Rencontre citoyenne au Collège Bois-de-Boulogne, en août 2017, à l’occasion des discussions du Projet particulier d’urbanisme (PPU) Henri-Bourassa Ouest.

Pandémie oblige, les consultations publiques qui touchent les citoyens d’Ahuntsic-Cartierville se déroulent exclusivement en mode virtuel. Or, des changements étaient déjà bien entamés avant l’arrivée de la COVID-19. Lorsque la pandémie sera chose du passée, reviendra-t-on aux consultations publiques en présentiel… et en grand groupe? 

Dans les dernières années, l’équipe du JDV a remarqué que plusieurs consultations publiques de l’arrondissement et d’Hydro-Québec se sont faites sous formes de portes ouvertes.

Plus précisément, les citoyens pouvaient venir poser leurs questions individuellement à différents spécialistes représentant l’arrondissement ou l’organisme, mais les consultations n’étaient pas gérées comme des événements où tous participaient à une seule et même discussion et pouvaient entendre les autres citoyens émettre des idées, parfois opposées, parfois complémentaires, donnant lieu à des discussions enrichissantes. Mais, il arrivait aussi que les discussions puissent dégénérer… Et pourtant, ne dit-on pas que «du choc des idées jaillit la lumière?».

Selon Annie Brouillette, chargée de communication pour l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, il se fait encore des consultations publiques où il est possible de prendre la parole en grand groupe. Mme Brouillette mentionne également que l’arrondissement tente d’allier les rencontres en sous-groupes avec les discussions en grand groupe.

« De varier et combiner les formes de participation permet à un plus grand nombre de s’exprimer, dit-elle. Cela fait d’ailleurs partie des bonnes pratiques en participation publique. Il est beaucoup moins intimidant de parler dans un sous-groupe de sept personnes que de prendre la parole devant 60 personnes. D’une autre façon, les sondages en ligne nous permettent de rejoindre des gens qui ne viendraient pas lors d’une soirée publique de consultation. Quant à elles, les portes ouvertes permettent une discussion plus personnalisée avec les citoyen-nes et une participation à leur rythme. »

La présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OPCM), Dominique Ollivier, souligne aussi le caractère parfois intimidant des consultations publiques. Cependant, l’OCPM privilégie les mémoires plutôt que les discussions. 

« La recherche d’une opinion éclairée est le but ultime de nos processus. En ce sens, des sondages ou des portes ouvertes ne nous assurent pas que l’opinion est éclairée », précise-t-elle.

Améliorer la participation citoyenne

Avec la pandémie, l’arrondissement et l’OCPM sont principalement passés en mode numérique pour les consultations publiques. S’agit-il d’un obstacle à la participation? Dominique Ollivier croit plutôt le contraire.

« Nous avons été étonnés, mais aussi ravis, de constater que la participation en virtuel faisait aussi croître la participation en présentiel, souligne-t-elle. Le nombre de participants aux séances d’information et la quantité moyenne d’opinions présentées aux commissions sont en forte croissance depuis l’avènement du virtuel dans l’espace de consultation. Cette situation ne s’est pas démentie avec la pandémie. »

Hydro-Québec conduit aussi régulièrement des consultations publiques. Pour la société d’État, le passage au virtuel représente uniquement un ajout aux consultations en présentiel. Pour Hydro-Québec, pas question d’éliminer la façon de faire traditionnelle lorsque la pandémie sera terminée. 

« On compte revenir avec le processus de consultation habituel », explique Louis-Olivier Batty, chargé d’équipe – relations avec les médias chez Hydro-Québec. « Nous sommes prêts à faire face à la critique, nous avons un grand souci de transparence et nous n’utilisons pas les consultations publiques virtuelles pour censurer les participants. »

Jonathan Laporte, conseiller – relations avec le milieu chez Hydro-Québec, donne l’exemple de la consultation publique dans le cadre des travaux de réfection du barrage Simon-Sicard. Selon M. Laporte, il ne fait aucun doute que sans la COVID-19, la consultation se serait faite en présentiel. 

Du côté de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, le tournant virtuel s’est pris depuis le début de la pandémie, selon la chargée de communication Annie Brouillette. Toutefois, d’autres types d’outils participatifs virtuels, comme des sondages ou des cartes interactives, ont été lancés dans les dernières années – servant là aussi de complément au présentiel. 

« Ces outils ont toujours été utilisés dans l’objectif de rejoindre un public plus large, qui ne se rend pas habituellement dans les assemblées publiques, mentionne Mme Brouillette. Ils n’ont d’ailleurs pas remplacé les rencontres en présentiel. »

Dans le même ordre d’idées, Hydro-Québec est aussi en mesure de rejoindre plus de gens à l’aide de ses sondages en ligne : « Le virtuel nous permet d’aller chercher des gens qui n’ont pas nécessairement le temps de se déplacer pour une rencontre », confirme Louis-Olivier Batty. 

Différentes formules, moins de grands groupes

Pour certaines personnes, il peut cependant être ardu de participer aux consultations lorsque celles-ci se tiennent virtuellement. La connexion peut être un enjeu pour certains, et d’autres ne sont pas suffisamment outillés pour joindre une session de visioconférence, comme Zoom par exemple.

L’arrondissement Ahuntsic-Cartierville tente de pallier ce problème à l’aide de diverses solutions. 

« Nous sommes conscients que la barrière technologique existe, mentionne Annie Brouillette. Comme il s’agit d’une nouvelle pratique pour nous, nous prenons chaque consultation comme une opportunité d’apprendre et de s’améliorer sur ce point. En ce moment, il est possible de se joindre à nos consultations par téléphone plutôt que visioconférence. Aussi, lors des consultations, nous rendons disponible un numéro de téléphone pour un support technique. »

 

Hydro-Québec met aussi différents outils à la disposition des participants potentiels, selon Louis-Olivier Batty. 

« Pour chaque projet, il y a une ligne téléphonique et il y a moyen de communiquer avec nous par courriel. On offre le plus de choix possible aux gens pour qu’ils puissent avoir des réponses à leurs questions sur nos projets. »

Il semble toutefois très clair que pour l’OCPM, l’arrondissement ainsi qu’Hydro-Québec, les consultations publiques en présentiel feront leur retour dès que possible. Cependant, elles ne se feront certainement pas toutes en grand groupe comme par le passé. 



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