(Photo : Courtoisie d’Element5 Digital sur Unsplash)

Depuis novembre 2018, une cinquantaine de sondages ont analysé les intentions de vote des Canadiens en prévision des prochaines élections fédérales du 21 octobre 2019. Nous résumons ici les conclusions des bilans de ces sondages en date de la fin du mois d’août, tout en sachant qu’elles peuvent être démenties au cours du mois et demi qui nous sépare du scrutin.

Probabilité d’un gouvernement minoritaire conservateur ou libéral

Ce tableau démontre que le parti libéral (PL) et le parti conservateur (PC) sont en avance dans toutes les provinces du pays. Cette tendance a été observée dans tous les sondages réalisés depuis novembre 2018, selon les bilans de ces derniers effectués le 27 juillet 2019 par Éric Grenier, sur le Poll Tracker de la CBC, et Philippe J. Fournier sur le site QC125. Si cette tendance se maintient, la lutte entre le PL et le PC sera chaude, car si le PC est largement en avance dans les Prairies (28 sièges), et le PL dans les provinces maritimes (32 sièges), et au Québec (78 sièges), l’écart entre les deux partis n’est que de 4,5 % en Colombie-Britannique (42 sièges) et de 3,5 % en Ontario (121 sièges),

À moins d’un changement majeur de l’opinion publique d’ici le 21 octobre 2019, ce qui est très incertain, mais non impossible, étant donné que la véritable campagne électorale ne débutera qu’en septembre, le prochain gouvernement sera conservateur ou libéral.

Comment expliquer cette domination des libéraux et des conservateurs?

 

Bien que la majorité des Canadiens estiment désormais que le réchauffement climatique est réel et dû à des causes humaines, ils ne sont pas disposés à modifier leur mode de vie pour contrer ce phénomène, leur principale préoccupation étant le développement économique et la création d’emplois.

Il n’est dès lors pas étonnant qu’ils fassent prioritairement confiance aux deux partis proches des élites économiques du pays dont les programmes sont principalement axés sur ces deux objectifs. »

Le PC et le PL sont en effet pour l’essentiel sur la même longueur d’onde. Le PC veut favoriser l’exploitation et l’exportation du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta, grâce à la construction de nouveaux pipelines, objectif auquel ne s’oppose pas le PL, comme l’a démontré son achat de l’oléoduc Transmountain au coût faramineux de 4 milliards de dollars. Le PC est contre la taxe carbone imposée en 2019 par le PL, mais cette dernière est si faible qu’elle demeure symbolique.

Pour satisfaire les milieux d’affaires, qui s’inquiètent d’une pénurie de main-d’œuvre, le PL a décidé d’augmenter à 350 000 par année le nombre d’immigrants acceptés au Canada, à l’encontre de plusieurs sondages qui révèlent que plus de 60 % des Canadiens souhaitent une baisse de l’immigration.

Le PC ne conteste pas cet objectif. Il est cependant plus déterminé à lutter contre l’immigration illégale, qui a beaucoup augmenté au cours des trois dernières années. Il réclame en ce sens le rétablissement de l’entente sur les pays tiers conclue entre le Canada et les États-Unis, à laquelle le PL a renoncé, et qui permettait de retourner aux États-Unis les immigrants entrant illégalement au Canada à partir des États-Unis.

En matière de politique étrangère, les deux partis sont pour le libre-échange et d’accord pour se soumettre aux priorités du voisin américain.

Sur les questions d’ordre éthique (légalisation de la marijuana et de l’avortement, aide à mourir, ouverture aux revendications des Premières Nations), il n’y a pas de réelle opposition entre le PC et le PL.

Déclin du NPD, remontée des Verts et du Bloc Québécois (BQ)

Les données du tableau indiquent que le parti néo-démocrate (NPD) et le Parti Vert (PV) sont en troisième position et au coude à coude en Colombie-Britannique, dans les Maritimes, et au Québec, l’écart entre eux demeurant faible dans les autres régions. Elles témoignent néanmoins d’une remontée du PV et d’un déclin du NPD, ce déclin étant surtout dû à la perte de ses appuis au Québec, qui était son bastion depuis 2011. Selon Éric Grenier[1], cette perte d’appuis pourrait faire très mal au NPD. Il pourrait perdre tous ses députés au Québec et la moitié de ses sièges à la Chambre des Communes.

La perte de popularité du NPD au Québec est due à trois causes :

(1) Le désenchantement des Québécois face aux nouveaux chefs du NPD qui ont remplacé le très aimé Jack Layton : Thomas Mulcair et Jagmeet Singh.

(2) L’élection à la tête du BQ d’Yves-François Blanchet, ex-ministre de l’Environnement du gouvernement PQ de Pauline Marois, qui a réussi à réunifier ce parti et à mettre de l’avant un programme qui rejoint les Québécois par ses engagements écologiques et sa détermination à défendre plusieurs autres dossiers sensibles au Québec : obtention de contrats pour le chantier Lévis; dénonciation de l’immigration illégale entrant par le Chemin Roxham, pour laquelle le Québec n’est pas compensé par Ottawa; défense du projet de loi 21 sur la laïcité attaqué par plusieurs dans l’ouest du pays.

(3) La renaissance du sentiment nationaliste au Québec, grâce auquel la CAQ a été élue avec une majorité absolue de sièges lors des élections provinciales de 2018. Dans un tel contexte, il n‘est pas étonnant que les intentions de vote à l’égard du BQ (18,7 %) dépassent largement celles en faveur du NPD (9,8 %) et du PV (9,6 %). Selon Éric Grenier, cette remontée du BQ pourrait lui assurer 14 sièges à la Chambre des Communes.

[1] Selon son analyse publiée sur le Poll Tracker de la CBC le 27 juillet 2019.

les intentions de vote par région en %

 ( 4 août 2019)[1]

 

Partis Colombie-Britannique Prairies Provinces atlantiques Ontario Québec
Libéraux 27,2 25,2 38,5 36,8 35,8
Conservateurs 31,7 43,5 31,9 33,3 22,5
Néo-démocrates 18,6 16,3 11,7 16,5 9,8
Verts 18,6 10,7 14,1 10,2 9,6
Bloc Québécois 0 0 0 0 18,7
PPC de M. Bernier 2,8 3,7 3,2 2,5 3,0

 

[1] Données provenant du bilan réalisé le 4 août 2019 par Philippe J Fournier sur le site 338 Canada.com

Cette chronique a d’abord été publiée dans notre mag papier de la rentrée, sous la rubrique «Elle tourne, la terre!»



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