Le Sault-au-Récollet recèle de nombreux secrets. René Tellier, citoyen de longue date du Sault, décédé le 18 avril dernier à l’âge de 97 ans, aurait pu vous en parler longtemps. Julien Gauthier-Mongeon, qui était journaliste au journaldesvoisins.com en 2017 a eu la chance de le rencontrer, l’automne dernier, alors que le vénérable citoyen avait encore le verbe haut et la mémoire vive. Portrait d’un résidant qui a vécu presque toute sa vie dans le Sault-au-Récollet et qui nous a brossé également un portrait historique détaillé du quartier qu’il a toujours habité.
Grâce aux recherches de cet ancien enseignant, des bâtiments aujourd’hui disparus sont revenus à la vie, des pans entiers de la mémoire historique du quartier ont été déterrés. C’est lors d’une promenade paisible en tant que jeune retraité que l’idée de compiler tout ce qui s’est écrit sur le quartier a germé dans l’esprit de M. Tellier.
« En me promenant sur le boulevard Gouin, j’ai eu plein de souvenirs d’anciennes bâtisses qui ont aujourd’hui disparu. Ça m’a donné l’idée de faire deux volumes comprenant tous les articles de journaux ayant été écrits sur le quartier », affirmait-t-il.
En quelques années, des centaines d’articles de journaux, ainsi que des photos d’époque ont été rassemblés pour retracer l’histoire du quartier.
Témoin vivant
L’homme a été témoin vivant de plusieurs événements marquants qui ont façonné le Sault-au-Récollet. En 1929, il a vu le pensionnat du Sacré-Cœur (NDLR: ce bâtiment était situé sur le terrain de l’école Sophie-Barat, avant la construction de cette dernière) être la proie des flammes, événement dont il garde encore de vifs souvenirs.
« J’avais huit ans dans ce temps-là. Avec mes petites jambes d’enfant, je me suis rendu sur place et j’ai vu les gens courir pour fuir le feu. C’était impressionnant», se remémore-t-il.
Il y a les bâtiments qui ont disparu, mais il y a aussi ceux qui sont restés et dont la vocation a changé au fil des années. M. Tellier a connu le quartier à une époque où les gens venaient s’y reposer, profiter de l’air doux de la campagne et passer du bon temps en famille.
À la campagne…
« Dans mon jeune temps, le Sault-au-Récollet était un lieu de villégiature. Pour aller à la campagne, les gens n’allaient pas à Saint-Adolphe ou à Sainte-Adèle. Ils prenaient le tramway pour aller à l’île de la Visitation. Il y avait une salle de danse et les gens pouvaient aller se baigner. C’était très champêtre.»
Bien que sa carrière d’enseignant était derrière lui depuis plusieurs années, au moment de cette entrevue, M. Tellier recevait encore des échos de la part d’anciens élèves qui avaient eu la chance de croiser sa route.
À la suite d’un article publié dans La Presse, l’un d’eux s’est souvenu de lui.
« Il y a un de mes élèves qui m’a écrit suite à la parution de l’article. Ça faisait plus de 30 ans que nous ne nous étions pas vus. Il m’a envoyé des photos de l’époque où je lui ai enseigné. J’ai été très touché ».
Mémoire exceptionnelle
Ce qui l’a suivi tout au long de son chemin, c’est l’amour indéfectible de son épouse, Annette Leclaire, qui l’a toujours soutenu dans tous ses projets. Il ne pouvait d’ailleurs en parler sans verser quelques larmes.
«Ma femme est décédée il y a maintenant dix ans, disait-il. C’était une perle. Elle m’a toujours épaulé et encouragé. Je suis ému juste à en parler ».
L’homme n’a rien oublié de son passé ni des événements marquants qui ont forgé l’histoire du Sault-au-Récollet.
En terminant, je lui avais demandé comment il faisait pour avoir une mémoire si phénoménale malgré son âge avancé.
« Pour ça, je remercie le Bon Dieu. Je suis très chanceux. J’ai toujours eu une très bonne mémoire. Et à mon âge, c’est plutôt rare.»
Cet article a été publié pour la première fois dans le magazine papier de journaldesvoisins.com en novembre 2017 sous la plume de Julien Gauthier-Mongeon, et mis à jour par Christiane Dupont en avril 2018.
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