L ’agrile du frêne est un gouffre financier annoncé! On l’a lu et on l’a entendu: les villes québécoises et les arrondissements de Montréal ont déjà dû payer des millions de dollars pour protéger les frênes du territoire, pour en couper de nombreux autres et pour planter de nouveaux arbres. Toutefois, certains aspects importants de l’équation ont été oubliés!
Saviez-vous que le frêne est un bois recherché?
Il peut être utilisé comme bois de charpente ou d’ébénisterie. Imaginez le potentiel de la région, si les municipalités, les moulins, les séchoirs, les entreprises et les écoles spécialisées, etc., s’étaient concertés et avaient proposé, dès le départ, un projet de développement économique constructif pour la région de Montréal avec les frênes qui devaient être abattus sur l’île de Montréal.
D’autres municipalités canadiennes l’ont fait. Même s’il est impossible pour l’instant d’arrêter la propagation de l’agrile du frêne, rien ne nous empêche d’amoindrir les impacts de ce fléau… et même d’en tirer un certain profit.
En tirer profit?
Pour l’instant, les autorités municipales montréalaises s’accordent pour dire que les coûts directs engendrés par l’agrile sont très élevés. À ce calcul, s’ajoutent les frais de santé liés aux îlots de chaleur, à la détérioration de la qualité de l’air et aux modifications de l’écoulement et de la rétention de l’eau de pluie.
Voici les chiffres rapportés par Radio-Canada au début des problèmes causés par l’agrile, en 2014.
♦ Budget actuel pour lutter contre l’agrile : 1,8 million de $
♦ Nombre de frênes à Montréal : 200 000
♦ Coût d’injection de biopesticides qui ralentit la propagation : 100 $ par frêne, par an
♦ Coût pour abattre un frêne : 3 000 $
♦ Valeur d’un arbre selon la Ville de Montréal : 100 000 $
Or, si les gestionnaires d’arrondissements, en plus de se regrouper pour solliciter des investissements des gouvernements et des acteurs du milieu, s’étaient concertés, les frênes auraient pu devenir une source de revenus. Les impacts financiers en auraient été d’autant atténués!
Stratégie actuelle
En 2014, la Ville de Montréal utilisait une stratégie nommée « SLAM » (Slow Ash Mortality). Cette dernière combine plusieurs méthodes pour ralentir la mortalité des frênes, minimiser les impacts de l’agrile du frêne et permettre aux municipalités de planifier les coûts de cette invasion.
En « contrôlant » le taux annuel de mortalité, il est possible de planifier et budgéter les coûts de remplacement, d’abattage, de conservation et de valorisation des frênes, mais serait-il possible d’aller plus loin?
Passif devient actif
Dès 2014, confrontée à la mortalité massive annoncée de près de 900 000 frênes dans l’actuelle décennie, Toronto a mis tous les intervenants du bois autour d’une même table pour mettre au point et lancer une chaîne de production et distribution du bois urbain. Ainsi, Toronto a réussi à transformer un passif en actif en stimulant ses industries locales.
Jusqu’en 2015, les municipalités du Québec considéraient le bois de frêne comme une matière résiduelle. Elles devaient payer pour faire abattre les arbres et pour se débarrasser du bois ainsi coupé.
Mais en 2015, un programme intitulé «On Frêne!» mis sur pied par le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), en collaboration avec d’autres partenaires, dont la Fédération des producteurs forestiers du Québec, a permis de donner une deuxième vie à ces arbres infestés.
«Face à cette problématique de l’agrile du frêne entraînant l’abattage passé, présent et futur de milliers d’arbres dans la grande région de Montréal, le Conseil de l’industrie forestière du Québec, la Fédération des producteurs forestiers du Québec, le Jour de la Terre Québec et le Regroupement des récupérateurs et des recycleurs de matériaux de construction et de démolition du Québec (3R MCDQ), se sont réunis afin d’offrir une solution aux municipalités pour donner une seconde vie au bois tout en respectant les normes phytosanitaires pour ne pas élargir la zone de contamination.»
Cet article a été publié la première fois dans la chronique urbaine de quartier, en avril 2014, et mis à jour en mai 2018.
Pour en savoir plus sur la deuxième vie donnée à l’agrile dans certains arrondissements de Montréal, cliquez ici.
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