Employés en formation dans un centre de Renaissance (Source: site Web de Renaissance)

Après avoir ouvert un premier magasin Fripe-Prix -son douzième à l’échelle de Montréal-  dans Ahuntsic-Cartierville à la fin du mois de juillet, Renaissance a inauguré début septembre sa première librairie dans notre arrondissement. Ces deux nouveaux lieux de revente de dons viennent s’ajouter ainsi à l’édifice de cet OBNL qui, depuis sa fondation en 1994, dit réinvestir chaque cent dans sa mission de réintégration au marché de l’emploi des centaines de personnes qui suivent sa formation chaque année.

«Renaissance a une mission sociale qui est d’accompagner des gens qui ont été éloignés du marché du travail à y retourner. C’est vraiment sa raison d’être», a souligné Cécile Carrasco, conseillère en communication et marketing à Renaissance, en entrevue avec journaldesvoisins.com.

Selon Mme Carrasco, 260 personnes reçoivent chaque année une formation rémunérée par l’organisme, et ce, pour une période de six mois.

À cette mission sociale première viennent s’ajouter d’autres missions secondaires, comme celle de récupérer des vêtements et des biens d’occasion pour leur donner une seconde vie. Selon Mme Carrasco, pour l’année 2016-2017, 11 310 tonnes de biens ont été ainsi détournées des sites d’enfouissement pour que ces biens puissent être revendus.

«On pourrait également parler d’une mission économique au niveau de nos magasins Fripe-Prix, qui sont ouverts au grand public et qui offrent des articles à bas prix et sans taxes, donc accessibles aux personnes et aux familles à faible revenu», ajoute Mme Carrasco.

À la Fripe-Prix inaugurée le 20 juillet dernier aux Galeries Normandie dans Cartierville est venu s’ajouter récemment une librairie, au 1499, rue Fleury Est.

Par ailleurs, sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville, deux centres de dons existent également, dont l’un est maintenant situé au 9105,  rue Lajeunesse au cœur du district d’Ahuntsic, et l’autre au 2407, rue Fleury Est.

Librairies contestées

En décembre dernier, plusieurs petites librairies du Plateau avaient dénoncé l’ouverture d’une librairie de Renaissance sur l’avenue Mont-Royal, écrivant en lettre ouverte publiée dans Le Devoir que l’entreprise leur faisait une«concurrence déloyale» ce dont le fondateur, Pierre Legault, s’était défendu.

En commentaire sur cette lettre intitulée «Savoir à qui donner», deux lecteurs défendaient le concept, l’un disant que pour faire de la réinsertion sociale sans dépendre des fonds de l’État, il fallait générer des revenus, ce que faisait précisément Renaissance.

Un autre lecteur soutenait pour sa part que les difficultés rencontrées par ces libraires étaient probablement davantage attribuables aux difficultés que connaissent en ce moment les «commerces de détail de niche» de façon générale. Il ajoutait, par ailleurs, qu’aux yeux des clients, ces petites librairies et Renaissance ne s’inscrivaient pas dans le même créneau de magasinage, les premières sélectionnant au préalable davantage les livres mis en vente, quand Renaissance propose un choix beaucoup plus hétéroclite et de qualité diverse.

Appelée à réagir aux propos soulevés dans cette lettre ouverte, Mme Cécile Carrasco a souligné en entrevue au journaldesvoisins.com que ces propos comportaient plusieurs éléments erronés.

«Que Renaissance porte le fardeau des problématiques que les libraires peuvent rencontrer aujourd’hui, on trouve que c’est exagéré parce que le déclin des librairies c’était bien avant que Renaissance ne s’installe. On n’est pas du tout sur le même modèle que les librairies traditionnelles. Nous, on fait du stock renouvelé tous les jours sans cesse, donc beaucoup de nouveautés, à très bas prix et sans taxes», a-t-elle souligné.

Concernant les liens de Renaissance avec Goodwill, que les auteurs de la lettre qualifiaient de «multinationale américaine», là encore Mme Carrasco a soutenu que les éléments avancés dans la lettre ne correspondaient pas à la réalité.

«Goodwill n’est pas une multinationale. C’est un OSBL, comme nous, qui est centenaire. On est membres du réseau Goodwill, mais on reste une organisation complètement autonome et indépendante. On a un c.a. composé de gens d’affaires de Montréal. Goodwill n’a aucun pouvoir ni sur notre système de fonctionnement, ni sur nos décisions stratégiques,  ni dans notre développement. Renaissance est juste membre de ce réseau-là et on bénéficie de l’expertise qu’ils ont développée depuis plus de 100 ans pour pouvoir l’appliquer ici au Québec. Mais on reste complètement indépendants. Tous les revenus générés restent à Montréal et sont réinvestis dans Renaissance, et rien dans Goodwill. Donc, ça pour nous c’est un peu de la désinformation», a fait valoir Mme Carrasco, en soulignant d’ailleurs que Renaissance n’a jamais caché son affiliation à Goodwill, qui est affichée très clairement sur son site Web; ce qu’a pu constater effectivement le journaldesvoisins.com.

En outre, a ajouté Mme Carrasco, contrairement à ce qui a pu être évoqué, le statut d’OBNL de Renaissance ne l’exempte pas de payer certaines taxes.

