Récemment, le quotidien Le Devoir annonçait en primeur que le cégep Bois-de-Boulogne avait décidé de suspendre le programme Arts, lettres et communication l’an prochain. S’il n’est pas rare pour un cégep d’annuler des cours en raison du peu d’inscriptions, il est en revanche exceptionnel de suspendre purement et simplement un programme. D’autant que la direction a œuvré en toute discrétion, n’informant les professeurs qu’une fois la décision rendue.

Plusieurs questions sont venues aux lèvres des enseignants à l’annonce de la suspension du programme Arts, lettres et communication. Pourquoi ne pas en avoir préalablement discuté avec les principaux intéressés, à savoir les enseignants qui risquent maintenant de perdre certaines heures de cours ou tout simplement de se retrouver sans emploi?

Journaldesvoisins.com a obtenu des informations d’un employé du collège qui a requis l’anonymat. Faisant référence à la décision qui a été prise, il ne cache pas son désarroi et sa déception. « C’est un peu rapide. Habituellement on consulte les professeurs et on travaille en équipe. Là, ça n’a pas été fait », déplore-t-il.

Le syndicat entre deux chaises

Pour l’heure, le syndicat des professeurs du collège obtient très peu de renseignements de la direction. L’information filtre au compte-goutte et ce n’est qu’en début de semaine que le syndicat sera mis au parfum.

Plusieurs rencontres sont déjà prévues entre le syndicat et la direction. Elles serviront, notamment, à faire la lumière sur un ensemble de questions laissées sans réponse. Le syndicat souhaite aussi avoir un portrait de la situation globale sur l’île de Montréal afin de mieux comprendre pourquoi une telle décision a été prise.

« Si on peut avoir un portrait de tout le réseau du programme sur l’île de Montréal, ce serait très apprécié. On est pour l’instant à la recherche d’informations. On va avoir des rencontres avec la direction dans les prochains jours et les prochaines semaines », affirme Annie Martel, présidente du syndicat des enseignants du cégep de Bois-de-Boulogne. « On veut savoir pour quelles raisons le programme a été fermé, car pour nous ce n’est pas encore clair », ajoute-t-elle.

À la suite d’une demande faite auprès du Service régional d’admission du Montréal métropolitain (SRAM), journaldesvoisins.com a obtenu des données pour les 32 collèges membres de l’organisme qui regroupe plusieurs cégeps de la grande région de Montréal.

Il s’agit du nombre des demandes d’admission soumises au SRAM au total pour les trois tours d’admission de chaque session d’automne.

Pour la session d’automne 2014, on comptait 5437 demandes d’inscription au programme Arts, lettres et communication. À l’automne 2015, les inscriptions ont diminué à 5248 pour se chiffrer à 5151 à l’automne 2016.

On constate donc une légère diminution du nombre d’inscriptions dans ce programme d’études dans les cégeps membres du SRAM, à la lumière des données obtenues.

Un futur incertain

Si l’on sait que le programme ne reprendra pas pour l’année en cours, on ignore cependant quelle sera la suite des choses. Cette incertitude n’aide en rien pour calmer les nombreux enseignants qui ne savent toujours pas s’ils pourront garder leurs emplois dans les prochains mois et les prochaines années.

« Il y a des gens qui étaient (à statut) précaires qui vont perdre leur emploi sans oublier que le programme Arts, lettres et communication est un programme important qui fait partie de la vie collégiale de notre cégep », affirme Mme Martel.

Cours de français obligatoires maintenus

Renseignements pris, les enseignants qui vont perdre leur charge de travail ne sont pas des profs qui, par ailleurs, donnent des cours de français en formation générale. Il faut savoir qu’au cégep, tous les étudiants, de quelque programme que ce soit, doivent suivre quatre cours de français durant leurs études collégiales, que ce soit en techniques ou en formation pré-universitaire.

Du point de vue de l’organisation, les enseignants de français qui donnent des cours en formation générale ne donnent pas de cours en formation spécifique, c’est-à-dire dans un programme comme celui d’Arts, lettres et communication.

Autrement dit, la formation générale dont font partie les cours de français est différente des cours issus de la formation spécifique.

Par contre, la suspension du programme Arts, lettres, et Communications fait qu’au final, il y aura moins d’étudiants dans les cours de français en formation générale.

Journaldesvoisins.com reste à l’affût des développements à venir dans ce dossier.



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