Alors que la question de la vente éventuelle de la maison Berthe-Louard au 1322 Chabanel Est s’annonce au cœur de l’Assemblée spéciale des paroissiens de Saint-Isaac-Jogues du 5 novembre prochain, la Société d’histoire du Domaine Saint-Sulpice (SHDSS) – l’une des usagères de cet édifice – s’inquiète des conséquences hypothétiques de cette transaction tant sur la poursuite des activités communautaires qu’accueille la Maison que sur sa préservation patrimoniale.
«La SHDSS a toujours apprécié le fait que la Fabrique (ndlr: la Fabrique Saint-Isaac-Jogues qui en est propriétaire), lui permette d’occuper un local dans cette maison historique inspirante pour la Société. Elle déplore toutefois que malgré le fait qu’elle en soit un des usagers, elle n’ait en aucun cas été invitée à une rencontre qui aurait pu conduire à identifier des solutions. Elle déplore également n’avoir pas été invitée formellement à ce titre aux assemblées de mai et de novembre», a fait valoir par courriel au journaldesvoisins.com, Diane Archambault-Malouin, présidente-fondatrice de la SHDSS.
Selon Robert Sabourin, membre du c.a de la SHDSS, la question de la vente éventuelle de la maison avait déjà été abordée lors de la précédente assemblée des paroissiens de Saint-Isaac-Jogues, en mai dernier.
«Un vote avait alors été pris. La question posée était de savoir si on permettait à la Fabrique de vendre la Maison Berthe-Louard. Il y avait dans les discussions qu’il y a eues autour de cette résolution-là la demande d’obtenir un avis juridique. Et c’est ce qui a été fait depuis. Là, la Fabrique peut vendre la maison. Il n’y aurait pas d’entrave juridique à ça », a indiqué en entrevue au journaldesvoisins.com, M. Sabourin, après avoir pris connaissance dudit avis.
Des missions à préserver
Si la décision de vendre se confirme, la SHDSS dit espérer que celle-ci se fasse en faveur d’un organisme qui respecterait la mission et le caractère communautaire de la Maison, à l’instar de «la Fondation pour l’Entraide communautaire qui soutient déjà plusieurs groupes et répond à de nombreux besoins de la communauté», a indiqué par courriel Mme Archambault-Malouin.
Selon la présidente-fondatrice de la SHDSS, «une alternative serait que la Ville (l’Arrondissement Ahuntsic-Cartierville) s’en porte acquéreure et en assume le mandat communautaire ou le confie à tel organisme».
En plus d’insister sur l’importance de la mission communautaire remplie par la Maison – qui accueille notamment les Scouts, l’Aide aux devoirs, le local de la SHDSS où sont réunies les archives déposées par les citoyens du Domaine – la Société d’histoire estime, par ailleurs, que «cette maison doit demeurer dans le paysage du Domaine comme un élément de patrimoine que ce soit par un panneau de signalisation qui pourrait d’ailleurs s’inscrire dans les projets de mise en valeur du patrimoine actuellement en voie de réalisation par l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville; par une distinction officielle comme une citation ou encore un classement comme bien patrimonial» a fait valoir Mme Archambault-Malouin.
Berthe Louard, une pionnière du mouvement coopératif
Cette Maison a été la résidence de Berthe Louard de 1963 jusqu’à son décès en 1968.Originaire de Belgique, Mme Chaurès-Louard (1889-1968) s’établit au Québec en 1920 et fonde la première coopérative alimentaire La Familiale avec la collaboration de Victor Barbeau, l’instigateur de l’Académie canadienne-française, devenue aujourd’hui l’Académie des lettres du Québec.
Dès lors, elle œuvrera dans le développement des coopératives d’habitation, d’alimentation et le développement de camps de vacances et de loisirs organisés pour les enfants de milieux défavorisés, et mettra notamment sur pied le Fonds de prévoyance pour venir en aide aux familles démunies.
Mme Louard est également reconnue pour avoir été une féministe active.
Berthe Louard a reçu plusieurs distinctions dont en 1949, l’Ordre du mérite coopératif; et un doctorat honoris causa en sciences sociales de l’Université de Montréal en 1947. La Ville de Montréal l’a également proclamée «Bâtisseuse de la Cité» en 2014. On lui doit également l’existence du domaine Saint-Sulpice comme nous le connaissons aujourd’hui.
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