La peintre Marie-Chloé Duval au travail dans son atelier.
Marie-Chloé Duval à l’œuvre dans son atelier du District Central, situé au 185, rue Louvain Ouest. (Photo : courtoisie Jon Rose)

La Société de développement commercial du District Central (SDC) a réalisé un portrait des artistes du territoire, afin de mieux répondre à leurs besoins. La communauté artistique joue un rôle proactif dans la transformation du quartier, qui souhaite les voir rester.

Les artistes trouvent une certaine attractivité dans le secteur d’affaires du district Saint-Simon où ils arrivent en grand nombre, fuyant ainsi les quartiers victimes de gentrification tels que le Mile-End.

Face à cette diaspora artistique, la SDC du District Central a lancé en septembre dernier un appel d’offres, afin de brosser un portrait des artistes présents dans le quartier. Le but : mieux répondre à leurs besoins de logements pour mieux les accueillir et, surtout, les faire rester.

MCO Atelier, la firme de planification culturelle élue pour le projet, a récemment rendu son rapport sur la communauté artistique du District Central. En tout, ce sont près de 500 artistes qui ont travaillé sur le territoire en 2022, de façon permanente ou ponctuelle.

Un chiffre « impressionnant », selon Geneviève Dufour, directrice Stratégie et relations d’affaires à la SDC.

Précarité et incertitude

Marie-Chloé Duval, artiste du District Central, connaît les difficultés du métier car elle les a vécues dès sa reconversion professionnelle. À l’époque étudiante en criminologie, elle se projetait dans une carrière d’enseignement avant d’être piquée par la fièvre artistique.

Dès lors qu’elle commence sa carrière d’artiste, les négociations de baux deviennent ardues. La jeune artiste a dû justifier sa capacité de payer son loyer au propriétaire lors d’une visite fructueuse.

« Il ne voulait rien savoir. Puis je lui ai dit que j’enseignais aussi à l’université et il a tout de suite changé d’avis. Je me disais ”Ce n’est pourtant pas ça qui me rapporte des sous” », raconte Marie-Chloé Duval.

Par la suite, l’artiste évite la signature de baux en vivant dans des chambres à louer, ou bien avec des « copains ».

Choisir une carrière d’artiste requiert ainsi, selon Marie-Chloé Duval, une certaine « prise de risque ». Il n’est en effet jamais possible d’estimer ses revenus annuels : si chaque artiste met ses œuvres en vente à des prix différents, encore faut-il pouvoir les vendre.

Une autre embûche de la recherche de logement en étant artiste, d’après l’entrepreneure, réside dans l’offre de location d’ateliers sur le marché. Alors qu’elle cherchait un espace d’une superficie de 600 à 900 pieds carrés, les logements disponibles étaient soit des 200 pieds carrés partagés et très coûteux, soit des espaces au contraire bien trop grands pour le besoin d’un seul locataire.

« On peut couvrir les prix quelques années, mais la réalité d’artiste c’est aussi se demander : ”Est-ce que je peux vraiment m’engager comme ça trois ans, dans un bail commercial?” » témoigne la peintre originaire du Bas-Saint-Laurent.

Marie-Chloé Duval à New York
Marie-Chloé Duval dans son atelier à New York, où elle termine son cursus des beaux-arts. (Photo : courtoisie Keith Shelby)

Un quartier transformé

En 2018, elle trouve par hasard un atelier au District Central, où les prix des logements sont plus abordables qu’ailleurs. Elle décrit un quartier où il n’y avait rien, mais qui a fini par se transformer au fil du temps.

Geneviève Dufour affirme que cette métamorphose du territoire est due à « une communauté plus forte », grâce notamment aux nombreux travailleurs multiculturels arrivés dans le quartier ces dernières années. L’écosystème du District Central bénéficie aussi grandement de la présence des artistes, qu’elle qualifie de « levier de développement » pour le secteur.

L’accessibilité fait toutefois partie des obstacles à l’installation des créatifs, comme en témoigne l’étude réalisée par la SDC. Quant à elle, Mme Dufour affirme travailler activement à l’amélioration de la mobilité sur le territoire.

Pour Marie-Chloé Duval qui vit actuellement des augmentations de loyer à son atelier, les failles du quartier sont ses alliées. La peintre se questionne : « J’ai combien de temps avant que ça devienne trop cher pour moi? »

Loger les artistes

Le mandat de la SDC est aussi en lien avec le projet immobilier à venir au coin des rues Meilleur et Chabanel, le 9300, rue Meilleur. Ressources-Habitations de l’Ouest (RHO) deviendra l’exploiteur au terme des travaux de ces six tours résidentielles, qui accueilleront 190 logements communautaires.

Le promoteur, SBI Development, souhaite réserver ces logements à la communauté artistique du District Central, dont certains font déjà partie du comité de chapeautage, comme Marie-Chloé Duval.

Le sondage a révélé que 65 % des répondants du sondage sont ouverts à résider dans ledit bâtiment.

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