
Saviez-vous qu’à peine 0,4 % de la population de l’arrondissement s’est déclarée d’identité autochtone lors du recensement effectué par Statistique Canada en 2016 ? Moins de la moitié de ces personnes font partie des Premières Nations, les autres se définissent comme Métis.
La découverte d’artéfacts datant de 3000 à 4000 ans aux abords de l’église de la Visitation et de la traverse l’Archevêque à Montréal-Nord nous confirme que des populations autochtones fréquentaient de longue date la rivière des Prairies. Les Kanyen’kehà:ka (Mohawks) et les Hurons-Wendats, deux peuples de langues iroquoiennes, ainsi que les Anichinaabés, également connus sous le nom d’Algonquins au Québec, et d’autres encore y vivaient au 17e siècle. Le peu de fouilles archéologiques effectuées dans le versant nord de l’île de Montréal n’a pas permis de localiser des lieux d’habitation permanents.
Ce territoire n’a pas été cédé par les premiers peuples. La doctrine de la découverte, un concept dont la source est un édit émis en 1493 par le pape Alexandre VI, et le principe de terra nullius – terre de personne – sont les bases idéologiques qui ont permis aux rois de France de s’arroger le droit de s’approprier ces terres sans avoir à les conquérir militairement.
Le 9 mars 1663, la Société Notre-Dame de Montréal cède à la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice la seigneurie de l’Île-de-Montréal. Les Messieurs de Saint-Sulpice la dirigeront jusqu’en 1840. Ils y fondent 11 paroisses rurales divisées en censives concédées à des colons qui, en échange, doivent payer une redevance annuelle. Les Messieurs se gardent un important domaine au nord de l’île. À compter de 1696, ils y déplacent la mission d’évangélisation du fort de la Montagne vers le fort Lorette. Après une vingtaine d’années à défricher les terres autour du fort, les autochtones sont incités à s’établir aux Deux-Montagnes avec l’espoir que ces terres deviendront leur propriété.
Après leur départ, les terres ainsi valorisées sont concédées à des colons français. Des moulins sont construits près du fort Lorette, et le village du Sault-au-Récollet se développe tranquillement. Malgré la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques en 1760, le régime seigneurial demeure en place jusqu’au milieu du 19e siècle. La population des paroisses du Sault-au-Récollet et de Saint-Laurent, dont est issu le territoire de l’arrondissement, demeure pendant des générations de souche française.
À partir de 1840, une succession de lois mènent à l’établissement du régime municipal. Les privilèges seigneuriaux sont abolis en 1855. Le morcellement et le lotissement des terres entraînent progressivement leur marchandisation. La société passe sous le contrôle des marchands et des financiers britanniques. Malgré une importante immigration à Montréal en provenance des îles britanniques, la composition de la population du nord de l’île change peu. Si des Britanniques y deviennent fermiers ou commerçants, une bonne partie d’entre eux n’y sont que des propriétaires estivants.
Les lois fédérales limitent très strictement l’immigration vers le Canada. Avec les années, quelques immigrants s’installent tout de même dans les quartiers du nord. L’immigration demeure très largement de souche européenne, blanche et chrétienne jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, comme en témoignent les données du recensement fédéral de 1931 pour le quartier Ahuntsic de la ville de Montréal.

À partir des années 1950. Montréal connaît de grandes vagues d’immigration des pays plus pauvres du sud de l’Europe : Italie, Grèce, Portugal.
En 1962, Ellen Fairclough, alors ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, présente un nouveau règlement sur l’immigration qui élimine les discriminations raciales évidentes des politiques d’immigration antérieures. La compétence devient le principal critère permettant de déterminer l’admissibilité au pays, plutôt que la race ou l’origine nationale. En 1968, le gouvernement provincial fonde son ministère de l’Immigration avec à l’esprit d’empêcher que le français ne perde sa place au Québec.
Au cours des décennies subséquentes, de nouvelles réglementations fédérales vont faciliter la réunification de familles émigrées et l’arrivée de réfugiés politiques, puis économiques. Aujourd’hui, plus de 40 % de la population d’Ahuntsic-Cartierville est issue de l’immigration récente. Environ un tiers des résidents s’identifient à une minorité visible, et près de 15 % n’ont pas la citoyenneté canadienne. Les plus récents arrivants ont comme lieu de naissance les pays suivants : Algérie, Syrie, Maroc, Haïti, Cameroun, Côte d’Ivoire, Tunisie, Liban, France, République démocratique du Congo, Moldavie et Ukraine.
Cet article a été publié dans la version papier du JDV d’août 2025.
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