
Solidarité Ahuntsic et les organismes locataires de l’immeuble situé rue Laverdure ont vécu des moments d’angoisse lorsqu’on leur a demandé, en juin 2024, de quitter les lieux.
Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) souhaitait récupérer les locaux pour répondre à la demande croissante de programmes de francisation pour les immigrants, et ce, avant l’été 2025.
Cette reprise de possession signifiait pour les organismes une augmentation de loyer de 224 %*, une dette d’arriérés de loyers de 600 000 $, un bris de services fortement possible ainsi que le devoir de trouver d’autres locaux rapidement.
Reconnus comme étant le tissu social du quartier, les organismes membres sont tout de suite entrés en action afin de trouver une solution. Les citoyens, les bénévoles, les élus et les policiers sont unanimes : il faut que tous ces services soient logés à la même adresse pour assurer une continuité et faire en sorte que les bénéficiaires des services puissent tout trouver au même endroit.
C’est là que le mouvement de solidarité et la participation citoyenne prennent tout leur sens.
Les faits
Pour donner suite à l’avis d’éviction reçu, les membres de la table de concertation ont pris en main la situation et ont demandé des rencontres pour discuter de la situation et voir ce qui pouvait être fait. Un comité de mobilisation s’est alors mis en place avec les représentants de Solidarité Ahuntsic, du Comité logement d’Ahuntsic-Cartierville (CLAC), de Pause famille, du Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC) du quartier Ahuntsic, d’Entraide Ahuntsic-Nord et un citoyen, membre du conseil d’administration de Solidarité.
Quatre réunions ont eu lieu pendant lesquelles ont été discutés les différents moyens à mettre en œuvre pour livrer bataille. Ces moyens allaient de la création et de la distribution de pancartes et de dépliants à l’organisation d’un contingent pour se rendre au Palais de Justice.
Le 8 mai, 50 personnes sont venues assister à l’audience et ont rempli la salle en soutien aux organismes. Les citoyens sont restés jusqu’au bout et ont même manqué le retour en bus.
« Les actions sont issues d’un mouvement citoyen qui n’était pas vraiment organisé, mais très efficace. Chacune des publications sur nos réseaux sociaux était repartagée des dizaines de fois, la participation aux rencontres était grande, la fabrication de pancartes et de dépliants attirait chaque fois un bon nombre de citoyens croyant en la vocation des organismes. Cette cause est chère au cœur des citoyens ; c’est ce qui a fait la différence. Il est écrit dans le jugement (voir l’encadré) que le Centre communautaire est le centre de la vie sociale et le point d’ancrage de la communauté ahuntsicoise, », souligne Carole Guenat, responsable des communications à Solidarité Ahuntsic.
Elle ajoute que le moyen le plus efficace a certainement été le « bouche-à-oreille » d’un noyau dur de citoyens que les organismes connaissent très bien.
Le jugement

Le rôle des élus
Les élus du quartier ont été contactés en vue d’obtenir leur appui, et ils ont répondu à l’appel. La députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville, l’honorable Mélanie Joly, le député de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, le député d’Acadie, André A. Morin, et la mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, Emilie Thuillier, ont envoyé une lettre conjointe aux quatre ministres concernés par cet enjeu pour demander un délai supplémentaire afin que les organismes du centre communautaire puissent demeurer dans les locaux de la rue Laverdure jusqu’à ce que de nouveaux locaux soient prêts à les accueillir.
Ils ont, chacun à leur manière, essayé d’aider la cause. Mélanie Joly a débloqué un budget de 15 M$ pour financer le nouvel emplacement. La mairesse d’arrondissement indique pour sa part que le zonage du 9515 Saint-Hubert a été changé pour permettre à l’écoquartier Louvain d’accueillir les organismes.
« Au niveau provincial, on a fait tout ce qu’on pouvait pour faire changer les choses, avec les outils dont nous disposions », affirme Haroun Bouazzi. Une pétition a été déposée à l’Assemblée nationale, ce qui entraîne automatiquement une séance de travail avec les députés. Il ajoute que lui et ses collègues ont rencontré la Commission scolaire English Montreal pour essayer de trouver des locaux que le CSSDM pourrait utiliser. Ils ont aussi remis en main propre le dossier de Solidarité aux quatre ministres concernés, posé des questions en chambre, et pris part aux réunions.
« Pour moi, ça fait partie du rôle d’un député que de défendre la cause et les droits des organismes et de donner une voix à ceux qui n’ont pas accès à l’institution qu’est l’Assemblée nationale; c’est le genre de combats qui font partie de ma tâche. Je suis bien heureux d’avoir pu aider la société civile à progresser dans ce dossier », ajoute le député.
Rien n’est encore gagné, mais les troupes sont toujours aussi déterminées à continuer de se battre pour avoir gain de cause.
* Le sujet a fait l’objet de plusieurs articles du JDV.
Cet article a été publié dans la version papier du JDV du mois d’octobre 2025.
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