(Photo : Joran Collet, JDV)
Au viaduc Marcel-Laurin, des rainures et certaines parties de la structure de métal laissent voir que des camions ne respectent peut-être pas la hauteur suggérée pour leur passage, ou que le récent asphaltage a réduit la hauteur. (Photo: jdv J. Collet)

Le Réseau de transport métropolitain (RTM) et ses trains de la ligne Deux-Montagnes ont accusé de nombreux retards entre le 1er janvier et le 10 mars derniers. Les utilisateurs des trains des banlieues de l’Ouest ont dû prendre leur mal en patience. Parmi ces utilisateurs, il y a ceux qui prennent le train de cette ligne à la gare Bois-Franc et à la gare du Ruisseau. Quelques-uns de ces retards et annulations seraient dus à une infrastructure d’Ahuntsic-Cartierville.

Plus de mille retards ou annulations de trains ont été répertoriés sur les différentes lignes de trains du RTM. Ces problèmes trouvent une part de leur source au sein du territoire de l’arrondissement, au viaduc Marcel-Laurin, pour être plus précis.

Pour faire face à la situation, le RTM vient de présenter un plan d’action pour assurer la ponctualité de son service. Le document présente notamment les principales raisons expliquant les retards et annulations qui ont eu lieu en janvier et février.

Parmi les motifs les plus importants, on note des problèmes d’infrastructure, des soucis reliés au matériel roulant ou enfin des questions d’exploitation du rail par des wagons de marchandise pas exemple, le RTM n’étant pas propriétaire de tout son réseau ferroviaire, il doit partager la route avec d’autres utilisateurs. Ensemble, ces dernières raisons comptent pour près de 85% des retards sur l’ensemble du réseau.

Camions et viaduc

Parmi les catégories de retards ou d’annulations identifiées, on retrouve les obstructions de la voie ou encore des camions qui frappent des viaducs. Cette catégorie englobe 8% des retards et annulations. Ce pourcentage correspond à 84 incidents.

Pour ce motif, les regards se tournent vers Ahuntsic-Cartierville, et plus précisément sur le pont ferroviaire qui surplombe le boulevard Marcel-Laurin, qui se situe à la frontière avec l’arrondissement de Saint-Laurent.

En effet, les retards causé par des camions frappant des viaduc trouvent majoritairement leur source à cet endroit. Selon le RTM,  près de 22 retards et annulations sont imputables aux camions entre janvier et mars. Un nombre qui peut sembler à première vue minime. Toutefois, sur ces 22 chocs, on en compterait 18 uniquement pour ce viaduc, soit plus de 80% des incidents de ce genre uniquement à cet endroit.

Journaldesvoisins.com a tenté d’obtenir les chiffres des chocs sur l’infrastructure pour l’année dernière et/ou des retards occasionnés par ce problème. Toutefois, au moment de mettre en ligne, aucune information n’avait été transmise.

De l’asphalte en cause?

La situation n’est pas nouvelle. Depuis l’automne, des incidents se produisent occasionnellement à cet endroit. Une réalité qui s’explique peut-être notamment part la réfection de l’asphalte par la Ville de Montréal, réfection qui avait pour but de réduire les rainures qui se sont formées avec le temps sur le boulevard Marcel-Laurin.

«Nous avons remarqué une hausse de la fréquence des collisions camion avec le viaduc Marcel-Laurin suite à des travaux d’asphaltage effectués par la Ville l’automne dernier», souligne Élaine Arsenault, conseillère – Relations médias communication et affaires publiques au Réseau de transport Métropolitain.

Cette réparation bien que mineure aurait surélevé le sol de quelques millimètre et les camions qui passaient aisément en-dessous du viaduc sont parfois maintenant plus haut qu’ils ne le devraient.

En plus de représenter un risque pour les voitures et les camions, chaque incident nécessite une inspection de la part du RTM avant qu’un train ne puisse passer de nouveau sur le viaduc.

Il faut donc qu’un inspecteur se déplace sur les lieux mêmes pour s’assurer qu’il n’y a aucun risque pour les utilisateurs des services du RTM. Cependant, si aucun inspecteur n’est disponible, ou s’il met trop de temps pour se rendre sur place,  le service doit être interrompu.

Des dégâts visibles

Lors du passage du journaldesvoisins.com sous le viaduc du boulevard Marcel-Laurin, il semblait évident que celui-ci avait subi de nombreux dommages.

