L’organisme Rue-Action-Prévention Jeunesse (RAP Jeunesse) souffle sa vingtième bougie cette année; un organisme qui vient en aide aux personnes vulnérables et marginalisées dans les arrondissements Ahuntsic-Cartierville et Ville Saint-Laurent.
Au fil de ses vingt années, RAP Jeunesse s’est adapté, a étendu sa mission au diapason des besoins propres aux territoires qu’il couvre. Portrait d’un organisme qui, à l’aube de sa troisième décennie, fait vœu à la fois de cœur et de pragmatisme.
«S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer», dit l’expression française – à l’origine légèrement différente – qui date du siècle des Lumières. C’est en quelque sorte ce que RAP Jeunesse fait depuis les années 2000: inventer, en mettant au point des services d’aide aux personnes marginalisées qui, autrement, seraient inexistants dans Ahuntsic-Cartierville.
À ses débuts, RAP Jeunesse était strictement réservé aux adolescents. Ses services tournaient principalement autour de la prévention en toxicomanie et la santé sexuelle. Bien que l’organisme continue d’assurer ces services-là, leur offre s’est peu à peu étendue aux adultes, avec dans leur mire, des personnes en situation d’itinérance ou, du moins, en grande précarité.
«L’itinérance, c’est rare que ça se vit à 12-13 ans. C’est plutôt des personnes qui ont un plus grand âge, un vécu», dit Édith Barrière, une des membres du conseil d’administration de RAP Jeunesse depuis plus de dix ans.
Peu importe l’âge des bénéficiaires, RAP Jeunesse les reçoit avec la même approche: ils les laissent venir par eux-mêmes. «La personne qui vient ne s’engage à rien. (…) On la prend dans toute sa réalité et on essaie de voir, avec lui ou elle, comment lui proposer des outils adaptés à ses besoins.»
À l’instar de Mme Barrière, René Obregon-Ida, directeur de RAP Jeunesse, affirme qu’avant l’existence de l’organisme, Ahuntsic-Cartierville était un «désert de services» pour les personnes en situation d’itinérance et marginalisées. Il compare les services disponibles dans Ahuntsic-Cartierville à ceux du centre-ville de Montréal.
«Il y a tellement de services au centre-ville, et tant mieux! Mais nous, (NDLR: le Nord-Ouest de l’île), peu d’intervenants doivent couvrir l’entièreté du territoire.»
S’il y a moins d’intervenants, est-ce tout simplement car il y a moins de personnes en situation d’itinérance dans l’arrondissement? M. Obregon-Ida croit qu’Ahuntsic-Cartierville contient beaucoup «d’itinérance cachée». Il n’est pas rare, selon lui, de voir des familles entassées dans des logements trop petits, ou insalubres.
L’Accès-Soir mobile: le RAP vers les gens
L’Accès-Soir mobile, aussi surnommé le «truck», existe depuis les débuts de RAP Jeunesse. C’est une unité mobile qui permet d’aller directement vers les bénéficiaires, là où ils sont normalement situés. Il circule à des moments précis, selon des paramètres pré-établis. Les interventions de ce véhicule et de ses intervenants oscillent autour des dépistages d’ITSS, des injections supervisées, des informations sur les services publics disponibles ou… de l’écoute, tout simplement.
«La base, c’est le lien de confiance. On ne forcera jamais personne à nous parler. Après, ça ouvre des portes. Si, par exemple, quelqu’un a des questions sur la vaccination, le lien de confiance établi entre l’intervenant et l’usager permet d’informer l’usager et l’aider à prendre une décision éclairée», affirme Édith Barrière.
Le Centre de jour: les usagers vers le RAP
Ce lien de confiance permet non seulement au «truck» d’aller voir les usagers, il permet également aux usagers d’aller voir les intervenants du RAP grâce au Centre de jour, situé au 80, boulevard Henri-Bourassa Ouest.
Avec une subvention de 34 000 $ accordée par l’arrondissement en novembre dernier, le Centre de jour offre des services à un lieu fixe pour les usagers. Nous y retrouvons les mêmes services offerts par le véhicule, mais également une douche, un lit, une laveuse-sécheuse et des vêtements. La subvention est prévue jusqu’au printemps 2022.
Mélissa Lemay coordonne le Centre de jour. Elle ne cache pas son sentiment de satisfaction personnelle qui, malgré les difficultés, vient avec ce type de travail.
«Si, par exemple, on a aidé une personne en situation d’itinérance à se trouver un logement et qu’elle nous remercie, qu’elle pleure de joie, ça fait aussi partie de notre paie.»
Les services disponibles sont-ils là pour rester? Bien que l’organisme ait une aide financière temporaire de la part de l’arrondissement pour le Centre de jour, René Obregon-Ida plaide pour une plus grande reconnaissance de la part des paliers de gouvernement provincial et fédéral envers l’organisme qu’il dirige.
«Je souhaite que l’équipe de RAP Jeunesse soit reconnue à sa juste valeur pour le travail qu’il fait (…) Cela passe par la consolidation de notre financement à long terme.»
Un déménagement imminent
RAP Jeunesse a présentement deux adresses: ses bureaux sont situés au 10780, rue Laverdure et son Centre de jour au 80, boulevard Henri-Bourassa Ouest. Ce dernier est ouvert du lundi au jeudi, de 9 h 30 à 15 h 30.
En partenariat avec deux autres organismes de l’arrondissement, RAP Jeunesse a récemment fait l’acquisition d’un local plus grand, où tous leurs services pourront être à la même adresse. Le local sera situé au 880, boulevard Henri-Bourassa Est, près de la rue Péloquin. Il est prévu qu’ils pourront s’y installer dès l’été 2022. Le nouvel emplacement est situé non loin de la station de métro Henri-Bourassa et du CLSC Ahuntsic.
Que faire pour aider?
Selon Mélissa Lemay, du Centre de jour, les citoyens qui souhaitent aider RAP Jeunesse peuvent le faire par dons d’argent (avec la possibilité d’avoir un reçu de charité); avec des bons d’achats (Dollarama, en particulier); et par des dons de vêtements ou de produits sanitaires.
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