Alors que plusieurs Montréalais, dont de nombreux résidants d’Ahuntsic-Cartierville, souhaitent de plus en plus de ruelles vertes, Lyse Gélinas, une résidante du district d’Ahuntsic, a eu toute une surprise récemment. Une inspectrice de l’arrondissement lui a laissé un constat d’infraction lui intimant d’élaguer les arbres de son jardin arrière qui longeaient la ruelle. Une demande qui l’a laissée perplexe. Elle soupçonne qu’il s’agit de la réponse de l’arrondissement à une plainte formulée par un voisin, mais l’arrondissement dit ne pas trouver trace de cette plainte.

Le 5 juillet dernier, Mme Gélinas a reçu la visite d’une inspectrice de l’arrondissement qui l’a informée qu’elle devait, dans les sept jours, élaguer massivement les thuyas qui se trouvaient dans sa cour arrière et qui longeaient sa ruelle, faute de quoi elle allait devoir payer une amende de 500$.

Mme Gélinas, architecte de métier et professionnelle agréée certifiée LEED qui s’intéresse particulièrement à l’aménagement écologique, a toujours eu ces arbres sur son terrain.

« Ils ont été plantés dans les années 60, en même temps que la maison a été construite. Bien avant que je n’arrive », affirme la résidante.

Durant toutes ces années, poursuit-elle, personne ne s’était plaint des arbres.

De plus, bien que très haut, le conifère ne posait aucun problème de sécurité pour les fils électriques d’Hydro-Québec et n’empêchait pas, selon elle, le passage de voitures dans la ruelle. Mme Gélinas ne comprend donc pas la demande, d’autant, ajoute-t-elle,  que plusieurs citoyens réclament des ruelles vertes.

Deuxième visite

Ce n’est pas la première fois que la résidante reçoit une visite de ce genre. Il y a quelques mois maintenant, pendant l’hiver, un autre inspecteur s’était rendu chez elle pour lui remettre l’avertissement. Mme Gélinas avait alors contesté la demande et n’en avait plus entendu parler. Début juillet toutefois, faute de temps car elle devait s’absenter deux semaines, et n’ayant que sept jours pour réagir, elle s’est résolue à faire tailler la partie de ses arbres qui empiète sur la ruelle pour ne pas à avoir à payer l’amende.

Un avis confus

Contactée par journaldesvoisins.com, Michèle Blais, responsable des communications pour l’arrondissement, a précisé que la demande d’élagage concernait uniquement la largeur de l’arbre de Mme Gélinas.

« Les cèdres de Mme Gélinas n’étant pas élagués, obstruaient l’accès à une voie publique (la ruelle) empêchant la libre circulation des véhicules et des gens », précise-t-elle.

 

 

L’avis remis à Mme Gélinas prête toutefois à confusion. Celui-ci fait effectivement mention des arbres qui obstruent le passage de la ruelle, mais ce n’est pas l’élément justificatif de l’avis remis à Mme Gélinas

Arbre ou haie ?

En effet, le constat remis à la résidante ne fait pas explicitement mention de l’article 14 du règlement, mais est justifié par l’article 6 sur les clôtures qui cite qu’une haie ne doit pas dépasser 2 mètres de hauteur ou 0.9 mètres sur certaines zones du terrain.

Le règlement de l’arrondissement met en avant qu’une clôture est aussi une haie vive qui se définit comme : « une barrière composée d’arbustes alignés de façon continue », peut-on lire. 

De l’avis de Mme Gélinas toutefois, l’arrondissement a mal caractérisé son arbre.

« Le problème, c’est que ce n’est pas une haie, c’est du Thuya sauvage », souligne la résidante.

C’est aussi l’avis d’un expert d’une pépinière du secteur. L’apparence du Thuya, ce conifère typique du Canada, varie selon la coupe qu’on lui donne. Celui-ci peut être utilisé à la fois pour établir une haie, mais peut très bien être considéré comme un arbre.

« Si vous ne les taillez pas, il va reprendre sa forme naturelle, il va devenir un arbre », a souligné cet expert au journaldesvoisins.com.

La haie ou les arbres une fois émondée (és) sur le terrain de Mme Gélinas,, jouxtant la ruelle. (Photo: Lyse Gélinas)

Selon Mme Blais, la caractérisation de l’arbre n’est pas importante dans ce dossier puisque la visite n’a eu lieu que pour libérer la ruelle des branches du Thuya.

Une affirmation qui n’est pas soutenue par le constat d’infraction reçu par la résidante, toutefois.

Pas contraire à la politique de verdissement

Cette demande étonne Lyse Gélinas qui y voit une décision contraire à la politique de verdissement mise en place par l’arrondissement en 2015 et le souhait de la Ville d’implanter des ruelles vertes un peu partout sur le territoire.

La responsable des communications précise toutefois que l’élagage, par l’arrondissement, et les demandes d’élagage, à des citoyens, n’est pas contraire à la politique de l’arrondissement. Celle-ci peut même être bénéfique pour la flore locale.

« Nos experts en horticulture et arboriculture procèdent régulièrement à l’élagage des arbres sur le domaine public afin, justement, de s’assurer qu’ils n’empiètent pas sur le réseau électrique, par exemple, qu’ils ne constituent pas un danger pour la sécurité des biens et des gens et aussi pour en assurer la vigueur et leur bon état », souligne Mme Blais.

Par ailleurs, en faisant le tour des rues et des ruelles de l’arrondissement, journaldesvoisins.com a pu constater que nombre de résidants d’Ahuntsic-Cartierville sont en infraction, soit parce que leurs haies et arbres sont trop hauts, ou que la verdure de leur terrain déborde largement de leur jardin arrière vers les ruelles ou de leur jardin avant vers les trottoirs.



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