
Mercredi soir, la Maison de la culture Ahuntsic accueillait le spectacle Littérature du corps, créé en 2022 par la Fondation de danse Margie Gillis. Le Journal des voisins y a assisté.
Présenté grâce au programme Conseil des arts de Montréal (CAM) en tournée dans sept arrondissements durant la saison 2025-2026, le spectacle Littérature du corps affichait complet, ce mercredi 26 novembre, dans la nouvelle salle de la Maison de la culture de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.
Pour les quelque 280 spectateurs réunis, la soirée s’est révélée être bien plus qu’un simple rendez-vous artistique. C’était un témoignage d’émotions intenses et bouleversantes livré par huit danseurs, tout en mouvement et en silence.

Un programme double
Sous la direction artistique de la Montréalaise Margie Gillis — égérie de la danse dans le monde entier depuis 52 ans —, huit danseurs du Projet Héritage ont interprété deux pièces contrastées, mais complémentaires. Pour vous donner une idée, on peut voir des extraits du spectacle Littérature du corps et d’autres œuvres ici, parmi plus de 150 créations.
La première partie, accompagnée de la musique du duo Azam Ali et Loga R. Torkian, aborde la réalité de l’exil. Sans aucune parole, la chorégraphie donne corps aux déplacements forcés et à l’errance.
Les danseuses et danseur — Geneviève Boulet, Rachelle Bourget, Alexandra Caron, Marc Daigle, Caitlin Griffin (dont la longue chevelure blonde rappelait celle de Margie Gillis!), Ruth Naomi Levin, Hoor Malas et Susan Paulson — se répondent dans une gestuelle à la fois saccadée et incroyablement fluide.
Molly Bloom, comme une explosion de vie
La seconde partie, sans musique, change radicalement de ton. Inspirée par le monologue intérieur de Molly Bloom, personnage tiré d’Ulysse de James Joyce, la pièce plonge dans une cacophonie d’émotions, de pensées, de désirs, portée par une voix hors champ, tantôt féminine, tantôt masculine (notamment celle de la comédienne Anne-Marie Cadieux). Les textes servent de tremplin à une danse plus charnelle, presque incantatoire. On aurait dit du mime dansé, ou de la danse mimée, ai-je pensé!
Le public a fortement applaudi à la suite du crescendo très théâtral, quand les danseuses ont prononcé leur seul mot de la soirée, le «Oui» final de Molly Bloom, un moment d’espoir, où l’amour triomphe de la tourmente.
L’ovation s’est amplifiée quand la chorégraphe Margie Gillis est montée sur scène, pour saluer avec sa troupe d’artistes. Les spectateurs, surtout d’âge mûr, mais aussi des parents avec de jeunes enfants, étaient visiblement émus.

Le CAM en tournée
En s’arrêtant à Ahuntsic, Littérature du corps illustrait parfaitement l’objectif du CAM en tournée: offrir des œuvres profondément humaines au cœur des quartiers montréalais, là où les publics n’auraient pas toujours accès à de telles créations. La tournée 2025-2026 propose cette année 461 représentations sur l’ensemble de l’île.
Le spectacle Littérature du corps sera repris le 8 avril 2026 à la Maison de la culture Janine-Sutto et le 10 avril 2026, à la Maison de la culture de Verdun.

Rencontre avec Margie Gillis
Avant le spectacle, dans les coulisses de la salle de la Maison de la culture Ahuntsic, j’ai rencontré la danseuse et chorégraphe Margie Gillis, qui a réinventé la danse «contemporaine» il y a 52 ans. «À l’époque, mes spectacles en solo étaient quelque chose de nouveau, déclare-t-elle. Ma danse alliait un mouvement naturel avec de la poésie; même les pièces les plus longues étaient comme des épisodes qui racontent des histoires.»
«Quand on danse avec authenticité et spontanéité, on touche à la fois nous-mêmes et les spectateurs, continue Mme Gillis. Nos créations ont changé la vie de certaines personnes. Leurs blocages s’ouvrent, elles trouvent le courage d’être ce qu’elles sont et quelle route de vie prendre.»
Cette «mission» d’aider les gens à être mieux dans leur peau par le mouvement, le relâchement des émotions et la beauté de la danse se retrouve dans les activités de la Fondation de danse Margie Gillis. Par exemple: des ateliers participatifs, des classes de maître, des conférences, de la méditation guidée en mouvement…
Mme Gillis, 72 ans, danse encore, mais «pas assez souvent», dit-elle tout doucement. Elle a terminé en janvier 2025 la tournée de son spectacle Âgée, dans lequel elle montrait, en dansant, que prendre de l’âge peut être beau. Inspirante!
En ce moment, elle est la chorégraphe de la production L’âme du poète, qui reprend des chansons de Gilles Vigneault. La première a eu lieu le 4 novembre à Saint-Jérôme au Théâtre Gilles-Vigneault. La tournée continue en 2026, mais pas à Ahuntsic-Cartierville. Dommage, car le spectacle aurait fait salle comble, à voir l’enthousiasme du public à la Maison de la culture mercredi dernier!
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