
Paradoxalement, la déferlante du numérique ne semble pas affecter gravement la fréquentation des ados aux maisons des jeunes, véritables espaces de socialisation, notamment par la pratique de diverses activités sportives et différentes formes de loisirs.
Basketball, volleyball, soccer, yoga, gym libre, randonnées sont parmi les activités aux programmes des maisons des jeunes dans notre arrondissement. Leurs équipes sont de plus en plus invitées à faire preuve d’imagination pour « faire beaucoup avec peu », pour reprendre l’expression qui revient souvent dans les propos de nos interviewés.
Lia, Justin et Leonel font partie des ados que nous avons rencontrés lors de notre visite aux locaux du Squatt, la Maison des jeunes d’Ahuntsic. Membres actifs du conseil des jeunes, ils se réunissent une fois par mois pour discuter de sujets qui les préoccupent et faire des propositions à la direction pour développer les activités de la maison. Leur mise à contribution dans les activités de cet espace de socialisation entre jeunes leur permet de développer leurs habiletés communicationnelles et organisationnelles. « La fréquentation de la maison nous permet de décrocher et de tisser des liens de camaraderie dans un cadre autre que celui de l’école », affirment-ils, heureux des bienfaits que cela a sur leur épanouissement et sur leur développement personnel, sous l’encadrement d’intervenants bienveillants.
Par et pour les jeunes
« On doit s’ajuster continuellement aux besoins », lance Marytza Leiva, intervenante jeunesse. En poste depuis cinq ans, elle indique que « chaque année est différente et présente de nouveaux défis ».
Avec un budget annuel moyen d’environ 175 000 $ par établissement, les équipes des maisons des jeunes développent une capacité certaine à faire des prouesses budgétaires pour boucler la boucle.
« Ce montant couvre une petite partie de nos besoins pour fonctionner minimalement et correctement », dit Maxime Larcher, coordonnateur à l’intervention. Selon le Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ), les besoins réels de ses 243 membres, dont le Squatt, s’élèvent à environ 700 000 $ en moyenne par maison. Dans un communiqué publié à l’occasion de la Semaine des maisons des jeunes du Québec, tenue en octobre dernier, cet organisme indiquait que le manque à gagner global est de l’ordre de 125 millions $, soit 515 000 $ par MDJ.
Le coordonnateur note que si l’on parle souvent du sous-financement des organismes communautaires, le cas des maisons des jeunes est encore plus préoccupant.
Trop de roulement !
Le roulement du personnel est une autre paire de manches. Les maisons des jeunes n’arrivent pas à inscrire dans la durée les rapports entre intervenants et jeunes. La rétention du personnel est leur souci permanent.
« Beaucoup de nos anciens membres gardent de bonnes relations avec la maison. Ainsi, et pour répondre à nos besoins, on les engage à temps partiel comme intervenants », indique Michaël Huot, directeur général de la Maison des jeunes de Bordeaux-Cartierville (MDJ B-C).
Aussi, il souligne l’importance du soutien de partenaires locaux tel que le YMCA-Cartierville dans la tenue de la programmation hebdomadaire et surtout pour l’organisation des grands événements – notamment sportifs – qui connaissent un engouement important durant la saison estivale. Il donne l’exemple de la ligue de volleyball qui a l’avantage de renforcer la participation des filles. Michaël évoque aussi le gala sportif organisé en été pour la remise des prix aux jeunes qui ont participé aux différentes activités sportives organisées par la MDJ B-C, fréquentée annuellement par environ 500 jeunes de 12 à 17 ans.
Entrepreneuriat sportif
L’un des exemples éloquents quant au rôle socio-éducatif des maisons des jeunes dans notre quartier est celui de la coopérative ProShop que l’on doit aux jeunes du Squatt. Située dans l’aréna Ahuntsic, cette coopérative d’aiguisage de patins et de prêt de matériel pour patiner ou jouer au hockey est opérée par un groupe de jeunes. Certains d’entre eux ont été formés à la CIEC (Coopérative d’initiation à l’entrepreneuriat collectif), un projet d’éducation au marché de l’emploi et d’initiation des jeunes à l’entrepreneuriat coopératif.
Les jeunes de ProShop ont ainsi l’opportunité d’avoir une expérience d’emploi dans un cadre de travail communautaire qui leur permet de s’initier à la gestion démocratique et à l’organisation collective d’une entreprise de type coopératif. Chaque saison, les plus anciens jeunes gestionnaires de ProShop veillent à encadrer les recrues qui prennent ainsi la relève pour poursuivre le développement de ce projet qui bénéficie du soutien de la Ville de Montréal, laquelle prête gratuitement le local.
Gala sportif de la MDJ B-C organisé à l’école La Dauversière-Évangéline, été 2024. (Photo : Courtoisie MDJ B-C)
Cet article a été publié dans la version papier du JDV d’avril 2025.
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