Structures du site des Moulins
Structures du site des Moulins. Photo: Courtoisie / Jacques Lebleu

À quelques jours des élections municipales, la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC) interpelle les candidats. Le site des Moulins du Sault-au-Récollet, témoin de trois siècles d’histoire montréalaise, se dégrade quasiment dans l’indifférence générale.

Dans une lettre ouverte, l’organisme appelle les candidats à se prononcer sur l’avenir de ce lieu emblématique, situé sur l’île de la Visitation. Les lieux ont besoin d’entretien et il faut agir vite.

«Cela m’interpelle comme citoyenne, mais également comme professionnelle», dit Claudine Déom cosignataire de la lettre de la SHAC au Journal des voisins (JDV).

Résidente de longue date d’Ahuntsic-Cartierville, professeure et chercheuse en matière de conservation du patrimoine à l’Université de Montréal, elle est également bénévole à Héritage Montréal. Elle veut rappeler aux candidats aux élections municipales que le patrimoine ne peut plus être relégué au second plan.

«On soulève souvent le cas de bâtiments vacants, surtout en cette période, où il y a un besoin urgent en logements. Puis, on a un site historique qui n’est pas dans les discours électoraux, parce que cela ne cadre pas avec les sujets chauds de l’heure», souligne Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques chez Héritage Montréal.

Pourtant, l’importance du site des Moulins n’est plus à démontrer. Il a connu une restauration majeure en 1998. Il est protégé par la Ville, comme l’ancien village du Sault-au-Récollet, depuis 1992.

En 2015, le défunt organisme Cité Historia qui agissait comme société d’histoire à Ahuntsic tirait la sonnette d’alarme et pressait les autorités d’agir.

Or, le lieu souffre toujours d’un manque cruel d’entretien.

Un patrimoine qui s’effrite

«Malgré sa haute valeur patrimoniale, il le site des Moulins sombre tranquillement dans un état qui lui fera atteindre un point de non-retour, et à ce moment-là on se désolera de la situation», avertit Mme Déom.

Elle compare le site à une maison qu’on inspecte régulièrement pour éviter les mauvaises surprises.

«Est-ce qu’on a fait des évaluations de la structure?», s’interroge la spécialiste.

Aménagé par les sulpiciens en profitant des rapides de la rivière des Prairies, le lieu a longtemps été un moteur économique de Montréal. Mais aujourd’hui, il est surtout le reflet d’un patrimoine négligé.

«Le site des Moulins est unique. Il y a d’autres sites industriels sur le pourtour de Montréal parce qu’il y a de l’eau. Mais le site des Moulins est là parce qu’il y a une géographie qui lui permet d’exister», insiste-t-elle.

Faire bouger les choses

«Je suis allée moi-même sur le site il y a trois ans, et il n’était effectivement pas dans un super état», se souvient Taïka Baillargeon. Depuis, rien n’a changé. Elle espère que la sortie publique de la SHAC servira au moins à attirer l’attention.

«Il y a toujours plus d’impacts quand nous sommes nombreux à parler. C’est vraiment un bon moment pour la société d’histoire d’intervenir et de dire qu’on met ensemble des acteurs qui ont une parole pour défendre ce lieu-là», ajoute-t-elle.

Elle souligne que le temps presse et que des décisions doivent être prises.

«L’entretien, ce n’est pas un sujet super enthousiasmant. Ce n’est pas comme sauver un bâtiment de la démolition», regrette Mme Baillargeon.

Un lieu porteur de mémoire

Derrière les structures fragilisées du site des Moulins se cache une part essentielle de l’histoire montréalaise. Ce site est situé dans ce que certains aiment appeler le vieux Montréal du nord. C’est autant un repère identitaire qu’un héritage technique.

«On travaille beaucoup sur le centre-ville, mais dans les villes, les quartiers, les autres quartiers historiques, il y a une forme d’injustice spatiale», conclut Mme Baillargeon.

Le sort du site des Moulins pourrait bien servir de test sur l’engagement des candidats envers le patrimoine historique de Montréal.



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