«En tant que locataire, nous payons des taxes comme tous les autres commerces (taxes municipales, taxes scolaires, etc… De plus, nous devons payer tous les frais qui encadrent notre mission soit les frais liés aux loyers, à l’électricité, etc…» a souligné la porte-parole de Renaissance.

Mme Carrasco note également que le traitement des dons depuis leur réception jusqu’à leur mise en vente génère également des coûts importants pour l’organisme. L’OBNL paie également tous ses employés permanents qui s’élevaient au nombre de 446, selon son dernier rapport annuel 2016-2017 auquel le journaldesvoisins.com a eu accès.

Enfin, si Mme Carrasco reconnaît qu’au moment de la publication de la lettre ouverte en décembre dernier, la librairie de l’avenue du Mont-Royal ne comptait pas de parcours rémunéré de réinsertion professionnelle en tant que tel, c’est chose faite depuis lors.

«Depuis peu, on a également installé un parcours de réinsertion, financé à 100% par Renaissance, dans cette librairie du Plateau».

Un modèle basé sur l’autofinancement

L’intégralité des revenus tirés de la revente des dons est réinvestie dans la mission sociale de l’organisme, selon Cécile Carrasco.

«Une fois qu’on a réceptionné les dons, ils sont triés, étiquetés et vendus dans les magasins Fripe-Prix. On a également des librairies, une petite boutique et un centre de liquidation. Donc, tous les dons sont répartis dans ces magasins où ils seront revendus. Cela permet d’autofinancer l’organisation à hauteur de 87%. (…) Les 13% restants proviennent d’une entente de financement avec Emploi-Québec», explique Cécile Carrasco.

Le conseil d’administration de l’organisation est formé de membres issus de la communauté d’affaires de Montréal ainsi que du directeur Général, Pierre Legault, qui est également le fondateur de Renaissance. D’après le rapport annuel 2016-2017 de l’organisme, il s’agit de :  Yvon Arseneault (président), Janine Desrosiers-Choquette (vice-présidente),  Yves Prévost (de Prévost Notaires), Chantal Clouâtre (de LSR GesDev), Daniel Binette ( de BFL Canada), Sheila Murphy, Robert Potvin (de De Grandpré Chait) et de Paul-André Lazure (de Raymond Chabot Grant Thornton).

Retrouver confiance

Les profils des personnes qui viennent recevoir les formations de Renaissance sont des plus diversifiés.

«Soixante-quatorze % sont des femmes. 60% sont prestataires de l’aide sociale. Trente-deux % n’ont pas de troisième secondaire. Ce sont des personnes qui ont des parcours de vie assez différents. Il y a également beaucoup de nouveaux arrivants qui viennent chercher une première expérience chez nous. Soixante-seize % sont nés à l’extérieur du Canada. Soixante-et-onze % ont peu d’expérience significative au Québec», détaille Mme Carrasco.

Les personnes retenues peuvent accéder à trois types de postes: vendeur-trieur-caissier; manutentionnaire; préposé à l’entretien ménager. Tout au long des six mois de formation, chaque semaine est consacrée à une thématique particulière. Ces apprentis sont également encadrés, tant par les équipes de gestion en magasin que par un intervenant socioprofessionnel, qui les accompagne dans leur cheminement professionnel et personnel.

«Parfois, certaines personnes qui arrivent chez nous ont perdu confiance: elles se demandent si elles vont pouvoir un jour travailler et subvenir aux besoins de leurs familles. Donc, il y a tout un travail à faire aussi à ce niveau-là pour qu’à terme elles réussissent à être autonomes. Quand on voit une personne rentrer puis finir son parcours, souvent on constate qu’à la fin ce n’est plus la même personne. C’est pour ça qu’on dit que grâce aux dons, des vies sont transformées et changées», résume Mme Carrasco, en notant que 8 personnes sur 10 parviennent à trouver un emploi après leur formation.

Généralement, les apprentis parviennent ensuite à trouver un poste en entreprise. Dans tous les cas, Renaissance les suit durant les deux années suivant leur formation et continue à mettre de l’aide à leur disposition en cas de besoin.

«Par exemple, s’ils ont trouvé un emploi après leur formation, mais qu’ensuite ils veulent changer, ils peuvent revenir. Un local d’aide à la recherche d’emploi est disponible deux fois par semaine avec un intervenant qui peut continuer à les suivre. Parfois, les gens peuvent aussi revenir travailler chez nous. Il peut également arriver qu’on les engage directement après leur formation», indique la porte-parole de Renaissance.

Faire un don: modalités

Renaissance accepte tout ce qui est vêtements, livres, vaisselle et autres articles de sports ou types d’objets. En revanche, comme l’organisme ne fait pas de recyclage, mais bien de la récupération, il faut que les dons soient réutilisables, fonctionnels et encore en bon état pour la revente. L’organisme n’accepte toutefois pas les gros électroménagers, ni les meubles rembourrés ou les matelas. Les dons peuvent être effectués auprès de n’importe quel magasin ou centre Renaissance.

«Pour 2016-2017, 650 000 donateurs se sont présentés dans nos points de collectes. Les citoyens sont de plus en plus généreux et on les en remercie. Sans eux, Renaissance ne pourrait pas poursuivre sa mission ni la développer», conclut Cécile Carrasco.

 

 

 



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Mimi Can
Mimi Can
7 Années

Je donne au centre de dons sur Fleury est mais ce serait bien d’avoir un magasin pour acheter les dons . Cartierville ça fait un peu loin pour certaines personnes. .

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