(Photo : Philippe Rachiele, JDV)
12375, rue du Fort-Lorette
La bâtisse et une partie du terrain du 12375, rue du Fort-Lorette (Photo: jdv P. Rachiele)

Comme journaldesvoisins.com le rapportait dans son édition Web du vendredi 14 avril, la Congrégation des Soeurs de Miséricorde a vendu son terrain du 12375, rue du Fort-Lorette –un site patrimonial– au promoteur privé Antonio Rizzo. Selon la conseillère de ville du district du Sault-au-Récollet, Lorraine Pagé, les Sœurs de Miséricorde auraient proposé à quelques reprises, dans les années passées, au gouvernement du Québec que ce dernier se porte acquéreur de leur terrain patrimonial en bordure de la rivière-des-Prairies, au 12375, rue du Fort-Lorette, mais Québec n’aurait pas donné suite à leur proposition.

C’est ce que racontait Mme Pagé en entrevue à journaldesvoisins.com sur la vente du site du 12375 du Fort-Lorette au promoteur immobilier Antonio Rizzo.

Journaldesvoisins.com a vérifié auprès de la députée de Crémazie, Marie Montpetit, si elle avait eu connaissance d’un refus de Québec à ce chapitre. Comme le mentionnait l’attaché de presse de Mme Montpetit, ni Mme Pagé ni la Ville ou l’arrondissement n’a fait de représentation sur ce dossier auprès de Mme Montpetit. Comme la députée de Crémazie est en poste depuis les élections de 2014, si les religieuses ont proposé leur terrain à Québec dans les années précédant son mandat, elle n’en a pas été avisée.

Mme Pagé a également soutenu qu’il était de notoriété publique que les Sœurs de Miséricorde voulaient vendre depuis longtemps leur terrain et la bâtisse rue du Fort-Lorette. Elle a mentionné qu’auparavant au moins une transaction avait failli être conclue mais avait achoppé.

Pourtant, nul ne semble savoir si la Congrégation a proposé à la Ville de se porter acquéreure du terrain du 12375 du Fort-Lorette, ce qui aurait pu être intéressant pour bonifier «la route bleue» du Grand Montréal car il n’y a pas beaucoup de points d’accès le long de la rivière des Prairies, du côté de Montréal.

Le CCU interpellé

À sa réunion du 7 décembre 2016, le Conseil consultatif d’urbanisme (CCU) de l’arrondissement a été saisi d’une demande quant à ce terrain. Le nom du requérant n’est pas mentionné au procès-verbal. Il s’agissait, pour les membres du CCU de rendre un avis préliminaire:

« Rendre une décision quant à une demande (…) visant à autoriser la démolition du bâtiment existant et la construction d’un bâtiment d’habitation sur la propriété sise au 12375 rue du Fort-Lorette. »

Après plusieurs «Considérant», le CCU a proposé:

«de recommander de surseoir à toute analyse du projet tant qu’une intervention archéologique exploratoire n’aura été réalisée sur le site;

de recommander au requérant de procéder à cette intervention archéologique dans les meilleurs délais possible (sic) de manière à mettre toutes les chances de son côté pour réaliser un projet à la hauteur de ce site exceptionnel.»

Ce qui fut adopté à l’unanimité par les membres du CCU. S’il y a eu des suites aux réunions subséquentes, journaldesvoisins.com ne l’a pas su. Le dernier procès-verbal du CCU disponible, au moment d’aller en ligne, est celui de janvier 2016. Il ne comporte aucune mention au sujet du terrain de Fort-Lorette.

La situation particulière de la congrégation

Au chapitre des fouilles archéologiques devant être réalisées sur le terrain, la conseillère du Sault-au-Récollet a mentionné que les religieuses savaient que des fouilles devaient être faites avant de disposer du terrain, mais qu’elles n’étaient pas du tout enclines à le faire.

Pour procéder aux fouilles sur un site patrimonial, la Loi 82 sur le Patrimoine culturel exige d’avoir obtenu au préalable du ministre de la Culture et des Communications  un permis et payé les frais dudit permis (article 68). Le demandeur du permis n’a pas besoin d’être propriétaire si ce dernier y consent (article 71).

Concernant la vente avant les fouilles faites par la Congrégation, Mme Pagé a déclaré à journaldesvoisins.com qu’elle trouvait la démarche des sœurs un peu «spéciale», mais en même temps elle pouvait, dit-elle, comprendre qu’il était important pour elles de se mettre à l’abri financièrement d’autant que leur mission (ndlr: d’aider les filles-mères depuis les tout débuts) avait pu être mal jugée par la société et qu’elles n’avaient pas eu la reconnaissance attendue de cette dernière.

