Jos Montferrand, célèbre homme fort du Québec né le 25 octobre 1802, aurait 220 ans aujourd’hui.
Dans mon dernier article sur les draveurs et les cageux, j’abordais la circulation du bois sur la rivière des Prairies et les tavernes de l’Abord-à-Plouffe, au sud de Laval. Je mentionnais aussi que le célèbre Jos Montferrand était un habitué de ces établissements. Étant donné son importance dans l’Histoire québécoise, je crois qu’il est nécessaire d’écrire plus en profondeur sur cet illustre personnage.
Joseph Montferrand naît le 25 octobre 1802 dans le faubourg Saint-Laurent, à Montréal. Les Montferrand sont célèbres pour leur carrure et pour leur force. Jos Montferrand a la peau pâle, les yeux bleus et les cheveux blonds. Dès l’âge de seize ans, il atteint un mètre quatre-vingt-dix, soit presque sa taille adulte.
Il devient un fier-à-bras réputé pour son agilité et sa souplesse, encore plus que sa force, ainsi que par son sens de l’honneur. Il tabasse notamment trois brutes qui terrorisaient son quartier. Il bat également un boxeur anglais d’un seul coup de poing. Puis, deux ou trois ans plus tard, il gagne un combat contre un instructeur de boxe de Kingston, ce qui le rend célèbre. On dit qu’il « frapp[e] comme la ruade du cheval » et qu’il « mani[e] la jambe comme un fouet ».
En 1827, Jos Montferrand commence sa carrière de guide de cages et de contremaître, qui dure environ trente ans. L’automne, il travaille sur les chantiers du haut de l’Outaouais. Au printemps, il fait flotter le bois jusqu’au bas de l’Outaouais. Des cages de billot sont alors construites, puis acheminées jusqu’au port de Québec.
Bien sûr, le chemin est long, et les arrêts dans les tavernes, fréquents! Jos Montferrand fréquente notamment les établissements de l’Abord-à-Plouffe. Selon la légende, il saute avec tant d’agilité qu’il parvient à étamper son pied au plafond des tavernes, ce qui est une source de fierté pour les tenanciers!
Les exploits de Jos se poursuivent pendant bien des années. Il défend les Canadiens français, surtout les bûcherons dont il est le contremaître, qui affrontent souvent les bûcherons irlandais. En 1829, sur le pont entre Hull et Bytown (maintenant Ottawa), il se bat seul contre ces adversaires et sort victorieux de l’affrontement.
Il est dit qu’il en aurait saisi un par les pieds et s’en serait servi comme massue pour en assommer 150 autres, ce qui est bien sûr exagéré! En mai 1832, lors d’une élection partielle à Montréal, il l’emporte contre des truands qui essayaient de tabasser son ami Antoine Voyer. En 1847, il se bat contre un champion de boxe américain du nom de Moore.
À partir de 1840, Jos Montferrand cesse d’être bûcheron, se limitant à diriger les cageux. En 1857 environ, il s’installe définitivement à sa propriété de la rue Sanguinet, à Montréal. Le colosse, maintenant bien affaibli, est en proie aux rhumatismes et a le dos voûté. Il décède paisiblement dans son domicile, le 4 octobre 1864.
Cet article a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier de septembre 2022, à la page 12.
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