
Le projet immobilier 800 Solaia, envisagé sur le terrain du Loblaws au 800, boulevard Henri-Bourassa Ouest, semble signer la fin de ce que fut le Programme particulier d’urbanisme adopté pour ce secteur.
La question se posait sérieusement depuis que le ministère de la Sécurité publique avait décidé de lancer la construction d’une nouvelle prison pour femmes sur son terrain jouxtant l’actuelle prison de Bordeaux.
Exit le Programme particulier d’urbanisme
La consultation publique du 16 avril dernier, organisée par le promoteur du 800 Solaia, dans l’enceinte de l’ancien Loblaws, est venue confirmer ce qui était redouté par de nombreux riverains : la fin du Programme particulier d’urbanisme (PPU) du secteur Henri-Bourassa Ouest. « Le PPU, tel qu’on l’a pensé, ne se réalisera pas », a admis Emilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement, en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).

Le 800 Solaia compterait 1200 logements dans des immeubles plus hauts que ce qui était envisagé dans le PPU initial. Certes, 172 logements abordables, sociaux et communautaires sont inscrits dans la vision du promoteur ; toutefois, cette même vision annonce aussi des gratte-ciel de 14 à 16 étages à l’ouest du terrain, près de la gare Bois-de-Boulogne, du boulevard Henri-Bourassa et de l’écocentre l’Acadie, et d’autres immeubles font 10 à 11 étages. Cela est bien loin des trois à six étages prévus dans le PPU de 2016.
Pas de terrains
Outre la proposition du projet immobilier sur le site de Loblaws, c’est aussi la perte des espaces sur lesquels repose le PPU qui le compromet. Car, les trois terrains qui auraient pu servir d’assiette de construction – la cour de voirie de la Ville, le site de la Société d’assurance automobile du Québec et le terrain de la prison pour femmes – demeurent entre les mains de leurs propriétaires.
Mme Thuillier prend l’exemple de la cour de voirie que la Ville était prête à céder pour faire de la construction résidentielle. « C’était notre vision pour tout le secteur, parce qu’on pensait que les autres acteurs institutionnels partiraient pour permettre la construction d’un quartier résidentiel », souligne-t-elle.
De tous les terrains ne restent donc que le site du Loblaws et les espaces occupés par les anciens garages du ministère des Transports, acquis par le promoteur Musto. Ce sont les derniers endroits qui pourraient accueillir des immeubles.
Mme Thuillier assure que l’exercice citoyen pour élaborer le PPU ne fut pas vain. Car ce qui était ressorti de la vision collective, c’était la nécessité de construire des habitations. « Imaginons que quelqu’un vienne nous présenter un projet d’usine. Ça ne pourrait pas se faire. Mais si quelqu’un venait nous demander de construire du résidentiel, ce serait super facile, parce que c’est déjà permis », illustre-t-elle. « Un PPU, c’est une vision qu’on met en avant et qui permet de changer aussi des règlements de zonage », explique Mme Thuillier.

Inquiétudes
Des citoyens se sont exprimés à ce sujet dès le conseil d’arrondissement de mai. « On propose des 4 étages, mais [très proche des constructions actuelles, on trouve] des 9, 12 et 16 étages. Ça ne concorde pas du tout avec le Programme particulier d’urbanisme [du secteur Henri-Bourassa Ouest], qui a été adopté en collaboration avec les élus et les citoyens », a signalé Patrick Bourgeois, un riverain du projet annoncé sur le site du Loblaws. Résident de la rue Meilleur, il s’inquiétait de la hauteur des tours projetées par le promoteur du 800 Solaia.
Lui et d’autres venaient rappeler que le PPU avait été un exercice démocratique qui avait plus ou moins permis d’intégrer les idées des citoyens, notamment des riverains qui redoutaient les grandes hauteurs et les ambitions des élus, voire de l’administration, qui voulaient pouvoir adopter des projets en ayant en poche l’acceptabilité sociale. Cette démarche saluée par beaucoup de gens est devenue caduque.
Une voie de sortie, le PUM
« En 10 ans, il y a eu deux grands changements. Le premier, c’est une crise du logement sans précédent. Le deuxième, c’est un autre exercice démocratique, encore plus important que notre PPU, et c’est le PUM, le Plan d’urbanisme et de mobilité », relève Mme Thuillier.
Le PUM a connu plusieurs épisodes de consultations en deux ou trois ans, et il devrait être adopté au conseil municipal de juin. « Et que dit cet exercice démocratique ? Il dit qu’il faut densifier à Montréal, affirme l’élue. Et on ne va pas densifier n’importe où. On va le faire près du transport collectif. » Pour elle, l’avis des citoyens est toujours pris en compte, même si les données et les documents de base changent.
Cet article a été publié dans la version papier du JDV de juin 2025.
Restez informé
en vous abonnant à notre infolettre
Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.
Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.
Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.