Qui dit vrai?

Le 13 avril, un représentant de l’arrondissement a laissé entendre à journaldesvoisins.com que l’arrondissement ignorait que le terrain de la rue du Fort-Lorette avait été vendu au promoteur Rizzo, mais qu’il savait que les Sœurs voulaient s’en départir et qu’elles avaient fait des représentations en ce sens auprès des autorités.

Pourtant, le 16 avril, une source sûre a confié à journaldesvoisins.com :

«Je peux vous confirmer que l’arrondissement était en discussion depuis un certain temps avec le promoteur pour le projet de développement. Je l’ai appris par hasard lors d’une discussion informelle (…).»

Concernant les activités du lobbyiste Simon-Pierre Diamond, la conseillère du Sault-au-Récollet a déclaré:

«L’arrondissement n’a eu aucun contact avec ce monsieur. S’il avait été proactif, nous aurions entendu parler de lui. La première contrainte, c’était de faire lever la contrainte des fouilles. Mais il n’a jamais fait de représentation en personne à l’arrondissement.»

Qui est le répondant au MCCQ ?

Comme c’est le ministère de la Culture et des Communications du Québec qui doit donner l’autorisation de procéder aux fouilles, il est possible que le le lobbyiste ait fait ses représentations auprès du gouvernement même.

12375 du Fort-Lorette
Piquets déjà plantés au sol pour les fouilles. (Photo: jdv P. Rachiele)

Journaldesvoisins.com a cherché à joindre les responsables du dossier au MCCQ, mais 48 heures après notre appel au ministère, journaldesvoisins.com n’avait eu aucune réponse à ce sujet, notamment à savoir si les fouilles seraient faites en surface, en profondeur, et un peu partout ou seulement sur une partie du terrain du 12375 (comme les piquets semblent l’indiquer actuellement).

Des tribus amérindiennes concernées

Par ailleurs, a mentionné la conseillère du Sault-au-Récollet à journaldesvoisins.com, il semble que pour procéder aux fouilles, le promoteur ou le ministère (ce n’est pas clair) doit demander des permissions à certaines tribus amérindiennes.

Compte tenu du fait qu’il pourrait arriver, par exemple, que des sépultures amérindiennes soient retrouvées lors des fouilles archéologiques, des permissions doivent être sollicitées auprès de deux tribus qui auraient transité et vécu à Fort-Lorette, soit les Hurons-Wendats et les Mohawks. Encore là, journaldesvoisins.com a tenté de joindre des représentants des deux tribus mais n’avaient pas encore eu de retour d’appel au moment de mettre en ligne.

La patience est une vertu

Journaldesvoisins.com attend donc des confirmations de plusieurs organisations et doit s’armer de patience…

Pour savoir si la Ville-Centre va superviser les fouilles sur le site du Fort-Lorette et de quelles façons, il faudra attendre encore un peu.

Le Service des communications de la Ville-centre nous a laissé savoir qu’il était débordé cette semaine et que, autant que faire se peut, les renseignements seraient donnés à nos lecteurs, la semaine prochaine…

Par ailleurs, l’arrondissement a renvoyé journaldesvoisins.com au procès-verbal du CCU, à la conseillère du Sault-au-Récollet, et…à un numéro médias à la Ville-centre de qui journaldesvoisins.com attend toujours un retour d’appel 72 heures plus tard!

Un site patrimonial historique national ?

Finalement, journaldesvoisins.com a sollicité une entrevue auprès de la ministre du Patrimoine canadien et députée d’Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly, connaissant son grand intérêt pour les questions patrimoniales et le site du Sault-au-Récollet.

En campagne électorale, en avril 2o15, Mme Joly avait déclaré dans un communiqué qui a été expédié aux médias:

« À titre de candidate au poste de députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville, je m’engage à créer un lieu historique national qui permettra de reconnaître et commémorer l’importance de ce lieu identitaire fort dans l’histoire de notre pays. De plus, la reconnaissance à titre de lieu historique national par le fédéral permettra de réaliser, avec les partenaires provinciaux et municipaux, les investissements nécessaires pour la conservation et la mise en valeur de ce patrimoine identitaire unique d’Ahuntsic-Cartierville et de Montréal. »

Au moment de mettre en ligne, nous n’avions pas eu de réponse à notre demande d’entrevue avec la ministre Joly.

 

 



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