic… sans oublier ses trois bibliothèques?

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Rôle social des bibliothèques

Celles d’Ahuntsic, de Cartierville et de Salaberry [destinée aux jeunes jusqu’à 12 ans], proposent toutes une programmation volontiers axée sur l’éveil aux arts. Quant à la bibliothèque mobile, elle vise à inclure toutes les générations avec des dessertes dans des résidences pour aînés et dans les écoles et les garderies pour les plus petits.

Par ailleurs, la plupart des bibliothèques susmentionnées permettent de découvrir des activités comme le dessin, le yoga, l’informatique. «Ces ateliers sont éphémères, et [l’unique] séance permet de faire connaître l’activité afin que les gens s’inscrivent par la suite, ailleurs, s’ils sont séduits», détaille Isabelle Pilon, cheffe de division culture et bibliothèques à l’Arrondissement.

Des cercles de parole s’y tiennent aussi. Objectif : amener la population à découvrir et à s’épanouir à travers différents apprentissages. À l’évidence, l’accent est mis sur le rôle social des bibliothèques qui interviennent dans «toutes les sphères de la vie des gens».

Et ce n’est pas tout! «L’été, nous allons à la rencontre des citoyens dans les parcs avec la bibliomobile, complète Isabelle Pilon. Nous offrons à la fois des salons de lecture en plein air pour tous, et aussi le Festival Je lis, compte et raconte à l’attention des tout-petits. Le but est d’offrir aux enfants de moins de cinq ans des animations du livre à la fois ludiques et dynamiques, ainsi qu’un éveil aux mathématiques à l’aide de jeux de société pour leur groupe d’âge.»

Trois secteurs géographiques

Dans les faits, dans l’arrondissement, la vie culturelle se déploie sur trois zones territoriales : Ahuntsic, Chabanel et Cartierville. «Nous essayons de sélectionner des endroits un peu plus excentrés pour aller à la rencontre des citoyens. Nous visons à déployer l’offre culturelle de façon équitable sur l’ensemble du territoire. Ainsi, cet été, nous avons offert à près de 10 000 citoyens une très belle programmation culturelle dans les parcs : du théâtre, de la musique, de l’acrobatie, des fanfares, etc.»

Évidemment, en plus de ces trois zones, le secteur Sault-au-Récollet occupe aussi une place de choix dans le paysage culturel. Première agglomération à s’être développée en bordure de la rivière des Prairies, son patrimoine et ses vestiges historiques s’avèrent incontournables : maison du Meunier, Fort-Lorette, Église de la Visitation, Halte de la Visitation [qui vient de recevoir l’un des cinq Grands prix 2024 de l’Opération patrimoine de Montréal], etc.

La Maison de la culture fait peau neuve

Premier secteur : Ahuntsic. Ici, la vie culturelle est rythmée par la Maison de la culture, située au-dessus de la bibliothèque, à l’intersection des rues Lajeunesse et Fleury. L’institution vient de voir rénover sa salle de spectacles, qui compte désormais environ 300 sièges. Elle est réputée pour sa belle programmation en musique du monde.

Le Café de Da, rattaché à la bibliothèque Ahuntsic, offre aussi des activités culturelles et des cercles de parole. Dans ce secteur, citons aussi d’autres acteurs culturels incontournables : les Sociétés de développement (SDC) Quartier Fleury Ouest et Promenade Fleury, le Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement (GUEPE) ou encore le Collège Ahuntsic et les maisons des jeunes qui «organisent des cafés culturels, des rencontres».

Durant l’été, la programmation des Mercredis pique-niques a mis l’accent « sur la musique traditionnelle et celle du monde », détaille Pierre Méthé, coordinateur à la SDC Quartier Fleury Ouest. «Nous avons aussi élaboré une programmation destinée aux enfants, les samedis matin, qui leur a permis de s’initier à la musique, à la gigue — en collaboration avec l’Espace Trad — et à la magie. Notre souhait est de faire de nos rendez-vous au Parc Tolhurst, le cœur de Fleury Ouest, un carrefour de rencontres et de découvertes».

Pour sa part, la SDC Promenade Fleury a tablé, cette année, sur la mise en valeur de talents artistiques locaux, selon le directeur général, Robert Lalancette.

