Une courtepointe distinctive de la Promenade Fleury. Photo : JDV

  

Depuis la pandémie, la situation des commerces de proximité a évolué. Les façons de faire ne sont plus les mêmes, les acheteurs ont changé leurs habitudes de consommation, les prix ont augmenté et les secteurs d’activités sont en évolution, ce qui change le portrait d’ensemble.

La pandémie, qui parfois a le dos large, a réellement affecté les commerces. Selon Robert Lalancette, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Promenade Fleury, les changements de comportements des consommateurs sont permanents. « On vit le 2e ressac, la pandémie a changé la façon de faire des achats, donc de faire des affaires. »

Selon M. Lalancette, plusieurs facteurs affectent le commerce de proximité : l’augmentation des loyers, la pénurie de main-d’œuvre, le coût des matières premières et les habitudes des consommateurs. Tous ces éléments font que le secteur du commerce est en mutation et qu’il faut changer la façon de faire les choses. Il ajoute : « Les gens sont réfractaires aux changements, mais on ne peut pas espérer des résultats différents en faisant toujours la même chose. Les consommateurs, eux, ne font plus la même chose. Qui aurait dit, il y a 10 ans, qu’on pourrait acheter des pneus en ligne? »

Les enjeux

La situation ne découle pas d’une seule cause, il faut les examiner et changer les manières de faire pour espérer tirer son épingle du jeu. « C’est un secteur en changement, on est tous confronté aux mêmes problèmes », souligne Pierre Méthé, coordinateur de la SDC Fleury Ouest (FLO).

Le directeur de la SDC Promenade Fleury pose la question : « Faut-il se spécialiser encore plus ou, au contraire, augmenter son offre de produits? On se rend compte que les commerces sont de plus en plus spécialisés. Prenons l’exemple de Joubec, qui ferme ses portes. Est-ce l’arrivée de Randolph, une boutique spécialisée en jeux de société organisant des soirées entre joueurs qui lui fait concurrence, ou est-ce le fait qu’on vend des jouets dans un Jean Coutu ou un Renaud-Bray qui fragilise la situation d’un commerce ? »

La mixité commerciale est un autre enjeu de taille. Les rues commerçantes doivent, pour conserver leur attractivité et fidéliser la clientèle, regrouper plusieurs offres.

Un dernier enjeu, et non le moindre, est que le travail de gestionnaire d’une boutique a changé; il faut gérer les réseaux sociaux, la boutique en ligne et attirer la clientèle avec des événements.

Chose certaine, les commerçants sont d’accord pour dire qu’il faut désormais une présence en ligne en plus d’avoir pignon sur rue.

L’achat local

L’achat local, dont nous entendons de plus en plus parler, est un facteur positif pour l’achalandage d’une rue comme Fleury. Ahuntsic a la chance d’avoir une clientèle fidèle depuis plusieurs années, fréquentant assidûment ses commerces. Le quartier se transforme, malgré tout, avec de nouvelles familles qui s’installent et qui aiment, elles aussi, accéder à tous les services en moins de 15 minutes à pied. L’enjeu est de conserver une offre globale.

La restauration

La restauration est un des secteurs touchés par ces changements. Plusieurs facteurs affectent ces commerces et l’on pense tout de suite à la pénurie de main-d’œuvre qui les affecte. « La restauration est un moteur important de la fréquentation d’une artère commerciale et les restaurateurs qui ont survécu à la COVID ont largement écopé de la pénurie de main-d’œuvre. Les employés ont trouvé d’autres emplois et ne sont pas tous revenus en restauration. Les heures d’ouverture sont, depuis, souvent modifiées », souligne M. Lalancette. Le coût des matières premières et la hausse des loyers s’ajoutent aux autres difficultés rencontrées en restauration.

Pierre Méthé, de la SDC Fleury Ouest (FLO), ajoute qu’il constate aussi le ralentissement vécu par les restaurateurs. « Ils vendent moins de vin, les clients réduisent leur facture de nourriture et fréquentent moins souvent les établissements. »

Taux d’occupation

« On est choyé sur la Promenade, nous avons un des taux d’occupation les plus élevés. Nous n’avons jamais eu des 10 ou 15 % d’inoccupation. Le plus souvent, si ça prend du temps pour louer un espace, c’est qu’un proprio attentif à la diversité n’est pas prêt à louer à n’importe qui. Une artère commerciale doit espérer pouvoir compter sur les proprios pour assurer une mixité commerciale viable pour tous », affirme Robert Lalancette.

En ce qui concerne le taux de vacance sur FLO, il est à peu près nul. « La construction et les rénovations qui se font présentement sont des signes favorables pour la suite des choses, » nous dit M. Méthé.

La nouvelle SDC Fleury Est compte 120 membres sur une possibilité de 165, elle a donc un taux d’inoccupation assez important. Le début des opérations de la nouvelle SDC, qui a démarré en novembre 2024, se fera à travers un plan d’action en préparation pour 2025.

« C’est un secteur un peu oublié, dans lequel il n’y a pas eu autant d’investissement, pas d’enfouissement des fils électriques, pas d’éclairage adapté par exemple. Ça fait de ce bout de Fleury une artère plus fragile, plus discontinue. Nous sommes conscients que nous avons beaucoup de travail à faire, explique Jean-François Soulières, commissaire au développement économique de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Cet article est paru dans la version papier du JDV hiver 2025.



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