À la veille des travaux dans les fermes agricoles du Québec, la population locale d’Ahuntsic-Cartierville a répondu chaudement à l’appel des recruteurs de main d’œuvre. Un répit temporaire pour les producteurs agricoles dont les craintes ne s’amenuisent pas avec la pandémie.
À Agrijob, un recruteur de main-d’œuvre agricole de Montréal, le constat est clair : la population locale est beaucoup plus sensible envers les producteurs locaux cette année.
« On ne peut pas comparer la saison 2019 à 2020, il y a une grosse différence, pense Sheyla Mosquera, coordonnatrice pour Agrijob. Le soutien de la population se voit dans nos nouvelles inscriptions. »
Agrijobs a reçu environ 600 travailleurs d’avril à octobre la saison précédente. D’après Mme Mosquera, ce nombre pourrait dépasser la barre des 900 inscriptions cette saison.
« Jusqu’à présent, on est rendus à 300 anciens travailleurs et 70 nouvelles personnes pour la région de Montréal, en quelques jours », souligne Mme Mosquera.
Agrijob recrute la majorité de ses travailleurs locaux à Saint-Laurent, Saint-Michel et Montréal-Nord, et à Ahuntsic-Cartierville. En outre, plusieurs d’entre eux transitent par Ahuntsic pour se rendre au travail, très tôt le matin. Journaldesvoisins.com avait déjà fait un reportage à ce sujet, l’automne dernier.
Un intérêt pour le local «encourageant»
D’après Mme Mosquera. cet intérêt marqué de la population pour le travail au champ découle du contexte d’incertitudes créé par la COVID-19.
« Avec la COVID-19, on a des gens qui nous appellent et qui ont l’aide d’urgence ou ont perdu leurs emplois, avance Mme Mosquera. Les gens reviennent à la source, ils veulent soutenir les producteurs et manger local ».
Une bonne nouvelle pour les agriculteurs comme Éric Van Winder, propriétaire des fermes Delfland, une production maraîchère de 400 hectares et de 180 employés basée à Napierville. Sur les 60 travailleurs québécois travaillant à la ferme, la moitié viennent de Montréal,
Ça me rassure que les gens se rapprochent des fermes, je trouve que c’est flatteur, affirme-t-il. Dans les dernières années, les producteurs agricoles n’ont pas toujours eu la meilleure publicité.
M. Van Winden craint ne pas avoir 100% de sa main-d’œuvre cette saison en raison de la pandémie; l’obtention de travailleurs de l’étranger étant devenue plus difficile.
« Je vais avoir besoin de travailleurs locaux pour pallier, j’espère avoir assez de travailleurs étrangers, mais pour le moment c’est incertain», ajoute-t-il.
Une aide suffisante ?
D’après le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), les producteurs agricoles ne peuvent pas se fier totalement à ce regain de popularité pour régler les problèmes de main-d’œuvre.
«L’activité économique va reprendre en juin/juillet et tous les chômeurs qui sont présentement dans le champ vont devoir retourner à leurs activités habituelles», explique Jocelyn Saint-Denis, directeur général.
Pour éviter un manque de main-d’œuvre, des vols en provenance du Mexique et du Guatemala arriveront avec une flotte de 1 560 travailleurs étrangers.
«Si on n’avait pas eu la condition de la COVID-19, [plutôt que 1560] on aurait eu 3000 travailleurs», indique M. Saint-Denis.
D’après M. Saint-Denis, près de 16 000 travailleurs étrangers viennent aider les producteurs agricoles annuellement avec l’aide de programmes fédéraux.
M. Van Vinden a accueilli 20 travailleurs étrangers samedi dernier. Bien qu’il ait mis en place des mesures sanitaires et de distanciation sociale sur sa ferme, Éric Van Winden s’inquiète des effets de la pandémie sur sa production.
«En plus de la météo et de l’incertitude des marchés à gérer, si jamais le virus entre sur la ferme, on fait quoi , se demande-t-il. Être en quarantaine deux semaines, c’est comme abandonner l’entreprise.»
Pour sa part, Mme Mosquera assure que l’industrie agricole soutiendra ses membres fermement durant toute la prochaine saison qui débutera le 20 avril.
«L’UPA et les services d’Agrijobs sont prêts à recevoir la population qui veut travailler dans les champs. On travaille étroitement avec les Centres d’emplois agricoles de chaque région», martèle Mme Mosquera.
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