Le chalet du parc Saint-Simon-Apôtre rend désormais le juste hommage aux femmes d’acier. Ces dames, issues de l’immigration, sont les héroïnes qui ont assumé les durs labeurs de l’industrie textile du quartier. Voilà leur sacrifice enfin reconnu, au siècle suivant.
«Lorsque je suis arrivée et que j’ai vu la murale, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer», témoigne Antonietta, femme d’acier présente à l’inauguration de la murale le 18 octobre. Antonietta a immigré au Canada depuis l’Italie dans les années 1960. Elle a travaillé plus de 40 ans dans les usines textiles de Montréal.
À l’époque, comme de nombreuses autres femmes, Antonietta est payée à la pièce. Lancée dans son labeur, elle ne peut ne serait-ce que prendre une pause pour aller aux toilettes, au risque de voir sa rémunération annulée.
«Ce n’était pas facile de travailler à la pièce dans les manufactures. Nous avons beaucoup souffert! Mais aujourd’hui, nous sommes contentes. C’est du passé. Et si je devais le refaire, je le referais», confie Antonietta au Journal des voisins (JDV).
C’est ici, au parc Saint-Simon-Apôtre, que les femmes d’acier se retrouvaient, à l’époque, après le travail pour échanger. Elles s’y consolaient en partageant leur quotidien fastidieux. Antonietta témoigne par exemple que trois jours de travail complet, sur une seule pièce textile, lui rapportait à peine plus de 6 dollars.
Désormais, ce lieu de rassemblement prend tout son sens avec cette nouvelle fresque, intitulée La murale des Femmes d’acier. Ornant les murs du chalet du parc Saint-Simon-Apôtre, elle a été réalisée par les artistes Nicole Boyce et LNK, sous l’égide du collectif Projet Tyxna. L’œuvre d’art urbain vise à rendre enfin hommage à ces héroïnes, oubliées de l’industrie textile montréalaise.
Un hommage collectif
La murale des Femmes d’acier est le fruit du travail de nombreux partenaires, dont le Centre des femmes solidaires et engagées (CFSE), la Ville de Montréal, l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, Prévention du crime Ahuntsic-Cartierville, le collectif Tyxna et la Société de développement commercial (SDC) du District Central. La participation notable du club d’âge d’or Jean Cabot est à noter également.
La fresque est née sur l’initiative de Me Margherita Morsella, avocate et fervente défenseuse des femmes. L’arrondissement a financé le projet à hauteur de 10 000 $ et 30 000 $ ont été issus du programme d’art mural par la Ville de Montréal. La SDC du District Central a également participé financièrement à réaliser cette œuvre hommage, au cœur de son secteur.
Suites du projet
Le projet des Femmes d’acier ne s’arrête pas à la murale qui orne désormais le chalet du parc Saint-Simon-Apôtre et dont l’inauguration se tenait mercredi 18 octobre. Cette dernière constitue en effet la deuxième expression du projet. Les Femmes d’acier avaient en effet réalisé un collage monumental, en compagnie des artistes, plus tôt cette année au CFSE.
«Je suis ravie de cette murale. C’est une fête, une véritable célébration qu’elles méritent», a commenté Me Margherita Morsella. En outre, l’instigatrice du projet souhaite poursuivre cette démarche documentaire, notamment par la réalisation d’une deuxième murale. Celle-ci devrait voir le jour dans la Petite Italie.
Le comité en charge du projet des Femmes d’acier travaille activement à l’élaboration de cette deuxième murale, qui devrait se consolider en 2024. La moitié des fonds a été récoltée, mais le comité est toujours en recherche active de financement.
Un documentaire et un défilé en l’honneur des Femmes d’acier sont également prévus pour honorer ces dames de fer. Pour l’heure, le chalet du parc Saint-Simon-Apôtre témoigne à son tour de l’Histoire du quartier Chabanel et de son passé textile.
La murale des Femmes d’acier est une parmi la vingtaine que compte l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. En 2017, le Journal des voisins avait présenté les fresques existantes et celles disparues dans ce dossier.
Restez informé
en vous abonnant à notre infolettre
Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.
Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.
Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.