La caserne Bois-de-Boulogne. Ce nom, qui peut sembler banal, fait pourtant référence à un bâtiment d’une grande importance historique, située sur l’avenue de Bois-de-Boulogne, dans Bordeaux-Cartierville.
En effet, cet édifice est construit entre 1913 et 1914 selon les plans de Charles-Aimé Reeves (1872 à 1948), l’un des principaux architectes montréalais de son époque, qui conçoit, entre autres, l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus (entre 1903 et 1906), et les hôtels de ville de Pointe-aux-Trembles (en 1912) et de Terrebonne (entre 1923 et 1931).
Le bâtiment situé au 12137 et au 12139, avenue de Bois-de-Boulogne, et inauguré en 1915, abrite la caserne de pompiers nº 38, mais également le poste de police nº 26, jusqu’en 1977. On y trouve aussi une bibliothèque à compter de 1974, mais l’édifice est par la suite abandonné pendant de nombreuses années.
Un avenir pour la caserne?
La caserne Bois-de-Boulogne est finalement cédée à un promoteur en 2017, comme annoncé en grande primeur dans les Actualités Web du jdv, « Le sort de l’ancienne caserne Bois-de-Boulogne scellé ».
Malheureusement, l’édifice demeure abandonné et en rapide détérioration, comme le révèle l’article des Actualités du jdv de 2018, « La Caserne Bois-de-Boulogne en danger? ».
Certains résidants craignent une détérioration du bâtiment en vue d’une demande de démolition, mais, heureusement, le contrat de vente stipule que le promoteur doit conserver intégralement la façade du bâtiment, car elle comporte une très grande valeur patrimoniale, étant inspirée de l’architecture Beaux-Arts et caractérisée par sa symétrie et la présence de nombreux détails ornementaux.L
La caserne Bois-de-Boulogne n’a pas qu’une importance architecturale. En effet, de nombreux Montréalais en conservent de bons souvenirs. Parlez-en à Andrée Perreault!
Capitaine à la caserne
Andrée Perreault, résidante de Bordeaux née en 1932, se souvient très bien de la caserne. Son père, Romuald Lamarche (1896 à 1972), y a été pompier d’environ 1918 à 1948-1950. Elle se rappelle qu’au début de sa carrière, les pompiers n’avaient que 48 heures de congé par mois!
Il est donc peu surprenant qu’en 1919 soit créée l’Union des pompiers de la cité de Montréal, affiliée à un syndicat de pompiers américain. L’Union devient indépendante en 1931, année où Romuald est nommé président, poste qu’il occupera jusqu’en 1941 environ.
Une année, la suspension injuste de Romuald par son supérieur entraîne une grève des syndicats de la Dominion Textile et des tramways, par soutien envers le pompier. Il est finalement réintégré dans ses fonctions, puis promu capitaine quelques années après.
Andrée Perreault se souvient également de l’année 1942. Elle avait alors dix ans et, les dimanches après-midi, partait avec sa mère de la résidence familiale, à Rose-mont, pour se rendre en tramway jusqu’à la caserne.
Sept champs et un étang
À l’époque, il n’y avait que quatre cents familles dans Bordeaux, et donc peu d’incendies. Homme actif, son père avait aménagé un jardin dans un terrain vacant au coin des rues Saint-Réal et Viel, en recrutant tous les autres pompiers. À l’époque, la rue Salaberry ne se rendait qu’à la rue Pasteur. Entre Bordeaux et Cartierville, il y avait environ sept champs et un étang.
En outre, Andrée Perreault se remémore l’occasion où elle a pu descendre le poteau de pompiers de la caserne, ainsi que les conditions de travail abominables des pompiers en hiver. Ils revenaient à la caserne les poignets gelés, après avoir cassé de la glace afin d’accéder aux lieux d’incendie.
Finalement, elle se rappelle qu’on lui a parlé abondamment du 9 janvier 1927, date à laquelle son père combat le triste-ment célèbre incendie du Laurier Palace, qui causa la mort de 78 enfants.
Compte tenu de tous les souvenirs associés à la caserne Bois-de-Boulogne, il n’est pas étonnant que Mme Perreault souhaite que le bâtiment demeure le plus intact possible. De nombreux résidants de Bordeaux espèrent sûrement la même chose : que la caserne soit convertie en lieu résidentiel, soit, mais en conservant son architecture inestimable.
Cette chronique de «Page d’histoire» a été publiée dans le mag papier de septembre 2019.
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Je ne comprend toujours pas pourquoi la ville a laissée partir ce joyau de notre histoire, d’autant que le tout aurait assez facilement pu être préservé et retransformé en centre communautaire, ou quelque chose du genre (avant cette vente, le tout faisait déjà office de centre communautaire), avec, et pourquoi pas aussi, une facette plus orientée vers l’histoire. Question aussi d’encourager en même temps la réappropriation de notre propre histoire.
