Connaissez-vous « Pax » Plante et Jean Drapeau? Le premier a mis en lumière la corruption dans l’administration municipale au tournant des années 50, tandis que le deuxième fit équipe avec lui et devint maire de Montréal. Comme eux, Frédéric Lapointe, président fondateur de la Ligue d’Action civique, a fait de la saine administration publique son combat. Récemment, il a annoncé qu’il serait candidat à l’investiture du Parti québécois dans la circonscription Crémazie, renommée Maurice-Richard, pour la prochaine élection de l’automne 2018.
C’est à Rouyn-Noranda que Frédéric Lapointe grandit. En 1992, à 18 ans, il met le cap sur Montréal. Il préside alors son association étudiante, la Fédération étudiante collégiale du Québec.
« Vingt ans avant Léo Bureau-Blouin! , dit-il, en riant. C’est donc la politique qui m’a amené à Montréal et, finalement, j’y suis toujours resté! »
Il poursuit ses études universitaires tout en cultivant son intérêt pour la politique.
Militant actif
Frédéric Lapointe a déjà été candidat pour le Parti Québécois (L’Acadie, 2007), et milite au sein du Parti depuis toutes ces années. Engagé dans la rédaction du programme, et toujours très attentif aux questions de finances publiques, il apprend un jour que Montréal n’est pas nécessairement gérée comme elle le devrait.
« Quand, sous le gouvernement libéral, les dépenses des infrastructures se sont mises à exploser, et qu’il en a été de même pour le déficit, que les journalistes ont exposé les manœuvres faites pour implanter des compteurs d’eau, on en a vite tiré des conclusions », dit-il.
Au courant
Les révélations de la Commission Charbonneau et, auparavant, celles de Jacques Duchesneau, c’était
presque un secret de polichinelle dans les milieux politiques le moindrement initiés, selon Frédéric Lapointe.
«Évidemment, c’est un tabou. C’est le genre de truc dont on ne parle pas, qu’on ne dénonce surtout pas », assène-t-il.
Il décidera de le faire en juin 2009. Il est alors président de l’Association du Parti Québécois du comté de Crémazie.
Au Conseil national du Parti, il présente une résolution réclamant la tenue d’une commission d’enquête sur le financement des partis politiques municipaux.
« Pour ne pas embarrasser notre propre parti », ajoute-t-il.
Même si cela est pratique courante au sein du Parti Québécois, la proposition est modifiée, voire édulcorée.
« C’était une épine dans leur pied! », lance-t-il.
À partir de là, il y a eu un vrai débat au sein du Parti et Pauline Marois décide de partir en croisade contre la corruption.
« Si j’ai pu jouer un rôle là-dedans, j’en suis bien content! », dit-il.
Premiers jalons
Parallèlement, Frédéric Lapointe commence à poser les premiers jalons de la Ligue d’action civique. À l’époque, il disait:
« Il était clair à ce moment-là que je ne finirais pas mon engagement politique au sein du Parti Québécois. J’ai brûlé l’essentiel de mes munitions à y défendre la démocratie et des positions de principe. Ça ne m’a pas attiré que des amis dans le Parti », souligne-t-il, réaliste.
Durant la campagne électorale de 2009, il choisit de travailler avec Louise Harel.
« Déjà, les partis politiques d’opposition à Montréal préparaient une croisade contre le camp de la corruption. »
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, et tout en s’occupant de la Ligue d’action civique, M. Lapointe a annoncé en décembre dernier devant une cinquantaine d’amis, collègues, partisans, politiciens, qu’il serait candidat à l’investiture du PQ dans la circonscription Crémazie (Maurice-Richard) au cours des prochains mois, en vue des élections provinciales de 2018.
Un pont entre les partis
La Ligue d’action civique qu’il a cofondée en 2011 veut faire un pont entre les partis politiques. À lui, à l’époque, se sont joints Martin Drapeau (PLQ), Craig Sauvé (l’un des principaux organisateurs du NPD, actuellement conseiller municipal dans le Sud-Ouest et conseiller associé du Comité exécutif de Montréal), Marie Depelteau-Paquette (actuellement directrice générale de Projet Montréal, auparavant commissaire scolaire de Rosemont-Sud à la CSDM), et Philippe-André Tessier (avocat et président de la SOQUIJ).
« À Montréal, Gérald Tremblay, élu aux élections de 2009, avait commencé à faire le ménage!, dit Frédéric Lapointe. Nous, on s’est dit, bon, le travail se fait à Montréal, mais on avait l’œil sur la politique municipale de Laval, la Rive-Nord, la Rive-Sud, Trois-Rivières, bref un peu partout au Québec… On a réfléchi à ce qu’on pourrait faire pour changer les choses », insiste-t-il.
Les fondateurs ont ainsi organisé des colloques, pour former leurs membres, et un gala où sont reconnues les bonnes pratiques en politique. Ils ont aussi attiré l’attention des médias et des milieux politiques à travers leurs réseaux. Ainsi est née la Ligue d’action civique qui a repris l’ancien nom du regroupement qui existait à l’époque, et c’était voulu.
De la politique… aux lilas
Frédéric Lapointe est conseiller pédagogique à l’Université de Montréal tout en présidant aux destinées de la Ligue. En 2006, il se porte acquéreur d’un duplex dans le quartier, sur la rue Durham.
« Ahuntsic est le coin de Montréal que j’ai le plus fréquenté », dit-il.
L’environnement lui plaît : les arbres, les couchers de soleil sur la rivière, la senteur des lilas au mois de mai.
Deux de ses trois garçons, Julien, 10 ans, et Émile, 13 ans, ont fréquenté ou fréquentent encore l’école Fernand-Seguin. Avec sa conjointe et son fils, Jacob, il vit en famille reconstituée, dit-il. Et il ajoute, le sourire en coin :
« Ma première blonde était d’Ahuntsic… Elle habitait sur la rue Durham! ».
Cet article a été publié une première fois dans notre magazine papier de février 2014 et mis à jour en décembre 2017.
(Christiane Dupont
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