Louise et Nicole Voisard sont deux sœurs nées à Ahuntsic et autrices de Sous la plume des moineaux, leur premier ouvrage écrit à quatre mains. Le recueil conte l’histoire de leurs ancêtres, illustrée par 400 photographies, et leurs liens avec le quartier. La Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville organise un événement ce jeudi après-midi, en compagnie des autrices.
Les moineaux. Voilà le surnom affectueux donné par Léopold Voisard à ses quatre enfants: René, Louise, Gisèle et Nicole. La famille Voisard fait partie de celles dont l’histoire s’entremêle avec le quartier d’Ahuntsic, un secteur qu’elle a habité de 1915 à 1992.
Sur plusieurs générations, l’histoire des Voisard s’écrit en effet dans des lieux phares du quartier. Les déjeuners avec les tantes à L’Estaminet sur la rue Fleury Est, les confessions inventées par les enfants au curé de la paroisse du quartier… ou encore ce petit snack-bar, où les garçons et les filles se retrouvaient après l’école malgré les réprimandes des religieuses.
Tant de souvenirs enfin consignés dans un livre, après dix années de travail de recherche et d’écriture, mené par Louise et Nicole Voisard. Les deux sœurs signent ainsi leur premier ouvrage, Sous la plume des moineaux, document-héritage dédié aux générations futures.
La Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC) organise justement un événement ce jeudi 15 février à 14 h en compagnie des autrices. Ces dernières présenteront leurs techniques de recherche et divers artefacts de l’époque.
Entrée: 10 $ pour les non-membres, gratuit pour les membres de la SHAC.
Une histoire de famille
La famille Voisard tire ses origines de la ville de Fontenais, en Suisse. Près de trois siècles après le départ de leur ancêtre Henri-Joseph Voisard pour le Nouveau-Monde, la famille s’y retrouve au complet en 2005. La population du village de Fontenais, estimée à 1500 habitants, explose alors par l’arrivée des quelque 500 membres de la lignée à la Rencontre internationale des Voisard.
Nicole et Louise y participent et rencontrent leurs proches, venus du Canada, des États-Unis ou de la Suisse. Mues par un intérêt profond pour la généalogie, transmis par leur père Léopold Voisard, les deux sœurs en gardent un fort souvenir.
Deux ans plus tard, elles suivent un atelier d’écriture intitulé «J’écris ma vie» à Val-David. Elles racontent d’abord avoir trouvé leur vie plus que banale, en comparaison avec celles d’autres participants. Puis, finalement, avec le regard des autres, elles y décèlent une certaine valeur. Souhaitant refléter leur génération, elles se prennent alors au jeu de la recherche et décident de rendre hommage à leurs ancêtres.
Outre cet atelier d’écriture mené en 2007, un véritable travail documentaire débute donc pour elles. «On ne voulait pas juste laisser un arbre généalogique avec des dates à nos descendants. On voulait raconter la vie de nos ancêtres et ce qui leur était arrivé», explique Nicole Voisard qui a cosigné ce livre avec sa sœur.
Documenter et se remémorer
Les deux sœurs ont alimenté leur ouvrage grâce à de nombreux documents d’époque, qui ont pu témoigner de l’histoire de la famille Voisard, de génération en génération. D’abord, le calepin à spirales de leur père, qui s’est intéressé à la généalogie dès 1956. Puis, de nombreuses lettres, actes notariés et contrats de mariage, retrouvés chez leurs ancêtres.
Leur grand-mère maternelle, Marie-Ange Levert, avait aussi conservé ses cahiers d’école ou encore des télégrammes reçus durant la Seconde Guerre mondiale. Ces derniers relataient les diverses blessures de ses fils, partis au front en Europe. «Nous avons vécu plus de 20 ans avec notre grand-mère, mais elle ne nous avait jamais raconté tout ça! Pourtant, on aurait été bien intéressées par ses histoires», sourit Nicole Voisard.
Les sœurs Voisard évoquent aussi des événements terribles, mis sous silence à l’époque. Marie-Ange Levert perd notamment son mari alors qu’elle a 38 ans et 5 enfants. À l’époque, sans aide sociale, elle est forcée de les mettre à l’orphelinat pour partir travailler dans une famille.
«Comment ça se fait que nos parents ne nous ont jamais raconté ça? Ils ont pourtant dû vivre un tel choc. Mille questions ont dû leur venir à l’esprit! Avec notre travail, nos enfants à nous ne s’en poseront plus», ajoute Louise Voisard.
Sous la plume des moineaux est donc un héritage pour les générations futures. Intentionnellement écrit pour la famille Voisard, il a aussi été alimenté par des ressources telles que Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) ou le site internet de généalogie Ancestry.
Leur source la plus curieuse reste le journal intime d’une de leurs tantes, écrit pendant la crise économique de 1929. Reflet d’une autre époque, il a pu les renseigner sur de nombreuses dates de décès dans la famille. Il a aussi témoigné de leur réalité quotidienne, outre les entrées du journal spécifiquement dédiées aux prétendants de leur tante.
Une histoire sans fin
L’ouvrage comporte un véritable intérêt pour la communauté d’Ahuntsic puisqu’il relate son histoire. Les familles du quartier, à l’époque comme aujourd’hui, y sont en effet très soudées. Louise Voisard épousa par exemple Jacques Leblanc, issu d’une grande famille ahuntsicoise lui aussi.
Puis, des souvenirs consignés dans l’ouvrage dépeignent une époque différente, partagée par les ancêtres de tous les voisins du quartier. Le livre relate par exemple des scènes de quartier, comme dans les années 1950, quand Louise et Nicole revêtaient leurs skis avant de se faire tirer par la voiture familiale sur la rue Fleury.
Les friands d’histoire seront d’ailleurs ravis de participer à l’événement de la SHAC puisque deux oncles de la famille Voisard ont combattu sur le front durant la Seconde Guerre mondiale. L’un, Allemand, du côté des Puissances de l’Axe. L’autre, du côté des Alliés.
De nombreuses lettres de l’époque ont été conservées et seront présentées avec d’autres artefacts lors de la rencontre avec les autrices prévue aujourd’hui.
En outre, Sous la plume des moineaux est une histoire sans fin. Les dernières pages du livre sont restées blanches, afin de permettre aux membres de la famille d’y ajouter leurs propres souvenirs de leurs ancêtres.
Désormais retraitée, Nicole Voisard s’attaque à un autre projet: consigner la descendance. En 2024, de moins en moins de couples se marient, mais ont tout de même des enfants. Elle considère donc important de conserver tous ces liens familiaux. Nicole et Louise espèrent qu’à terme, l’un des descendants continue leur travail pour les nombreuses années à venir.
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