Sur la bavette du viaduc, des traces de frottement sont bien présentes. Il en est de même sous le viaduc, là où le béton a vraisemblablement été usé par le passage répété d’un objet. Sur le bord du viaduc, plusieurs morceaux de la structure se sont détachés et par endroit, des bouts d’acier sont mis a nus. Difficile toutefois de dire si ces derniers bris sont récents ou même s’ils sont bien le résultat d’un accrochage avec un camion ou du résultats d’autres incidents.

Solution difficile

Depuis la mi-mars, le RTM indique sur son site que la situation s’est fortement améliorée au cours des derniers jours. La ligne Deux-Montagnes est cependant toujours en tête de liste pour les retards et les annulations.

Les deux entités ont souligné à journaldesvoisins.com que des discussions sont en cours afin d’éviter que de tels événements se reproduisent.

Il s’agit d’une situation complexe pour chacune des parties. Du côté de la Ville, on assure que toutes les mesures ont été prises pour s’assurer que tout soit en règle.

«En début d’année 2018, la Ville a procédé à un relevé d’arpentage qui confirme que la hauteur libre est la même qu’avant les travaux et que la hauteur indiquée sur les panneaux  est conforme», souligne Marilyne Laroche Corbeil, relationniste à la Ville de Montréal.

Après plusieurs mesures prises sous tous les angles, la hauteur indiquée sur le panneau serait la bonne. Mme Laroche Corbeil précisait aussi, que le panneau a toujours indiqué cette hauteur, même lorsqu’il y avait des problèmes avec l’asphalte. Cette dernière en appelle plutôt à la vigilance des camionneurs qui emprunteraient cette route.

«Rappelons qu’il est de la responsabilité des camionneurs de connaître la hauteur de leur véhicule et de s’assurer qu’ils ont le dégagement nécessaire pour circuler sous un viaduc», précise Mme Laroche Corbeil.

La Ville-centre avait d’ailleurs mis plusieurs indications afin d’éviter tout accrochage futur.

«Un panneau à affichage variable a été installé pendant une semaine afin d’attirer l’attention des camionneurs. De la signalisation avancée permanente a également été installée. Les camionneurs peuvent aussi utiliser l’application Cargo Mobile, développée par la grappe métropolitaine de logistique et transport,  afin de planifier leur trajet en fonction des caractéristiques de leur chargement (poids, dimensions, trajet, etc)» souligne la relationniste à la Ville de Montréal

Difficile de savoir comment la Ville-centre et le RTM comptent régler le problème. Pas question pour la Ville-centre de refaire l’asphaltage et pour le RTM, qui est responsable du viaduc, il semble que, outre les représentations auprès de la Ville-centre et réparer le viaduc le cas échéant, le Réseau ne puisse pas faire grand chose pour régler la situation.

La solution serait-elle d’installer des caméras afin de vérifier, le cas échéant, si des camions qui sont des utilisateurs récents du viaduc Marcel-Laurin, ne suivent pas les règles de la hauteur suggérée par la signalisation? Ou les camionneurs estiment peut-être mal la hauteur de la benne de leur camion?

 

Journaldesvoisins.com a demandé une appréciation de la situation à l’Association du camionnage du Québec et à l’Association des routiers professionnels du Québec.

Contacté par journaldesvoisins.com, Charles Englehart, directeur général de l’Association des routiers professionnels du Québec, s’est dit étonné du nombre d’incidents impliquant des camionneurs. Il souligne qu’aucune instance n’a pris contact avec l’Association pour prévenir de la récurrence du problème ou faire passer un mot d’ordre aux camionneurs qui emprunteraient cette voie. De plus, il confirme qu’il est obligatoire pour les camionneurs qui pratiquent au Québec de signaler tout incident et faire inspecter son véhicule à chaque événement de ce genre.

 «Tout conducteur de camion qui heurte le viaduc doit en aviser le propriétaire ou le service de police de la région», souligne Marie-Josée Michaud, Agente aux relations publiques à la SAAQ.

Un manquement à ce devoir peut avoir une conséquence importante puisque le conducteur peut se voir amputer près de 9 points à son permis. Celle-ci rappel notamment qu’il est du devoir du camionneur de s’assurer de respecter la hauteur de son camion.

M. Englehart note toutefois que plusieurs éléments peuvent influencer la hauteur d’un camion dont la pression des pneus ou la température et tromper le chauffeur au moment de passer sous une structure.

 

 

 



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