Les nouvelles embauches d’infirmières au CIUSSS du Nord-de-l’Île ont à peine permis de compenser la vague de départs d’infirmières survenues depuis le début de la pandémie, il y a bientôt un an.
Les démissions chez les infirmières ont augmenté de près 50 % en 2020 par rapport à 2019, tandis que les embauches dans cette catégorie d’emploi n’ont augmenté que de 2 % durant la même période, selon des données fournies au JDV par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal.
Les démissions augmentent, les embauches restent stables
Au total, 178 infirmières ont remis leur démission l’an dernier. L’année précédente, elles avaient été 117 à quitter leur poste.
« Je ne suis pas surprise des chiffres », commente Kathleen Bertrand, présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Nord de l’Île (SPS NIM).
Elle souligne que si on comptabilisait également les infirmières parties à la retraite, le total des départs serait encore plus élevé. Et c’est sans compter les personnes en congé différé ou encore celles en congé de maladie prolongé, notamment pour cause d’épuisement professionnel.
En 2020, le CIUSSS a embauché 182 infirmières, soit tout juste quatre de plus que le nombre de départs enregistrés l’an dernier. Le nombre d’embauche était à peine plus élevé que l’année précédente, alors que 172 infirmières étaient entrées en poste au CIUSSS.
« On voit clairement qu’il y a un déficit entre les départs et les arrivées », observe la présidente du SPS NIM.
Chantage au temps supplémentaire
Kathleen Bertrand estime que les problèmes de rétention au CIUSSS tiennent, au moins en partie, au fait que les infirmières y sont encore régulièrement contraintes à faire du temps supplémentaire obligatoire.
« Souvent, il y a des pressions », dit Kathleen Bertrand.
Selon la présidente du syndicat, les infirmières sont parfois soumises à du « chantage » de la part des gestionnaires qui jouent sur leur sentiment de culpabilité de laisser leurs collègues débordées dans des unités surchargées pour les pousser à accepter de prolonger leurs quarts de travail. Dans certains cas, les gestionnaires inscrivent dans le logiciel de gestion du personnel qu’il s’agit de temps supplémentaire régulier et non de temps supplémentaire obligatoire, déplore le syndicat.
Pas de répit pour les infirmières
Malgré la baisse des cas et des hospitalisations observée depuis le mois dernier, les infirmières sont à bout de souffle.
« C’est sûr que la pression a diminué, mais reste qu’on vit avec les impacts de cette pression-là », dit la présidente du SPS NIM.
Certaines infirmières souffrent d’épuisement professionnel, d’autres vivent encore des séquelles d’une infection à la COVID-19. Celles qui restent en poste doivent contribuer au rattrapage dans les soins et les services qui ont été reportés en raison de la pandémie.
« La machine est en train de repartir, mais on n’a pas plus de personnel qu’il y a deux mois », soupire Kathleen Bertrand.
Comme plusieurs de ses membres, elle craint le spectre d’une nouvelle vague de cas qui pourrait venir compromettre la stabilité relative qui s’est rétablie dans les CHSLD et les centres hospitaliers du Nord de l’Île.
Elle s’inquiète notamment du fait que les assouplissements aux mesures sanitaires à l’approche de la semaine de relâche et l’émergence des nouveaux variants donnent un troisième souffle à la pandémie.
« On a l’impression d’avoir une épée de Damoclès sur la tête », lance la présidente du SPS NIM.
Difficile recrutement
Dans ce contexte, on comprend que le recrutement est difficile dans le réseau.
« Les besoins sont bien présents et nos efforts de recrutement sont constants », assure Marie-Hélène Giguère, conseillère-cadre au bureau des relations avec les médias du CIUSSS.
La porte-parole du CIUSSS fait valoir « qu’à l’instar de l’ensemble des établissements de santé et de services sociaux, nous faisons face à une pénurie de main-d’œuvre ».
À l’heure actuelle, une soixantaine de postes sont à combler en soins infirmiers, selon les affichages en cours sur le site du CIUSSS.
« Il manque beaucoup de gens, c’est vraiment difficile », constate Kathleen Bertrand.
Selon elle, la pénurie d’infirmières dans le réseau public est accentuée par la concurrence du privé qui offre à la fois de meilleurs horaires et de meilleurs salaires. Elle doute par ailleurs que la stratégie de recrutement d’infirmières à l’étranger règle quoi que ce soit à court terme.
« C’est un chemin de croix de se faire reconnaître à l’étranger », souligne-t-elle en ajoutant que l’objectif de 1700 infirmières représente une fraction des besoins de main-d’œuvre infirmière au Québec.
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