
La participation citoyenne est, sans contredit, un pilier de la démocratie, mais quelle place prend-elle et comment s’articule-t-elle dans notre société ?
Le Dictionnaire encyclopédique de l’administration publique de l’ENAP présente la participation citoyenne comme un processus d’engagement obligatoire ou volontaire de personnes, agissant seules ou au sein d’une organisation, en vue d’influer sur une décision portant sur des choix signifiants qui toucheront leur communauté.
Cette définition large implique qu’il existe différentes formes de participation s’exerçant dans des contextes variés.
Les formes de participation citoyenne
« Il est important de distinguer la participation électorale et la participation publique de la participation citoyenne », explique Stéphanie Yates, professeure au département de communication sociale et publique de l’Université du Québec.
La définition de la participation citoyenne englobe la participation publique et la participation électorale. Toutefois, ce qu’on entend généralement par participation citoyenne a comme point de départ une prise de conscience de citoyens ou de groupes qui veulent faire avancer ou changer une décision des autorités, ou y prendre part.
La participation électorale est la plus connue et la plus simple pour tous les citoyens de 18 ans et plus au Canada. Selon Élections Québec, on observe toutefois une baisse générale du taux de participation depuis de nombreuses années.
La participation publique est celle mise de l’avant par les autorités et les institutions publiques. Que l’on parle de commission parlementaire ou de consultation publique, par exemple du Bureau d’audience sur l’environnement créé en 1978, la participation part du haut, des autorités vers les citoyens, mais implique une participation de ceux-ci pour obtenir des résultats viables.
L’évolution
« Dans les études, on fait référence à un tournant participatif qui serait apparu au début des années 2000 au Québec, et qui serait caractérisé par une volonté et même une attente de la part des citoyens parallèlement à l’avènement du concept d’acceptabilité sociale. Ce tournant marque une participation publique accrue, donc une ouverture de la démocratie représentative vers une certaine démocratie participative, ajoute Mme Yates. L’idée n’est pas de remplacer la démocratie représentative par une démocratie directe ou participative, mais plutôt de savoir reconnaître les moments où il est pertinent d’ouvrir la porte à la participation. Consulter tout le temps peut mener à une certaine fatigue participative. »
L’efficacité
La participation citoyenne démontre que nos processus démocratiques fonctionnent. La pression citoyenne a son effet sur les décisions publiques pourvu que le message soit bien cadré autour de l’intérêt public, explique Stéphanie. Elle ajoute que, selon le professeur Andrew S. McFarland de l’Université de l’Illinois à Chicago, 25 % des décisions politiques aux États-Unis seraient attribuables aux mouvements sociaux.
« Il y a des règles à suivre pour que ces exercices participatifs soient légitimes, précise l’experte. Il faut tout d’abord prendre une vraie cause pour obtenir un apport citoyen pertinent, et éviter d’agir seulement pour se dédouaner. Ça peut être difficile à gérer si ce n’est pas fait dans les règles de l’art. Ce que je vois souvent passer, ce sont des consultations en ligne comme celle lancée par le gouvernement en plein été sur la transition énergétique où, comme citoyen, on pouvait donner son opinion et retourner dans l’heure suivante ou le lendemain donner une autre fois son opinion. »
La professeure ajoute qu’il y a vraiment une plus-value pour le décideur public si le savoir issu de la connaissance intime du terrain ou de la situation (savoir expérientiel) est représentatif d’une population donnée et si une reddition de compte est faite par le décideur public. Une consultation peut faire gagner du temps aux élus, mais aussi éviter de se positionner. On se doit d’utiliser ces mécanismes avec parcimonie dans la mesure où l’on sent que la population a vraiment un apport important à faire, que le point de vue citoyen va permettre de faire évoluer la situation.
Les médias sociaux ont amené une nouvelle façon de consulter les citoyens. « On a porté beaucoup d’espoir là-dessus, notamment au début des années 2000 avec la campagne présidentielle d’Obama, indique notre interlocutrice. Les médias sociaux ont été clés pour mobiliser les jeunes, mais ils ont par la suite été discrédités parce que mis de l’avant par des groupes plus polarisants. Des études montrent que l’activisme en ligne est considéré comme « paresseux », car il suffit de cliquer sur un lien pour ajouter son nom à une pétition. Ce n’est pas comme apposer sa signature ou descendre dans la rue. Le cyberactivisme (slacktivism) peut néanmoins enclencher un processus par lequel une personne va devenir plus politisée et avoir envie de se mobiliser de nouveau et peut-être même davantage. »
Stéphanie Yates ajoute enfin que le travail des journalistes sur les enjeux locaux peut être le point de départ de consultations citoyennes efficaces incluant une discussion collective où chaque citoyen et groupe peut être écouté.
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