Les loutres de rivière en hiver. Photo : Shutterstock

De la fenêtre de la Maison du Ruisseau, où notre équipe travaillait alors, on pouvait voir la neige tomber sur le marais du ruisseau Bertrand. Dans le froid de l’hiver, une scène fascinante s’offrait à nous à la péninsule du Bois-de-Liesse. Un groupe de loutres de rivière s’ébattait joyeusement, glissant gracieusement sur la glace et plongeant dans les eaux gelées à travers des brèches naturelles. Leur énergie semblait contraster avec la quiétude hivernale du marais silencieux.

Les loutres de rivière sont de remarquables acrobates des milieux aquatiques, et leur survie en hiver repose sur un éventail d’adaptations fascinantes.

Leur pelage dense constitué de deux couches offre une isolation exceptionnelle contre le froid mordant. Une couche interne très fine de sous-poils les garde au chaud, tandis qu’une couche externe d’épaisse fourrure imperméable repousse l’eau glacée. De plus, ces mammifères possèdent des glandes produisant une huile qui aide à renforcer cette protection naturelle.

Mais ce n’est pas tout. Les loutres sont aussi capables de retenir leur souffle pendant plusieurs minutes, un atout crucial pour plonger sous la glace à la recherche de poissons et d’autres proies. En hiver, elles choisissent de s’installer là ou des zones de glace fragmentée facilitent l’accès à l’eau. Elles recherchent aussi des berges ayant des abris naturels ou pouvant être excavées.

De plus, en hiver, il n’est pas rare de les voir actives de jour, bien que les loutres de rivière soient généralement nocturnes. Elles profitent ainsi des températures plus douces et de quelques rayons de soleil.

Traces de loutre de rivière dans la neige, menant à une tanière dans la berge. Photo : Shutterstock.

La glisse et autres jeux

Un élément étonnant de leur comportement hivernal est leur utilisation de la glisse comme mode de déplacement. Sur la glace du marais, les loutres se propulsaient avec leurs pattes puissantes, se laissant ensuite glisser sur leur ventre. Il n’est d’ailleurs pas rare d’observer des traces laissées par leurs glissades. Ce comportement, bien qu’amusant à observer, a aussi un objectif pratique : il permet d’économiser de l’énergie tout en se déplaçant efficacement.

Le groupe que j’ai eu la chance d’observer était composé d’une femelle adulte et de ses petits nés au printemps précédent, un regroupement typique chez les loutres de rivière. La mère ouvrait la marche, s’arrêtant régulièrement pour s’assurer que les trois petites loutres suivaient. Ces dernières glissaient maladroitement derrière elle, s’arrêtant parfois pour se chamailler joyeusement avant de repartir à toute vitesse. Les femelles jouent un rôle central dans l’éducation des jeunes, et l’hiver est une période d’apprentissage intensif. Le jeu, un élément omniprésent dans leur comportement, sert à développer des compétences essentielles à leur survie. En observant leurs glissades, leurs plongeons et leurs chasses simulées, on comprend que ces activités leur enseignent non seulement à perfectionner leur habileté à attraper des proies, mais également à naviguer dans des environnements complexes, voire dangereux, ainsi qu’à construire des liens sociaux.

Nos parcs nature

Cette observation hors du commun dans la nature m’a fait réfléchir sur l’importance de prendre le temps d’explorer les parcs en milieu urbain. Ils regorgent de secrets et de surprises. Visitez-vous régulièrement ces espaces? Les parcs nature comme celui du Bois-de-Liesse ou de l’Île-de-la-Visitation, mais aussi le parc de la Merci ou des Bateliers, sont des havres parfaits pour observer non seulement les loutres, mais aussi d’autres mammifères semi-aquatiques actifs en hiver, comme les castors et les rats musqués. Ces créatures jouent un rôle vital dans leurs écosystèmes et nous offrent une occasion unique d’émerveillement, même dans le froid de l’hiver. Alors, habillez-vous chaudement, munissez-vous de jumelles, et partez à la rencontre de la nature hivernale à deux pas de chez vous!

Anne Frédérique Préaux, chargée de projet, conception, GUEPE

Cet article a été publié dans la version papier du JDV hiv er 2025.



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