Ce n’est pas comme si nous aurions déjà trop de centres communautaires, dans Ahuntsic-Cartierville. Autre option : cela aurait pu aussi devenir un centre de services additionnels pour l’arrondissement. D’autant que de devoir aller sur la rue Chabanel, comme c’est actuellement le cas, pour avoir accès à ces mêmes services, fut une des décisions les plus stupides de l’ancienne administration de Pierre Gagnier. Les seuls à en profiter vraiment furent les propriétaires du 555 Chabanel …
Avis à notre mairesse, au niveau de l’arrondissement. Ne pourrait-on pas faire quelque chose, là aussi, d’autant que le nouveau propriétaire de la bâtisse ne semble franchement pas plus plus intéressé qu’il faut à faire quelque chose de bien avec celle-ci ?
André Parizeau
Porte-parole du Bloc québécois dans Ahuntsic-Cartierville et candidat lors des dernières élections fédérales
Bien d’accord avec vous, M. Parizeau. Au Québec, on accorde peu d’importance au patrimoine. Les élus sont plus intéressés par la perspective de bénéficier des taxes que rapportera la construction de condos que par la sauvegarde des rares bâtiments qui nous rappellent notre courte histoire. C’est tellement triste!
Bonjour, j’ai lu avec intérêt votre article. J’aimerais ajouter quelques informations sur cet édifice. Je suis née sur la rue de Saint-Réal en 1949 et y ai vécu jusqu’en 1979. Durant mon enfance, à la place du poste de police, il y avait une clinique de vaccination. Après avoir franchi le seuil, à gauche, il y avait une grande salle au plancher de bois avec des chaises en bois bien alignées et au mur, des tablettes isolées pour le déshabillage des bébés. À droite, il y avait d’abord, un bureau pour l’infirmière qui sortait les fiches des enfants et y notait leur poids et leur taille et préparait les vaccins. La mère et les enfants se rendaient ensuite dans le bureau du pédiatre et après avoir examiné les enfants, il les vaccinait.
Il y avait du côté de la rue de Saint-Réal, 2 grands garages pour l’équipement de la voirie. Nous étions les premiers déneigés après les tempêtes, un grand avantage. Au-dessus de ces garages, il y avait une bibliothèque que j’ai fréquentée assidument durant mes années du primaire (les années 50 et début 60). La bibliothèque pour les adolescents était sur la rue La jeunesse à Athunsic.
À l’heure du midi, on voyait les pompiers qui jouaient aux fers à cheval, sur le côté de la caserne direction Viel. On entendait de loin leurs cris de joie.
Le poste de police se trouvait sur la rue La Jeunesse coin boulevard Gouin.
Marie-Claire Filion
Moi aussi je suis née sur la rue de St-Réal à Bordeaux, mes parents y ont habité jusqu’à leur décès en 2003. Je me rappele très bien de l’édifice. La caserne des pompiers et je pense au 2ieme étage était la goutte de lait comme ma mère disait. J’espère que l’édifice sera conservé. Très beau souvenir de mon enfance
La personne qui a rédigé cet article ne s’est pas bien documentée. Il y avait bien une bibliothèque dans cet édifice, mais l’adresse civique était au 12152 de St-Réal. Il s’agissait de la Bibliothèque Bois-de-Boulogne qui était destinée à la clientèle jeunesse. La bibliothécaire s’appelait Thérèse Laroche. Cette bibliothèque n’a pas été ouverte en 1974, mais bien vers 1963 et elle a été fermée en septembre 1981. J’y ai travaillé à compter du 8 octobre 1975 à titre d’aide-bibliothécaire (commis) jusqu’à sa fermeture en septembre 1981. Mme Laroche fut envoyé à la bibliothèque Hochelaga. J’ai « suivi » les collections qui furent déménagées à la Bibliothèque Acadie (école Évangéline) où j’ai travaillé jusqu’en 2000. Par la suite, je suis allé travailler à Verdun (après avoir obtenu une maîtrise en bibliothéconomie) pour m’y occuper de la division des bibliothèques. Après mondial départ, la bibliothèque Acadie a déménagé sur Sallaberry à l’intersection de Grenet, vers 2003, et fut nommée Bibliothèque de Cartierville. En ce qui concerne le poste de police situé dans la vieille caserne, il était déjà fermé en 1975. Il y avait une clinique de la Ville de Montréal; elle a fermé en 1976 ou 1977. Le service des loisirs avait déménagé dans cet édifice pour occuper tout l’espace abandonné par la police et la clinique.