
En 1992, le Dr André Arcelin et sa femme Nicole ont eu l’honneur d’accompagner Nelson Mandela et son épouse Winnie lors de la visite historique au Canada du leader de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Ce privilège se voulait une façon, pour le gouvernement fédéral, de reconnaître les contributions de ce résident de notre quartier à la promotion du multiculturalisme et au développement d’une société inclusive.
En entrevue avec le JDV, ce médecin d’origine haïtienne, résident du quartier depuis plus de 40 ans, souligne avec fierté la signification particulière de ce moment fort dans son parcours. Il nous décrit comment, dès son installation à Montréal au début des années 60, après des études en Espagne, il éprouve le désir de contribuer à la consolidation de la cohésion de la mosaïque canadienne. Sa pratique de la médecine et son plurilinguisme (il parle créole, anglais, français et espagnol) lui permettent de connaître de plus près les caractéristiques des différentes communautés culturelles et d’être à l’écoute des préoccupations des membres de ces communautés et de leurs aspirations.
Un parcours éloquent
« Le Québec qui accomplissait sa révolution tranquille était en pleine transformation et modernisation dans tous les domaines », dit celui qui plus tard sera choisi pour assurer la vice-présidence du Conseil canadien pour le multiculturalisme, mis en place par le gouvernement de Brian Mulroney. « Cette honorable responsabilité m’a permis de participer à la conception de la Loi sur le maintien et la valorisation du multiculturalisme au Canada », précise-t-il. En reconnaissance de cette contribution, notre médecin reçoit, en 1988, un certificat du mérite du Canada.
Par la suite, vu sa connaissance profonde des enjeux liés à l’intégration des néo-Canadiens, il sera sollicité pour siéger à un comité pour l’équité en matière d’emploi relevant de la présidence du Conseil du Trésor du Canada.
André Arcelin nous raconte comment son implication sociale a été remarquée par des partis politiques au niveau provincial et fédéral, lesquels l’ont sollicité pour porter leurs couleurs lors de différentes échéances électorales. À commencer par le Parti québécois, sous la gouverne de René Lévesque, qui voulait que la composition de son caucus à l’Assemblée nationale soit assez représentative de la diversité socioculturelle québécoise. Tiraillé entre sa carrière professionnelle comme médecin et une carrière politique, André finit par choisir de poursuivre sa vocation originelle.
Ce qui n’a pas été le cas de sa femme, Nicole Roy-Arcelin, qui poursuivait une carrière d’infirmière et qui a été élue députée fédérale sous les couleurs du parti progressiste-conservateur dans la circonscription électorale d’Ahuntsic en 1988.
Médecine socialement engagée
Pour André Arcelin, sa pratique professionnelle serait sans saveur sans une dimension sociale engagée. Dans cet esprit, il a organisé jusqu’en 2015 des cliniques de médecine sociale dans la campagne haïtienne au profit des populations démunies auxquelles il apportait les dons en médicaments offerts par des compagnies pharmaceutiques québécoises et canadiennes. Son action humanitaire a été particulièrement sollicitée pour aider les gens de son pays à surmonter les traumatismes du tremblement de terre qui a secoué Haïti en 2010, faisant près de 300 000 morts.
À présent, le chagrin d’André est grand, et il est inconsolable face au chaos qui accable son pays bien-aimé, le premier à briser le joug de l’esclavage et du colonialisme, en instaurant, en 1804, la première république noire de l’histoire, faisant d’Haïti un symbole de résistance et de liberté. Il se souvient avec beaucoup de tristesse du Haïti de sa jeunesse, alors le pays le plus avancé des Caraïbes. À peine croyable !
Cet article a été publié dans la version papier du JDV du mois d’octobre 2025.
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