
Détresse psychologique, angoisses de plus en plus tôt, difficultés de cheminement scolaire, problèmes de santé mentale ou d’adaptation professionnelle. Ce sont, entre autres, les motifs pour lesquels des dizaines de jeunes de 16 à 35 ans franchissent, chaque année, la porte d’entrée du Carrefour jeunesse-emploi A-B-C (CJE Ahuntsic, Bordeaux, Cartierville) pour demander conseil et accompagnement.
Un jeune atteint du syndrome du spectre d’autisme qui veut percer dans le domaine des nouvelles technologies, un nouvel arrivant qui demande conseil quant aux programmes de formation et occasions d’intégrer les secteurs d’activités pour lesquels il a des aptitudes à développer, une autre qui a un handicap physique et qui cherche à s’outiller pour devenir entrepreneure, ou encore des diplômés universitaires qui ont du mal à entamer leurs carrières dans leurs domaines de formation. Ce sont des exemples de profils de personnes qui font appel aux services des conseillères et intervenantes du centre, lequel, depuis plus de 28 ans, se réinvente pour s’adapter aux besoins de plus en plus complexes de sa clientèle, ceci en situation de baisse du financement accordé par Services Québec.
« On travaille avec la personne en fonction de ses difficultés, des obstacles et des défis avec lesquels elle doit composer pour sa bonne intégration au marché du travail », dit Fabienne Rey, conseillère en développement de l’employabilité.
Elle souligne la philosophie des interventions du CJE, qui consiste à prendre en considération la personne dans sa globalité. « Chaque parcours est unique, indique-t-elle. On a toutes sortes de réalités psychosociales. Des jeunes qui décrochent de l’école, d’autres qui sont en voie de décrochage ou, au contraire, qui veulent se réorganiser pour réussir un bon retour aux études. On a aussi des participants qui ont terminé leurs programmes et qui sont à la recherche d’emplois dans leurs domaines d’études. »
Les nouveaux arrivants constituent une bonne partie de la clientèle de cet organisme. Leur particularité réside dans le fait qu’ils ont étudié dans un autre système scolaire, ce qui ajoute une surcharge de démarches à entreprendre pour rejoindre le marché du travail québécois. Pour décrocher leur première « expérience québécoise », il leur est souvent nécessaire de suivre une nouvelle formation professionnelle ici.
Enjeux spéciaux et profils atypiques
Depuis trois ans, une subvention accordée par la Ville de Montréal permet au CJE de l’arrondissement de développer l’offre de ses services pour intégrer le conseil en entrepreneuriat.
« On s’adresse tout particulièrement à des personnes qui ont des vulnérabilités. Il s’agit de profils très divers qui ne sont pas des profils classiques. Par exemple, des personnes qui ont des enjeux de santé mentale, qui n’arrivent pas à surmonter des dépressions ou des expériences d’échec douloureuses », explique Nadine Pirotte, conseillère en information scolaire et en entrepreneuriat.
Elle constate le manque de connaissance chez un grand nombre de ses clients quant aux nombreuses opportunités de formations qualifiantes pour les niveaux secondaire et collégial, vers lesquelles elle les oriente.
Nadine s’attarde sur les exemples de personnes qui ont besoin de réajuster leurs cheminements scolaires. « Il s’agit, notamment, des cas de cégépiens qui, initialement, avaient prévu d’aller à l’université, mais qui s’aperçoivent que la formation est plus difficile qu’ils ne le pensaient au départ. Ils ont alors besoin de se réorienter vers des formations courtes pour aller directement sur le marché du travail. »
Abordant les nouvelles réalités psychosociales, cette sociologue de formation relève le fait que les jeunes du secondaire sont de plus en plus angoissés quant à leur orientation au cégep. « On reçoit aussi des jeunes qui vivent très mal leur vie scolaire et qui ont hâte, par exemple, de quitter le secondaire pour le milieu collégial, qui est beaucoup plus anonyme et où ils risquent moins d’être ostracisés. Dans ce milieu plus diversifié, ils espèrent trouver un groupe d’étudiants auquel ils s’associeront pour mieux s’épanouir. »
Pour Fabienne et Nadine, les belles expériences avec les participants du CJE attestent de la profondeur humaine de leur métier. Parmi les exemples les plus éloquents, elles racontent le parcours de ce jeune atteint du syndrome du spectre de l’autisme qui craignait de ne pas trouver un emploi dans le domaine qui le passionne : les nouvelles technologies. Mais, après avoir bénéficié de l’assistance du centre pour bien construire son CV, préparer ses candidatures et entrevues, et surtout pour surmonter ses difficultés en communication, il a fini par trouver un emploi dans son domaine de prédilection. Sa persévérance a fini par payer.
Ou encore, le cas de ce jeune qui a bien intégré le marché de l’emploi, mais qui vit le fait de ne pas avoir terminé son secondaire comme un échec. Il prend alors contact avec le CJE. Sa motivation? « Moi, je veux finir mon secondaire pour montrer à ma fille que je l’ai fait! »
Cet article a été publié dans la version papier du JDV hiver 2025.
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