«Nous partageons les objectifs de l’arrondissement de développer un quartier culturel dans notre secteur et nous mettons nos efforts à imaginer de nouveaux lieux de diffusion au sein de la Promenade, que ce soit via nos placettes publiques ou encore l’aménagement d’un chapiteau. […] Avec la célébration de notre 40^e anniversaire [le 17 décembre 2024], l’occasion en est que plus belle.»

Autre couleur au District central

La SDC District central anime le deuxième secteur géographique culturel : Chabanel. Plusieurs ateliers d’artistes viennent s’y installer. Le CAB, situé rue Port-Royal, ouvrira ses portes en 2026. Les Ateliers Belleville y ont élu domicile en janvier 2023.

Les Ateliers Belleville : en chiffres

Depuis janvier 2023, les Ateliers Belleville situés au 545, rue Legendre O. apportent un nouveau souffle au quartier. À l’heure actuelle, 52 artistes occupants profitent de cet espace en ébullition. «Nous prévoyons desservir une communauté élargie de 400 artistes et artisans, esquisse Nina Bouchard, responsable de la coordination et artiste, spécialiste du vitrail. Bien que tous n’auront pas d’ateliers sur place, nous offrirons une grande variété de services adaptés à leurs besoins.»

• Ateliers spécialisés sur près de 15 000 pi² [1400 m²] : ateliers de métal, de bois, de céramique, FabLAB, un studio de production dédié aux arts numériques et vivants;
• 16 000 pi² [environ 1500 m²] d’ateliers d’artistes et d’artisans;
• 4 ateliers-résidences;
• 3 studios de production multi-usages, accessibles au public;
• Espaces communs favorisant les rencontres entre membres et visiteurs.

Cette vitalité culturelle vise à «créer un milieu de vie et un environnement d’affaires attractif pour les entreprises, les travailleurs et les résidents, précise Geneviève Dufour, directrice générale adjointe. Ici, autour d’espaces d’échange, de détente et de divertissement [Esplanade Louvain, La Prairie Louvain, Swing ton lunch, Escales] se rassemblent toutes ces communautés. […] En plus des activités organisées, elle [la SDC] mise sur l’art urbain, avec les murales comme levier de requalification.»

Outre les deux nouvelles murales créées cette année à Chabanel, la culture underground a eu voix au chapitre à la Prairie Louvain, cet été. Citons aussi les Jeudis jazz de la place Ioana Monahan, à titre d’exemple.  

Le 4C : toutes les chapelles en un lieu

La troisième zone culturelle à Ahuntsic-Cartierville s’appuie sur les organismes communautaires réunis dans un lieu inauguré en janvier 2023, le centre culturel et communautaire de Cartierville, dit 4C.

Une véritable auberge espagnole, au sens positif, celui de Chateaubriand : «Il n’y a rien de plus gai qu’une auberge espagnole, par la foule des gens qui s’y rencontrent.» Le lieu regroupe, sous un même toit, des services communautaires, des activités culturelles, des espaces de cotravail, un bistro, une friperie et la salle Charles-Daudelin. Ancienne chapelle aménagée, illuminée des vitraux de Marcelle Ferron, celle-ci propose de nombreuses animations gratuites.

«Les vitraux de la salle Charles-Daudelin sont en cours de reconnaissance au Bureau d’art public afin de les intégrer à la collection d’art municipal, rapporte Isabelle Pilon. Marcelle Ferron est l’artiste qui a entre autres conçu les vitraux de la station de métro Champ-de-Mars.»

Acheté à la congrégation des Sœurs de la Providence, l’édifice poursuit l’œuvre de bienfaisance en quelque sorte : favoriser les rencontres, créer des liens entre génération et entre les nombreuses cultures présentes dans le quartier, lutter contre l’isolement, faciliter les découvertes…

Ici aussi, la culture gomme les frontières et crée des ponts.

Dans le dossier consacré à la culture, lire aussi :
– «La culture est un pas collectif vers quelque chose de meilleur»
– Le CAB, véhicule contemporain de nos imaginaires
– La Maison de la culture Ahuntsic se métamorphose
– Daniel Croteau ressuscite les arbres morts
– Skawanoti, une histoire mal connue

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