L’Université du troisième âge (UTA) est un programme qui permet aux gens de 50 ans et plus souhaitant accroître leurs connaissances de suivre des cours. L’UTA possède une antenne liée à l’Université de Sherbrooke dans Ahuntsic – Bordeaux – Cartierville (ABC).
Fondée en 1999, l’Antenne ABC privilégie le domaine de la géopolitique dans ses enseignements. Dans les dernières années, elle a notamment donné des cours portant sur le génocide arménien, le Premier Reich et l’avenir de l’Union européenne. Cependant, depuis le printemps dernier, ses inscriptions sont désormais en chute libre.
« Normalement, il y avait une centaine d’inscriptions au total lors du cours au printemps. Cette année, on a presque dû l’annuler puisqu’il y en avait seulement 24 », déplore Yvon d’Argy, membre du conseil d’administration et responsable du soutien à l’inscription pour l’Antenne ABC.
Cette baisse est toutefois loin d’être unique à cette branche. Selon Monique Harvey, directrice de l’UTA à l’Université de Sherbrooke, c’est un phénomène généralisé : « Lorsqu’on regarde de façon globale, dans toutes nos antennes, on observe une tendance à la baisse en ce qui a trait aux inscriptions. »
Mme Harvey indique qu’il n’y a pas de raison unique expliquant cette chute. D’après elle, les effets de la pandémie seraient cependant en cause. Elle précise qu’avec une moyenne d’âge de 68 ans, plusieurs étudiants de l’UTA seraient encore frileux à l’idée de se rassembler en groupe et de suivre des activités de ce genre.
Selon M. d’Argy, les avantages de suivre un cours de l’UTA sont indéniables : « C’est un moyen de s’informer à peu de frais [75 $], près de chez soi. Il n’y a pas de prérequis et les étudiants ont le choix de s’inscrire à un cours le matin, ou en après-midi. »
À la session d’automne, un cours de deux heures par semaine sera offert par l’Antenne ABC dans la salle communautaire de l’église Saint-Jude, sur l’avenue d’Auteuil, à quelques pas du métro Sauvé. Il portera sur l’histoire des États-Unis de 1850 à 2022. Les inscriptions en ligne débuteront le 23 août à 9 h.
Des bénéfices réels
Malgré les problèmes auxquels fait face l’UTA en ce moment, les experts sont unanimes quant aux bienfaits de poursuivre l’apprentissage en vieillissant. Selon André Lemieux, professeur au département d’éducation et pédagogie de l’UQAM spécialisé en gérontologie, suivre des cours du genre aide sur le plan cognitif :
« D’un point de vue cérébral, c’est très important, puisque ça maintient une personne âgée avec un cerveau bien oxygéné. Ça peut même faire reculer plusieurs maladies dégénératives. »
Il explique que tel un muscle, il est important de faire travailler le cerveau pour éviter sa dégradation : « Il faut entraîner le cerveau. La plupart des personnes âgées s’intéressent moins à des activités cérébrales avec l’âge, mais ce n’est pas idéal. »
À la blague, il indique que jouer au bridge, c’est bien, mais qu’il faut en faire encore plus. Il explique qu’il faut pratiquer des activités ayant des exigences intellectuelles de haut niveau.
Un modèle vétuste?
Selon M. Lemieux, qui étudie l’éducation chez les personnes plus âgées depuis des décennies, le modèle mis de l’avant dans plusieurs UTA n’est plus actuel. Il parle des cours où les gens reçoivent de l’information sur une matière qui ne les intéresse ou ne concerne pas nécessairement. Cela pourrait expliquer la baisse des inscriptions :
« Ça a fonctionné pendant un certain temps, mais je pense que c’est moins à la mode. Aujourd’hui, on peut se renseigner à la télévision ou sur Internet. Je pense que ce modèle est dépassé et qu’il faut passer à autre chose. »
D’après lui, puisque de plus en plus de aînés sont déjà très éduqués (la plupart ont des baccalauréats), ce modèle est moins adapté à eux et ils ont besoin de quelque chose de plus enrichissant. Ils peuvent notamment s’inscrire à des cours réguliers dans n’importe quelle université.
M. Lemieux donne l’exemple de l’UQAM qui offrira un Diplôme d’études supérieures spécialisées (D.E.S.S.) en gérontologie d’une dizaine de crédits dès 2023. Ce programme regroupera des gens du troisième âge, ainsi que des intervenants auprès des personnes âgées.
Un dialogue sera ainsi créé, permettant aux aînés de mieux communiquer et de faire entendre leurs besoins, entre autres dans leurs résidences.
Mme Harvey, quant à elle, pense que la solution passe aussi par des cours en ligne : « L’Université du troisième âge offre davantage d’activités à distance qu’avant. Les personnes âgées sont beaucoup plus habiles avec la technologie qu’avant la pandémie, donc il faut profiter de cela. »
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Au nom des membres du CA de l’Antenne ABC, j’aimerais ajouter que nos étudiants choisissent les sujets qui les intéressent pour « le Plaisir d’apprendre ». Et ce, tout en ayant la possibilité de d’accroître leurs connaissances, de partager avec le professeur et les autres étudiants tant sur le plan intellectuel que social. C’est là, la formule gagnante de notre Antenne.
Les membres du CA : Monique Bisson, Yvon d’Argy, Michèle-A. Desjardins-Pépin, Martial Rancourt, Louise Thibaudeau.